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Cosmétique de l’ennemi (Marc Obregon)

Cosmétique de l’ennemi

Révisionnisme

Les petites mains de Wikipedia qui sont chargés de la bonne tenue de la réalité travaillent sans relâche. Ainsi, hier soir, quelques heures après la nomination d’Elizabeth Borne, on apprenait brutalement que son père n’était plus d’origine russe mais polonaise – ce qui en temps d’ukrainolâtrie est bien plus compatible avec le bon goût. Heureusement, les internautes sont attentifs et ils n’ont pas manqué de moquer ce petit ajustement biographique qui sent bon l’équipe de comm’ dépassée par les évènements. La même équipe de comm, devant la bronca généralisée, a donc choisi de rectifier ce matin… et voilà papa Borne bombardé russo-polonais ! C’est ce qu’on appelle un beau geste.

« Enfin nègre », disait Marc-Edouard Nabe au moment de l’élection de Barak Obama. La récente nomination de l’hyper-planche à pain Elizabeth Borne au poste de premier ministre de la Macronie fait figure de non-évènement à peu près similaire. Enfin une bonne femme, pourrait-on dire. Ou « enfin fendue ». Mais ça marche. L’opération de communication des en-marchistes, sous la houlette du « Real Doctor » Alexis Kohler a été menée tambour battant. Exit les candidates un peu trop marquées politiquement, avec Borne, on a l’assurance d’avoir un bon petit soldat, bien programmé en amont par le concordat Pfizer-Maastricht, tatouée au code-barre. Mais ce n’est pas grave, puisque… c’est une femme ! aaah, les femmes. On aime ça. Leur douceur, leur absence de pilosité faciale supposée, ce vide étrange et rosâtre qu’elles ont à la place du pénis, leur petite voix aigrelette, cette façon qu’elles ont de battre les cils très vite au lieu de dire « non »… Avec une femme à la tête du gouvernement, pas de doute, la France est de plus en plus euro-compatible. Finies, les heures sombres et poilues de la République à papa, finies les banquets présidés par Gérard Larcher bourré au Médoc, place aux réunions tupperware où l’on s’échangera des bonnes recettes de COVID-23 et sur les meilleurs moyens d’épandage. Les éditorialistes en font des tonnes, les journalistes s’émeuvent comme des premiers communiants, on s’arrache le témoignage d’Edith Cresson, premier martyr vaginé de la Vème République… Macron a réussi son coup : une diversion, c’est ce qu’il sait le mieux faire. On arguera que le notre bien aimé Prèze aurait plus trouver un peu plus bandant que cette espèce d’Alain Juppé femelle, mais c’est une affaire qui marche, c’est désormais un tandem éprouvé : le président-playboy ultra cool et son premier ministre « techno » à tronche de radiateur.

 

Borne et Castex, même combat. A peu de choses près. Tous deux partagent une solide expérience technique doublée d’un alibi dans le public. Tous deux sont de parfaits golem de ce qu’il convient désormais d’appeler l’extrême centre, ce puits gravitationnel qui semble peu à peu transformer toute identité politique en simple agrégat décisionnel. En Marche, c’est un parti politique idéal en temps de multivers : c’est une sorte de grosse boule collante républicaine qui avance presque aveuglément en agrégeant au passage tout ce qu’elle peut sur sa surface chitineuse. Y compris les bonnes femmes. « La fin d’un suspense », clame t-on dans les quotidiens autorisés… quel suspense ? Un suspense cosmétique, tout au plus. Le Figaro y voit assez justement « quelque chose de scandinave ». Probablement ce que Philippe Muray, jamais avare de bons mots, appelait la « pulsion de nord« … Sauf que notre Roi à nous est un président qui a tous les pouvoirs et qui délègue à son premier ministre le simple droit d’appliquer ses réformes dans les largeurs et de payer ensuite les pots cassés. Borne, celle qui a envoyé les soignants non-vaccinés au casse-pipe, n’est pas là pour faire dans la dentelle, soyez-en sûr. Sous ce petit corps squelettique sculpté par la bouffe macrobiotique et les séances privées de pilate, se cache la pire engeance macroniste possible, une « réformatrice » comme on dit poliment, qui appuiera là où ça mal avec un sourire éteint au coin des lèvres. Le même qu’elle a eu hier après-midi lorsqu’elle souhaita dédier sa nomination à « toutes les petites filles ». Un discours signé Daniel Cohn-Bendit, probablement.

Marc Obregon L’Incorrect

Elisabeth Borne : Le retour de la parisianerie

 

 

Quand Jean Castex a été nommé à Matignon le 3 juillet 2020, toute la presse française s’est roulée par terre en entendant son accent. Ah là là, un « accent du Sud » (vu de Paris, tout ce qui est de l’autre côté de la Loire, c’est le « Sud »), c’est teeeellement typique ! Après les Gilets Jaunes et le COVID, il fallait nommer un provincial (= plouc) comme premier ministre pour donner un « signal » aux pécores qui gesticulaient sur leurs ronds-points. Jean Castex, c’était la France rurale, celle du « bon sens », des « territoires », des vieux bouquins de Marcel Pagnol. D’ailleurs, les « territoires » ça allait être la grande affaire de la seconde partie du premier quinquennat Macron.

 

La France c’est ça : pour faire comprendre aux abandonnés qu’on les comprend un peu, on nomme à Matignon un mec qui a l’accent. Ah bah dans les campagnes, on a vu le changement ! Avant Castex, le gasoil, principal moteur des Gilets Jaunes, était hors de prix, avec Castex il a été au firmament. Depuis quelques mois, je pisse dans mon réservoir pour économiser de l’essence !

 

Mais Castex avait l’accent. Il « représentait » donc la Diagonale du vide.

 

Maintenant, on a Elisabeth Borne. Parisienne. Techno. Haute fonctionnaire. Née à Paris. École primaire à Paris. Polytechnique à Paris (Paulaiseau mais c’est pareil). Premier boulot à Paris. Deuxième boulot à Paris. Troisième boulot à Paris. Ah si, en 2013, elle sort de sa cage pour devenir préfète de Poitou-Charentes. A 52 ans, il était temps de dépasser le périph’ ! Mais un an plus tard, la voilà revenue à Paris, qu’elle n’a plus quitté depuis.

 

En clair, sur 61 ans de vie, elle n’a vécu qu’un an hors de Paris. Ça promet ! Ah mais non il ne faut pas voir les choses comme ça ? Ah mais si, il faut voir les choses comme ça. Il y a une telle différence entre Paris et la France que c’est comme si Elisabeth Borne avait vécu à Tombouctou 99,99% de sa vie. Borne est incapable de comprendre les spécificités bretonnes, corses ou même du Haut-Doubs, tout simplement parce qu’elle ne les connaît pas. Ah si, elle se présente aux législatives dans le Calvados apparemment. C’est incroyable, ça ! Elle a une maison là-bas, au moins ? Je suis sûr qu’on va nous sortir que la Borne a une maison de campagne à Vire où elle fout les pieds 15 jours par an. Au mieux ! Et encore, en ramenant toute la bouffe de Paris et en ne rencontrant jamais le moindre indigène. Hopala ! Ah si, il y a sûrement Robert, le fermier du coin. Les Borne le croisent parfois sur le petit chemin et lui disent, en prenant un simili accent rugueux pour se mettre à son niveau, : « Alols Robelt, il va faile quel temps sul’ pays demain ? ». Les paysans ça sait lire le temps en regardant le vol des oiseaux, vous savez bien. Et là « Robelt » prend son Iphone, clique sur l’appli Météo France et répond « bah demain visiblement c’est pluie ».

 

Ensuite Robelt rentre chez lui et lance à sa femme : « tu sais pas ce qu’ils m’ont encore demandé les deux cons de Parisiens ? ». En passant, je suis persuadé que le mec d’Elisabeth Borne à la tronche de Gilles Legendre ! Sûr !

 

Elisabeth Borne est une femme de dossiers apparemment. Quelque chose me dit que les Corses sont déjà en train de sonner à sa porte. Gling Gling ! Je suis d’ailleurs impatient de voir le résultat des législatives sur l’île. Petit rappel : sur les quatre députés corses, trois sont des nationalistes. De surcroît, les autonomistes/indépendantistes corses font les plus gros scores de tous les mouvements nationalitaires d’Europe (devant les Catalans et les Ecossais par exemple). Lors des dernières élections territoriales de juin 2021 (cela fait à peine un an), les électeurs corses ont envoyé 70% de conseillers territoriaux nationalistes à l’Assemblée de Corse. Les partis français n’existant même plus dans la dite-assemblée, la seule opposition aux nationalistes étant… le « Comité Central Bonapartiste » de Laurent Marcangeli, maire d’Ajaccio (ça va faire plaisir à Appino, ça) qui représente à lui seul le « camp français ». Ca ne vous inquiète pas à Paris ? Moi non, mais vous ça devrait…

 

Elisabeth Borne, qui ne connaît de la « province » que « Robelt » et son ancienne secrétaire à la préfecture de Poitiers, va découvrir tout ça. Et tout plein d’autres choses. Bon courage !

Maël Pellan L’iNCORRECT

 

« Il y a l’amour, bien sûr. Et puis il y a la vie, son ennemie »

 Il y a l’amour, bien sûr. Et puis il y a la vie, son ennemie.

Jean Anouilh – Ardèle ou la Marguerite (1948)

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