- Par Sylvain de Mullenheim
- Publié le 10 mars 2022 L’Incorrect

Emmanuel Macron a été propulsé secrétaire général adjoint de l’Élysée en mai 2012. Au sein de l’appareil d’État, le secrétaire général de l’Élysée est le bras droit du chef de l’État et s’occupe de tout. Les responsabilités du secrétaire général adjoint sont limitées à l’économie, et plus notamment aux cessions et acquisitions entre grandes entreprises. Démontage d’un mensonge.
Si vous voulez acheter ou vendre une grosse société en France, il y a trois personnes à convaincre: le secrétaire général adjoint de l’Élysée, le directeur de cabinet du Premier ministre et celui du ministre de l’Économie. Si ce trio de grands vizirs est d’accord, c’est quasi gagné. Ils s’occuperont eux-mêmes de convaincre leurs patrons respectifs. Dans son rapport parlementaire de 2018 sur les affaires Alstom, Alcatel et STX, Olivier Marleix n’a pas écrit autre chose : « Selon les termes de la loi, la décision d’autoriser la vente d’un actif stratégique relève du seul ministre de l’Économie et elle est prise au terme d’une instruction qui doit permettre de préserver les intérêts nationaux qui pourraient être menacés. Dans la pratique, il semble que dans notre pays se soit plutôt installée l’habitude d’aller d’abord chercher un feu vert au sommet de l’État, l’administration réalisant, ensuite, l’instruction formelle de l’autorisation ».
Le 10 février 2022, le chef de l’État était à Belfort. Lors de son déplacement, il fut interpellé par un employé sur le rachat, en 2014, de la filière énergie d’Alstom par le conglomérat américain General Electric. Emmanuel Macron lui a répondu qu’il était à l’époque « un collaborateur », plaidant qu’il ne dirigeait pas les choses. Il a menti comme un arracheur de dents. Et ce n’était pas la première fois.
Le 11 mars 2015, il a menti à la Commission des affaires économiques, à qui il a déclaré à propos de la vente d’Alstom à GE que « le gouvernement a été mis devant le fait accompli […] s’est trouvé face à un projet totalement ficelé ».
Il a même menti en direct le 4 avril 2017, pendant le Grand débat entre les candidats à la présidentielle diffusé sur CNews et BFM. Après que Nicolas Dupont-Aignan l’a interrogé sur son rôle dans les ventes d’Alstom, Lafarge, Alcatel et Technip, Macron a osé répondre : « Sur tous les cas que vous avez évoqués, je n’ai jamais eu à en connaître ».
Il a même menti en direct le 4 avril 2017, pendant le Grand débat entre les candidats à la présidentielle diffusé sur CNews et BFM.
S’agissant d’Alstom, c’était oublier qu’il avait eu à en connaître deux ans avant le ministre de l’Économie de l’époque Arnaud Montebourg. En 2018, l’audition de l’ancien directeur général de l’Agence des Participations de l’État, David Azéma, a permis d’apprendre que Macron avait reçu la visite de Bouygues en octobre 2012 pour lui annoncer qu’il comptait vendre sa participation dans Alstom. Azéma a révélé que Macron lui ordonna le même mois de commander une étude à un cabinet de stratégie. La lettre de commande était ainsi rédigée : « le groupe Bouygues pourrait vouloir céder sa participation au capital d’Alstom ». Il est alors demandé « d’évaluer les avantages et inconvénients résultant d’un changement d’actionnaire pour l’entreprise, pour l’industrie française et pour l’emploi ». Azéma a précisé en 2018 que l’Élysée, donc Macron, ne mettait aucun véto à l’affaire.
Se sachant en sécurité, Alstom et GE commencèrent leurs négociations. Elles prirent fin en 2014 et ils en informèrent Montebourg en avril, qui lutta comme un beau diable pour empêcher la vente, obtenant au passage la mise en place d’un dispositif juridique pour empêcher ce type de vente. Le bouillant ministre gagna aussi un mécanisme permettant de conserver un minimum de contrôle sur Alstom. Il avait à lutter contre le secrétaire général adjoint, un certain Macron. Dès que celui-ci fut ministre en 2015, il démonta le mécano de Montebourg et signa l’arrêté autorisant la vente d’Alstom, sans recourir au moindre dispositif de protection.
Ces mensonges répétés du chef de l’État dissimulent aussi les commissions gigantesques versées par Alstom à ses banquiers et avocats. Olivier Marleix les a chiffrées à 262 millions d’euros. En 2019, le député s’est rendu compte que ceux qui les ont reçues sont devenus les premiers donateurs de la campagne de 2017 de Macron. Il a alors saisi en janvier 2019 le parquet national financier de ce qu’il a appelé un « pacte de corruption ». Il fut entendu en juin 2019 par la police judiciaire à la demande du parquet. Depuis, ses déclarations « sont désormais en cours d’analyse au parquet qui étudie les suites à donner ». Cela fait deux ans que le parquet analyse. On l’a connu plus rapide avec François Fillon pour quelques centaines de milliers d’euros.
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