La porte principale de l’avion s’ouvre et le président américain Richard Nixon en sort.

Ce voyage a choqué le monde entier. Il n’y avait pas eu de communication officielle ni de liens diplomatiques entre les États-Unis et la Chine depuis 25 ans. Le voyage de Nixon a non seulement normalisé les relations entre les deux pays, mais il a également donné le coup d’envoi de décennies de croissance économique mondiale.

À l’époque, les États-Unis étaient l’économie la plus riche et la plus puissante du monde. Mais cette prospérité avait pour conséquence que les États-Unis étaient également un lieu de production très coûteux.

Les entreprises américaines étaient à la recherche de centres de production étrangers bon marché où elles pourraient fabriquer leurs produits à moindre coût et les revendre sur le marché américain.

La Chine est devenue ce centre de production bon marché.

Finalement, la Chine a produit à peu près tout, des T-shirts aux antibiotiques. Et comme le coût de production était si bas en Chine, les consommateurs du monde entier en ont profité.

Associée à un pétrole bon marché, à une chaîne d’approvisionnement mondiale qui fonctionne, ainsi qu’à une paix et une stabilité relatives, la production chinoise bon marché a contribué à maintenir les prix à un bas niveau et à limiter l’inflation pendant des décennies.

Mais ces tendances touchent rapidement à leur fin.

Pour commencer, la Chine est aujourd’hui une superpuissance économique ; nombre de ses plus grandes villes ont en effet un PIB par habitant supérieur à celui des États-Unis et de l’Europe occidentale.

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Les salaires ont augmenté de façon spectaculaire en Chine au fil des ans en raison de cette augmentation de la prospérité, ce qui signifie qu’il n’est plus bon marché de fabriquer la plupart des produits bas de gamme dans ce pays.

Une grande partie de la production s’est déjà déplacée vers des pays moins chers comme le Vietnam, le Bangladesh, etc. Mais même ces pays deviennent rapidement des endroits plus chers pour produire. Et ils n’ont pas assez de capacité pour répondre à la demande mondiale de fabrication.

Certaines grandes entreprises commencent à rapatrier leur production chez elles. Cela devient de plus en plus populaire maintenant que la stabilité mondiale s’affaiblit.

De plus, les entreprises ont appris pendant les confinements de COVID-19, et le dysfonctionnement de la chaîne d’approvisionnement mondiale qui en a résulté, que la fabrication à domicile est plus fiable.

C’est peut-être vrai. Mais la fabrication dans un pays « riche » est également beaucoup plus coûteuse.

Ainsi, qu’une entreprise choisisse de fabriquer dans son pays ou à l’étranger, il est presque certain que ses coûts de production seront plus élevés. Et cela signifie que les consommateurs paieront plus cher.

Cette tendance est un renversement de tendance massif après des décennies de production étrangère bon marché qui maintenait les prix bas. Mais elle ne fait qu’effleurer les raisons pour lesquelles l’inflation devrait persister pendant des années encore.

Les changements historiques sur le marché du travail seront également un facteur important de l’inflation.

Par exemple, il n’y a jamais eu autant de retraités dans l’histoire du monde qu’aujourd’hui. Et leur nombre ne cesse de croître.

Selon les données de la Réserve fédérale, 1,5 million de personnes supplémentaires ont pris une retraite anticipée aux États-Unis au cours de la première année de la pandémie. Il y en aura probablement d’autres à venir.

En outre, les statistiques du Département américain du travail montrent que des millions d’autres personnes, y compris des jeunes, ont abandonné l’idée de travailler à cause de la pandémie.

Traditionnellement, il existe un équilibre constant entre le nombre d’emplois dans l’économie et le nombre de travailleurs dans la population active. Parfois, il y a des chocs, comme lors de la grande récession de 2008, lorsque des millions d’emplois ont disparu, pratiquement du jour au lendemain.

Aujourd’hui, l’inverse s’est produit : des millions de travailleurs ont disparu, pratiquement du jour au lendemain.

Le résultat final est qu’il y a 11,3 millions d’emplois non pourvus aux États-Unis – un record – parce que tant de personnes ont tout simplement quitté la population active.

Bien sûr, une autre tendance clé de l’emploi est que les jeunes travailleurs ne sont pas intéressés par la plupart des emplois traditionnels.

D’innombrables adolescents aspirent à devenir des starlettes d’Instagram, ou à vivre de jeux vidéo pour gagner leur vie. Ils sont peu intéressés par les emplois dans la construction, le transport ou la fabrication.

Donc, en résumé, nous avons d’anciens centres de fabrication « à faible coût » qui deviennent beaucoup plus chers. Plus une main-d’œuvre restreinte dans les pays d’origine qui limite la production et fait grimper les coûts.

Tout cela est hautement inflationniste.

Et le gouvernement ou la banque centrale ne peuvent absolument rien y faire. Les 20 ans de la génération Z ne vont pas soudainement décider de commencer à travailler dans des emplois traditionnels juste parce que la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt de 0,25 %.

Il est fort probable que les politiciens aggraveront la situation, ce qui constitue un autre facteur clé de l’inflation future.

Nancy Pelosi a déclaré vendredi que l’inflation était uniquement la faute de Vladimir Poutine et a insisté sur le fait que leurs dépenses déficitaires de plusieurs milliards de dollars « réduisent la dette nationale » et « n’augmentent pas l’inflation ».

Le président, quant à lui, a imputé l’inflation à la « cupidité », tandis que la Réserve fédérale insiste sur le fait que la hausse des prix est le résultat d’un dysfonctionnement de la chaîne d’approvisionnement.

Aucune de ces institutions – le Congrès, la Maison Blanche ou la Fed – ne semble capable de réfléchir à ses propres actions.

La Fed refuse de considérer que l’inflation est due à son expansion vertigineuse de la masse monétaire américaine – la plus importante depuis 1943.

Le Congrès refuse de considérer que l’inflation est due à son déficit budgétaire insensé, le plus important de l’histoire des États-Unis.

Et la Maison Blanche refuse de considérer que l’inflation est due à son fétichisme pour les réglementations anti-compétitives et ses attaques constantes contre le capitalisme.

Ainsi, lorsque les trois institutions clés chargées de contenir l’inflation refusent de comprendre pourquoi il y a un problème, il est difficile d’imaginer qu’elles vont le résoudre.

Il existe également de nombreux autres facteurs d’inflation persistants ; les conflits géopolitiques sont évidemment inflationnistes. Le COVID-19 continue d’être très inflationniste. Le fanatisme environnemental est inflationniste.

Et tout comme le défi de l’augmentation des coûts de fabrication et les tendances démographiques du marché du travail, ces problèmes ne peuvent pas être réglés comme par magie par les politiciens ou les banquiers centraux.

En substance, les décideurs politiques sont complètement impuissants à faire quoi que ce soit contre l’inflation.

Il existe un espoir irrationnel de voir l’inflation s’inverser rapidement et les prix revenir aux niveaux de 2019, dès que Poutine aura quitté l’Ukraine… et que le dysfonctionnement de la chaîne d’approvisionnement mondiale sera résolu.

Mais c’est un vœu pieux.

D’abord, ces deux résolutions pourraient prendre beaucoup de temps.

Mais surtout, les tendances que j’ai décrites sont beaucoup plus importantes et pourraient maintenir les prix élevés pendant des années.

Donc, si votre « plan A » consiste à dépendre du gouvernement pour la prospérité et la stabilité des prix, il est temps d’examiner attentivement votre plan B.

Traduction de Sovereign Man par Aube Digitale

« L’espérance, c’est le désespoir surmonté »