La fièvre

N’en doutez pas, ou la déception sera grande. Dans quelques jours, Emmanuel Macron sera réélu président de la République. Le secteur divertissement du Grand Califat Occidental aura beau épuiser toujours les mêmes scenarii, les mêmes arcs narratifs dignes des pires séries Disney Plus, le bon peuple français aura beau ne plus croire que d’un œil aux pestes brunes et au bruit des bottes, Marine Le Pen aura eu beau prendre un coach en sourire sincère et en punchlines comminatoires, l’axe McKinsey-Pfizer-Zelenski, le triple A de la virtualité démocratique aura encore eu le dernier mot… L’ultra-république plénipotentiaire, le bon goût soviétisant aura vaincu à nouveau, avec un Jean-Luc Mélenchon affiché en pendentif, diable tressautant dans la besace macroniste, dernière évolution du franc-maçon baboucholâtre à collectionner dans son Pokedex – sans oublier le Grand Sida des Chats qui plane encore dans nos éprouvettes pharyngales.

Quand la géopolitique mondiale et ses emportements unilatéraux coïncident parfaitement avec la féérie des urnes, ça donne ce genre de gros titre, consultable par tous dès aujourd’hui dans vos torchons les mieux rétribués : « l’opposant russe Alexeï Navalny appelle à voter Macron ». De quoi faire ployer les imbéciles les plus indécis, en effet…  le brave résistant au despotisme tsaro-poutinien appelle à voter pour notre gigolo national, ça donne des sueurs froides… ça nous donnerait presque envie, par pur esprit de contradiction, d’envoyer quelques euros à un Leetchi pro-Wagner, de demander l’asile politique au sympathique Sergueï Lavrov… mais allons : gardons la tête froide. On ne quitte pas un impérialisme pour un autre. La désertion, on laisse ça à Baptiste Marchais et à Alexandre Delavier.

Ceux qui pourront souffler avant tout, ce sont nos sémillants boomers. Ce sont eux les vrais despotes, ce sont eux qui tiennent la France entre leurs mains manucurées, gourmettées, c’est leur vote scélérat qui pèse sur notre liberté, c’est leur néant moral qui menace nos élans de beauté… Après avoir étreint toute la journée leurs chapelets de coupons promotionnels, ils pourront dormir sur leurs deux oreilles, la République a été sauvée encore une fois. Dans les locaux de Libération et de France Inter (qui communiquent via un vaste réseau de souterrains vagues sous les égouts de Paris, ambiance BDSM à la clé) on débouchera le champagne – enfin non, le champagne est de droite, n’est-ce-pas, on débouchera plutôt quelques bouteilles de sangria équitable négociées par la mairie de Paris auprès d’un producteur sévillan, El Famoso Manoel du Blancos… le plus désolant, lorsqu’on observe bien qui sont les défenseurs de cette République fantoche dont ils invoquent le spectre comme un mantra, avec des trémolos dans la voix, c’est de voir à quel point le lavage de cerveau a été efficace, c’est de voir à quel point le social engineering organisé par la funeste « Atlante-Europa », celle de Jean Monnet puis du duo Helmut Kohl-François Mitterrand, aura durablement sapé la faculté de jugement, sabordé toute pensée critique…

Ce qui frappe dans la plupart des micros-trottoirs qui s’intéressent à cette espèce particulière, le Macronite poivre-et-sel en doudoune matelassée qui possède un petit voilier à la Baule et quelques bonnes bouteilles de Clicquot dans sa cave – c’est probablement que tous ces bourgeois catalogués CSP +, issus d’une gauche intellectuelle qui s’est formée sur les barricades et dans le sillage de la French Theory, ressemblent désormais à un troupeau de golems acéphales, totalement dénués d’argumentaire et de vision politique… Pourquoi votez-vous Macron ? « Parce que c’est le meilleur ! » scandent les bulots à l’unisson, ravis qu’un EnMarchiste local ait siphonné leur compte What’s App avec un prêt-à-penser et quelques éléments de langage à donner en pâture aux journaleux… Macron c’est un cataplasme posé sur leur intelligence, c’est un fer rouge qui semble marquer leur âme aussi sûrement qu’une quintuple dose siglée Pfizer, c’est un label infâmant qui entrave leurs mouvements, qui contamine leurs pensées… regardez-les, ils sont presque effrayants, on les dirait vidés, émondés, torréfiés, ce qui brille dans leurs yeux n’est pas l’étincelle de l’esprit mais l’éclat sinistre d’un puits. Comment en sont-ils arrivés là ? Par la grâce du double septennat Mitterrand, ces enfants gâtés qui sont tous partis en retraite à 60 ans ne voient désormais aucun inconvénient aux réformes du banquier, il est « rassurant » qu’ils disent les imbéciles heureux, il se bat pour la démocratie, et contre la guerre en Ukraine. Mais qui a vendu les armes aux russes, ces mêmes armes avec lesquelles Poutine bombarde Marioupol et Lviv ? Qui a réprimé les Gilets Jaunes et les covido-sceptiques dans la terreur et dans l’’humiliation ? Qui a vendu Alstom aux ricains pour une bouchée de pain ? Qui s’est prononcé pour une «souveraineté de l’Europe » au nez et à la barbe des Français, qui n’ont même pas relevé l’ignominie de cet oxymore : « souveraineté de l’Europe »… Macron, l’agent de l’Allemagne maastrichtienne, a encore de beaux jours devant lui.

Marc Obregon

« La démocratie c’est la révolution couchée, et qui fait ses besoins dans ses draps.» Léon Daudet

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