Casus belli » : que signifie le blocus de Kaliningrad pour la Russie ?
Kaliningrad était une cité prussienne du nom de Königsberg jusqu’à sa conquête par l’Union soviétique en 1945, lorsqu’elle a défait l’Allemagne nazie © Crédit photo : CC Wikimedia
Le transit de certaines marchandises par la Lituanie a été bloqué, ce qui suscite des inquiétudes quant aux pénuries dans l’enclave russe.
RT.com – 20 Juin, 2022
Samedi, la Lituanie a bloqué le transit ferroviaire de certaines marchandises russes vers la région de Kaliningrad, dans le pays. Les autorités de Vilnius ont expliqué leur geste en précisant que les marchandises en question ont été sanctionnées par Bruxelles dans le cadre du conflit en Ukraine, et ne peuvent donc plus passer par le territoire de l’UE, même si elles voyagent d’une partie de la Russie à l’autre.
Pourquoi cela est-il important ?
La région de Kaliningrad est l’exclave russe la plus occidentale d’Europe, prise en sandwich entre la Pologne et la Lituanie le long de la côte baltique. Sa position au cœur de l’Europe lui permet de livrer facilement des marchandises russes dans n’importe quelle partie du bloc. En tant qu’exclave, c’est-à-dire un territoire qui appartient à la Russie mais qui est géographiquement séparé de la Russie continentale, la Lituanie devrait bénéficier d’un accès total à la Russie continentale, conformément au droit international. C’est pourquoi certains analystes suggèrent que la décision de la Lituanie de bloquer l’accès de la Russie à son propre territoire pourrait, dans une certaine mesure, être considérée comme un « casus belli » – un motif de déclaration de guerre.
Pourquoi la Lituanie a-t-elle bloqué le transit ?
Selon des responsables lituaniens, la décision a été prise après avoir obtenu l’approbation de la Commission européenne, le principal organe directeur de l’UE. De nombreux pays, dont les États membres de l’UE, ont imposé des sanctions radicales à la Russie en réponse à son opération militaire en Ukraine fin février. Le bloc européen a notamment interdit l’entrée d’un certain nombre de produits russes dans l’UE. La décision de Vilnius aurait pour but de faire respecter ces interdictions.
Le transit de toutes les marchandises est-il bloqué ?
Non, seules les marchandises sanctionnées par Bruxelles se sont vu refuser le passage. Parmi elles figurent le pétrole brut et les produits pétroliers, le charbon, les métaux, les matériaux de construction, les technologies de pointe, la verrerie, certains aliments et engrais, l’alcool, etc. Selon le gouverneur de Kaliningrad, Anton Alikhanov, l’interdiction signifie que jusqu’à 50 % de toutes les marchandises destinées à Kaliningrad pourraient être bloquées.
Ce blocage peut-il entraîner des pénuries d’approvisionnement dans la région ?
Pas nécessairement, car le passage par la mer Baltique reste ouvert à la Russie. Selon les responsables de Kaliningrad, ainsi que les dirigeants de la plupart des chaînes de magasins, la région est bien approvisionnée en denrées alimentaires et en fournitures et ne souffrirait pas de contretemps de livraison avant trois à six mois. Une part importante de la viande, des produits laitiers et du poisson est produite dans la région et, selon la directrice du principal port de la région, Elena Zaitseva, Kaliningrad a même exporté du maïs, du blé et du colza ces dernières années.
Y a-t-il une menace pour le tourisme/le trafic de passagers ?
Aucune menace pour l’instant. Alors que les trains de passagers reliant la Russie continentale à Kaliningrad via la Lituanie ont été interrompus début avril, quatre grandes compagnies aériennes russes assurent des vols Moscou-Kaliningrad. Des ferries sont également disponibles, et des rapports indiquent que les autorités russes travaillent actuellement au lancement de liaisons maritimes pour les passagers à travers la Baltique.
Source: RT.com
Traduction: arretsurinfo.ch
Une base économique et stratégique
Sans surprise, le gouvernement ukrainien a salué la décision de la Lituanie d’ainsi interrompre le trafic entre la Russie proprement dite et Kaliningrad. Cette région est en effet stratégiquement très importante pour Moscou : prise sur l’Allemagne nazie en 1945, cette ville qui s’appelait autrefois Koenigsberg est un port important, le seul débouché russe sur la Baltique qui n’était jamais pris dans les glaces, et qui joue un rôle important pour le commerce maritime et l’industrie de la pêche. En outre, l’oblast sert de port d’attache à la flotte russe de la Baltique et abrite de nombreuses troupes ainsi que des missiles stratégiques.
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les sales cons continuent ,ils n’ont toujours pas compris
Cela ressemble à une volonté délibérée de provoquer la Russie en vue de la contraindre à déclarer un état de guerre avec certains Pays d’Europe.
En effet, il existe un accord conclu il y a vingt ans entre la Russie et l’UE : ce transit était l’une des conditions imposées à la Lituanie lors de son adhésion : cette situation pourrait aboutir à la remise en cause de l’indépendance de la Lituanie.
Selon un rapport du Sénat Français :
“Après de difficiles négociations, un accord a été trouvé fin 2002 sur la mise en place d’un régime de transit facilité pour les citoyens russes ainsi que pour les marchandises qui a commencé à s’appliquer le 1er juillet 2003”
“…l’Union européenne et la Russie sont parvenues à un compromis. Le protocole d’extension de l’accord de partenariat et de coopération a été signé le 27 avril 2004 à Luxembourg. Parallèlement, l’Union européenne et la Russie ont adopté une déclaration conjointe, prévoyant une série de mesures concrètes visant à aider la Russie à faire face à la nouvelle situation née de l’élargissement.”
** https://www.senat.fr/rap/r06-307/r06-30710.html
Cette situation reproduit ce qui s’est passé en Ukraine : pendant près d’une décennie la Russie a alerté sur ce qui se passait au Donbass ; l’Ukraine a pu poursuivre ses méfaits en toute quiétude, mais dès que la Russie a bougé, elle a été qualifiée “d’agresseur” et tout le passif s’en est trouvé aboli, y compris l’intervention “nazi” renouvelée.
En Lituanie, des accords internationaux sont violés, mais si la Russie bouge, elle deviendra “l’agresseur” et tout le passif sera aboli, y compris les magouilles de l’OTAN !
** A titre accessoire, la lecture de ce rapport permet de constater que, en dépit des accords internationaux et de la position de l’E en la matière, l’Estonie et la Lettonie ont un volume de plusieurs centaines de milliers “d’apatrides” ! …ce qui n’a l’air de déranger personne…