L’inflation des prix des biens et services est élevée? Oui et alors! On peut toujours compter sur la connerie.
By brunobertezautresmondes
brunobertez.com
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Depuis des décennies les autorités recherchent la hausse monétaire, nominale des prix des biens et des services.
Elles ont fait croire que nous étions en déflation structurelle et que la tendance à la déflation, c’était quelque chose de mauvais.
Elles ont même, à certains moments, envisagé de hausser l’objectif d’inflation fixé à 2%.
Powell dans sa recherche d’inflation a d’ailleurs proposé un changement de norme et au lieu de se fixer un objectif d’inflation de 2% il a envisagé d’une part de hausser l’objectif puis de le dépasser et de le transformer en objectif d’une moyenne vague , indéterminée et finalement discrétionnaire.
Donc la ligne de base , avant le Covid, la guerre et la démondialisation était claire: les autorités veulent une inflation régulière, elles veulent que les prix montent, elles ne veulent pas que la concurrence , la productivité ou les progrès de la technologie viennent faire baisser les prix. Elles veulent que les GDP nominaux montent.
Exprimé en sens inverse elles veulent que la monnaie se déprécie en continu.
Pourquoi veulent elle de l’inflation structurelle ?
-parce que l’illusion monétaire met de l’huile artificielle dans les rouages sociaux et à ce titre permet de faire en sorte que les salaires et prestations sociales soient toujours en retard.
-l’inflation est un impôt qui bonifie le taux de profit du système économique dans la mesure ou d’une part il permet à l’état de moins prélever par l’impôt qu’il ne le faudrait et aux entreprises de réduire le poids relatif de leurs dettes et de leur cout de leverage.
La fonction de l’inflation est de rendre la monnaie fondante, d’éroder les pouvoirs d’achats de la monnaie, le salaire des travailleurs, leurs économies, leurs droits à retraite.
La fonction de l’inflation tant qu’elle n’est pas perçue par le public est de prendre dans la poche des uns pour le transférer dans la poche des autres.
Elle réduit le poids des dettes du business, des crédits des ultra riches en levier, et bien sur les ratios de dette réelle des gouvernements.
L’inflation est le complément indispensable du capitalisme financier et même du capitalisme tout court.
Je m’explique car ceci n’a jamais été expliqué clairement au niveau du grand public.
Quand en 1971 le président Nixon a décrété la fin de la convertibilité du dollar en or, il a fait entrer le système monétaire international dans un système de changes flottants. Il n’y avait plus de référence bien entendu au métal précieux mais aussi à tout autre référent extérieur
Ceci permit l’escalade fantastique des endettements. C’était d’ailleurs le but: repousser les limites de la dette.
La décision de Nixon s’inscrivait dans ce que l’on peut appeler la Modernité: définie comme fin du rapport direct du signe à la chose qu’il représente.
La décison de Nixon a libéré les signes du poids, de la finitude et des limites du Réel.
C’est cela le sens profond du choix de Nixon. La disjonction du signe et du réel comme cela avait déjà été réalisé dans la linguistique, l’esthétique, la sémiologie. Il consacrait en quelque sorte la généralisation à l’économie du monde Orwellien ou Faustien.
La Denison de Nixon est importante au niveau civilisationnel, par son inscription dans la tendance mondiale à l’effondrement des référents, des vérités, des ancrages, des points fixes, des absolus, des Trésors.
Rien , ne garantit le signe monétaire après Nixon si ce n’est le jeu des signes entre eux, le jeu des signifiants articulés dans des répétitions, dans rhétoriques. D’où l’importance en passant de la parole de l’oracle ou des grands prêtres, les banquiers centraux.
On n’étudie plus le Réel on étudie les discours de Greenpan et Powell!
Le sens ne se trouve plus dans le monde, il se trouve dans les mots, les paroles, les romans et les Ecritures voila ce qu’a introduit et réussi Nixon.
Et ceci n’est que la généralisation/extension à l’economie du mouvement de la Modernité qui s’est éloignée du réel, du figuratif, du représentatif et s’est installée dans les délires de l’imaginaire.
On a élargi à l’économie, si vous voulez, ce qui avait été fait dans l’art.
Pensez-y vous comprendrez mieux.
On a institutionnalisé , sacralisé le signe comme dans l’art avec les artistes bidons, bidonnant pour le compte des galeries. En passant donc on a fait du faux6monnayage la norme et la tentation perpétuelle celui-ci n’étant permis que par le désencrage et l’entrée dans l’imaginaire marchand de l’offre et de la demande. Dieu est mort, alors tout est permis!
Nixon a installé la monnaie, le dollar dans le temps de la modernité , c’est dire le temps de l’abstraction et de la promesse puisqu’il n’y a pas répondant ou de garant actuel à la monnaie.
En même temps et cela n’est pas assez perçu, cette monnaie libérée s’inscrit dans un nouveau rapport au temps. C’est central.
Comme les monnaies sont dettes, des « claims » sur le futur et non pas gagées par le présent existant, elles constituent une anticipation sur la croissance , elles constituent intrinsèquement un pari sur le temps qui court.
Et ce temps qui court, pour maintenir la confiance, doit comme la bicyclette pour tenir son équilibre, rouler. Je suggère d’ailleurs que le lecteur prenne le terme « rouler » avec son double sens de rouler les gens, les tromper. Le temps qui court , pour maintenir la confiance ne peut être qu’un temps de « progrès » continu. Un temps parfait . Maitrisé . Un temps divin.
La monnaie de Nixon est une promesse implicite mais obligatoire qui promet la réalisation de sa valeur dans le futur. L’argent de Nixon nous a donné la possibilité d’un endettement indéfiniment croissant mais en contrepartie il exige une croissance obligatoire et un développement insoutenable en termes réels . Bien entendu vous comprenez qu’il va se fracasser sur la transition écologique de la rareté idéologisée.
Si le développement est insoutenable en termes réels vous l’avez compris: il ne peut être soutenable que dans l’imaginaire, dans le fictif c’est à dire dans la tromperie que constitue la monnaie fondante, dans le système que j’ai toujours désigné comme le système de l’inflationnisme.
L’inflation est le moyen , quasi incontournable, en continu d’avancer tout en effaçant ses traces. L’inflation dans son essence efface la mémoire. Dans le bilan, le passif est la mémoire de ce que l’on doit, eh bien grâce à l’inflation cette mémoire s’efface progressivement.
Nos systèmes adorent tous les processus qui permettent d’effacer les mémoire puisqu’ils sont fondés sur le mensonge et la destruction du passé ; la mémoire est la statue du commandeur du menteur. Elle le rappelle a l’ordre du vrai.
L’inflation empêche l’accumulation des passifs/promesses; elle les déprécie en continu, et à ce titre, elle est un mode de régulation de long terme.
En incidente il y a une dimension qui est insuffisamment soulignée dans la monnaie post Nixon, c’est son immatérialité.
N’étant plus matérielle, la monnaie est libérée de la finitude, à laquelle tout ce qui est naturel renvoie. La monnaie Nixon prépare déjà le Wokenisme, c’est à dire la possibilité de dire 2 plus 2 egale 5, de dire que la mère est un père, de nier notre nature, notre sexe biologique, nos différences réelles, nos races etc.
Mais il y a plus car dans son immatérialité la monnaie moderne ne renvoie plus qu’a une chose en définitive; la société! Elle devient une entité purement sociale et je ne crains pas de dire que c’est par ce bais, par cette béance d’une monnaie purement sociale que s’introduit , on, le voit maintenant la tendance de plus en plus fascisante de nos société. Par les exigences de la monnaie et du pognon , par ses exigences sociales, de proche en proche la société doit plier, se plier aux maitres qui ont le pouvoir puisqu’ils sont maitres de la monnaie et qu’ils veuelent le rester.
Pour que ce moyen de régulation de long terme fonctionne il ne faut surtout pas que les taux d’intérêt montent. La hausse des taux viendrait s’opposer à la régulation permise par la hausse des prix! Pour que le système fonctionne et continue il faut qu’il n’y ait plus jamais de pénalité infligée au futur, Il faut des taux bas, toujours plus bas. Des taux d’intérêt nuls, mieux, négatifs car si les taux n’étaient pas négatifs alors il n’y aurait pas dévalorisation des promesses, elles se capitaliseraient par intérêt composé..
La baisse continue des taux depuis le nouveau système est incontournable, elle est organique et elle n’est pas produite par le rythme ralenti de la croissance mais par le besoin du système monétaire de tenir, de ne pas s’écrouler sous le poids de son vice endogène.
Et, si on est à la borne du zéro nominal alors il faut que les taux baissent en réel c’est dire déflatés de la dérive des prix des biens, des services, et des déflateurs de GDP.
La hausse des taux c’est l’impasse, l’ennemi du système qui a été mis en place; c’est son point faible, son talon d’Achille.
Heureusement le public est stupide il accepte que les taux au lieu de monter , au contraire baissent! Qu’ils s’enfoncent dans le rouge, ce qui rééquilibre le système. Les taux d’intérêt ,les vrais, ceux qui comptent sont à 2,7% alors que l’inflation dépasse les 7 ou 8% minimum.
Pour garder la monnaie on vous donne 2,7% mais dans le même temps on l’ampute de 7%!
Ah les braves gens!
le mouvement haussier des taux sur les marchés devrait les porter 7% minimum, et ceci ferait chuter tout le système. Ils sont a 2,7%!
Le système contrairement aux cris d’orfraie ne se déséquilibre pas, il se rééquilibre grace à la stupidé des citoyens.
On peut toujours compter non sur le consommateur comme le disent les américains mais sur la connerie.
BRUNO BERTEZ
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La monnaie est d’abord l’échange social INDISPENSABLE à l’évitement de la violence généralisée – dans notre civilisation.
C’est donc un outil d’importance première à notre société, à sa cohérence, donc à la civilisation (sa pérennité).
En virtualisant la monnaie (en 1971) après avoir virtualisé le monde (par la réécriture/l’interprétation des faits par/via la télévision), l’Empire a capté la puissance sociale mondiale. Le $ comme monnaie d’échange internationale n’est plus une monnaie mais le protocole d’échange lui-même. Dit autrement le $ devient instrument de pouvoir de l’Empire.
Et l’Empire exerce et étend ce pouvoir quasi total.
Davos aujourd’hui est une tentative de récupération de ce pouvoir dont certains pays ont su se déprendre (au moins en parti).
Il s’agit bien de fédérer autour de l’Empire les sujets de gré ou de force.
Un exercice fréquent dans l’histoire mais jamais encore à ce niveau quasi planétaire et dans d’aussi catastrophiques conditions.
La fin du rendement de l’argent capitaliste est la catastrophe qui oblige.
Et cette obligation rend le jeu cruel et mortel.
Car on ne joue plus, on lutte pour la survie.
L’animal n’a rien à perdre sans quoi il meurt.
Le comportement de l’Empire est donc mortel pour la planète.
Les vassaux seront sacrifiés si besoin.
Et le besoin est là.
Exactement comme en 1939, l’espoir que Hitler détruira l’URSS, aujourd’hui l’Empire utilise l’UE comme terrain de guerre (après tous les autres) (avec la Chine en plus ?).
Le grand jeu, le gouvernement mondial, c’est la lutte de survie d’un système mort qui doit trouver de toute urgence un nouvel ordre mondial pour maintenir son pouvoir, ses capacités économiques, bref sa domination totale.