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IDES DE JUIN (Gabriel Nerciat)

IDES DE JUIN

Si l’on regarde attentivement la composition sociologique, numérique et générationnelle des électeurs de Ensemble (la coalition des partis macroniens) au soir du premier tour des élections législatives telle que les a analysées l’institut Ipsos après la tenue du scrutin, on se rend compte qu’ils ne constituent que 12% des inscrits (12% !), en grande majorité des retraités (rejoints, dans une moindre mesure, par des cadres supérieurs du privé ou du public), avec une moyenne d’âge qui tourne autour de 68-70 ans.
Même si demain ils seront sans doute rejoints par d’autres électeurs sensiblement du même âge, essentiellement d’anciens soutiens de l’UMP-LR voire du dérisoire et éphémère Reconquête zemmourien, pour “faire barrage à la NUPES” (tout le monde est plus ou moins castor, désormais, dans ce pays), cela ne changera rien au sombre destin qui semble se profiler pour les partisans de la mondialisation, de l’intégration européenne et de l’hyper-progressisme libéral : un déclin annoncé devenu fatal et irrémédiable, ou irrémédiablement fatal.
Je sais que beaucoup de gens, notamment dans cet électorat mais pas seulement, rigolent ou haussent les épaules quand on leur parle de situation pré-révolutionnaire à propos de l’état de la France en ce début des années 2020.
Or à la lumière des chiffres cités – et même si demain le Banquier Président parvient malgré tout à obtenir à nouveau une majorité absolue arrachée au forceps sur fond d’abstentions majoritaires -, ils feraient bien d’y réfléchir à deux fois.
Non qu’une révolution politique ou une guerre civile soient objectivement devenues inévitables dans les cinq ans qui viennent, mais toutes les conditions pour les provoquer sont aujourd’hui réunies.
Car ce n’est pas d’abord ou seulement une crise économique ou à défaut des problèmes de nature matérielle qui sont à l’origine des crises révolutionnaires.
C’est, très souvent conjugué avec eux, le sentiment devenu majoritaire :
1) que les élites politiques au pouvoir ne représentent que les intérêts exclusifs d’une infime minorité parasitaire ou déclinante de la nation (c’est ce que Sieyès, dans le texte fameux qui lança la Révolution française, disait en gros des nobles et des prélats de l’Ancien Régime) ;
2) que le discours idéologique et les valeurs morales portées par ces mêmes élites – les Droits de l’Homme, la République égalitaire et universaliste, le système représentatif, l’émancipation des citoyens par la culture et par la science, le caractère irréversible du progrès économique généré par le libre-échange global et l’autorité du droit – ne sont plus crus par personne, et d’abord par elles-mêmes (Macron lui-même ressemble assez, en beaucoup plus fade et faisandé, à ces aristocrates libertins de la fin du XVIIIe siècle dont Restif de la Bretonne, Beaumarchais ou mon illustre aïeul ont donné quelques portraits saisissants).
1 et 2 : eh bien voilà, nous y sommes. Et la crise économique n’est pas absente elle non plus, provoquée qui plus est par les mêmes soumissions atlantistes, libre-échangistes, sanitaires et supranationales qui devaient être gages de marche enthousiaste vers un progrès radieux.
Ceci dit, bon courage quand même si demain vous allez voter sous le soleil caniculaire de ce printemps erratique. Apollon lui aussi n’est jamais en retard d’une révolution.
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