REBLOG

Agence internationale de l’énergie : l’Europe doit se préparer à un arrêt complet du gaz russe/

Agence internationale de l’énergie : l’Europe doit se préparer à un arrêt complet du gaz russe

L’Europe devrait se préparer à une suspension complète des livraisons de gaz naturel russe, a déclaré le chef de l’Agence internationale de l’énergie dans une interview au Financial Times.

« L’Europe devrait être prête au cas où le gaz russe serait complètement coupé », a déclaré Fatin Birol au Financial Times. « Plus nous approchons de l’hiver, plus nous comprenons les intentions de la Russie », a-t-il ajouté. « Je pense que les coupures ont pour but d’éviter que l’Europe ne remplisse les stocks, et d’augmenter le levier de la Russie pendant les mois d’hiver. »

Afin de contrer les pires effets d’un tel scénario, M. Birol a conseillé aux gouvernements européens de maintenir les centrales nucléaires en activité et de prendre d’autres mesures d’urgence. Ces autres mesures d’urgence semblent se concentrer sur la demande.

« Je pense que les mesures relatives à la demande [prises par les gouvernements européens] seront de plus en plus nombreuses et profondes à l’approche de l’hiver », a déclaré M. Birol au FT, ajoutant que le rationnement du gaz était une possibilité distincte en cas de nouvelles réductions des approvisionnements en gaz russe.

Au cours des trois derniers mois, la Russie a interrompu l’approvisionnement de plusieurs pays européens qui refusaient de payer le gaz en roubles. Elle a également réduit considérablement le débit du Nord Stream, interrompant de fait l’approvisionnement de la France et réduisant de quelque 60 % les flux vers l’Allemagne.

Gazprom et son fournisseur de services de maintenance des équipements, Siemens Energy, ont imputé cette réduction à un retard de livraison de turbines résultant des nouvelles sanctions canadiennes contre Moscou. L’Allemagne a blâmé Gazprom.

La plus grande économie de l’Union européenne est confrontée à une récession certaine en cas d’arrêt complet des flux de gaz russe, a averti cette semaine un organisme industriel. BDI a réduit ses prévisions de croissance pour l’Allemagne de 3,5 % à 1,5 % pour cette année et a déclaré que si la Russie interrompt l’approvisionnement en gaz, l’économie entrera inévitablement en récession.

Pendant ce temps, pour compenser la perte d’approvisionnement en gaz, l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas redémarrent des centrales électriques au charbon. M. Birol, de l’AIE, a défendu cette initiative dans son interview au FT, affirmant que le redémarrage était temporaire et que, quelle que soit l’augmentation des émissions, elle serait compensée par les futures capacités d’énergie renouvelable.

Traduction d’Oil Price par Aube Digitale

La Russie met l’Allemagne face à un dilemme: rester solidaire avec ses voisins européens et manquer de gaz… ou le garder chez elle

Jeudi, l’Allemagne a déclenché son 2e niveau d’alerte sur 3 concernant son risque de rupture d’approvisionnement en gaz. Une situation provoquée par les fortes diminutions des livraisons russes. Berlin le sait: c’est un immense test qui va permettre de mesurer à quel point elle peut se montrer solidaire vis-à-vis de ses alliés européens.

La semaine dernière, la Russie a réduit le débit de son gazoduc Nord Stream 1 à 40% de sa capacité, invoquant des problèmes techniques dus aux sanctions internationales. De quoi inquiéter très fortement l’Allemagne – toujours très dépendante du gaz russe – pour l’hiver à venir. En déclenchant le 2e niveau d’alerte sur 3, le pays n’est pas encore dans un « état d’urgence », ce qui signifierait qu’un rationnement devrait être organisé. Mais il risque bien de ne pas y échapper.

Du propre aveu du vice-chancelier Robert Habeck, il n’y a d’ailleurs qu’une seule solution pour que l’Allemagne évite une pénurie – et donc un rationnement: ne plus envoyer de gaz de ses réserves aux pays européens voisins.

Une pénurie et un rationnement inévitables ?

Selon les estimations de l’agence fédérale des réseaux, si les flux de gaz envoyés via Nord Stream 1 restent à 40% et que l’Allemagne maintient le niveau de ses exportations vers les voisins européens, elle sera confrontée à une pénurie de gaz au début du mois de février 2023. Une échéance qui varie, bien sûr, selon la consommation et la quantité de GNL importé.

Pire, si la Russie coupe totalement ses livraisons de gaz à l’Allemagne – elle l’a déjà fait pour plusieurs autres pays européens -, et que cette dernière continue ses exportations, une pénurie la guetterait dès… la mi-décembre.

D’après Robert Habeck, à l’heure actuelle, arrêter les exportations n’est pas une option envisagée. L’Agence fédérale des réseaux n’y songe pas non plus, rapporte Business Insider. Après tout, le marché européen du gaz est économiquement et légalement interconnecté. L’Allemagne se dirige-t-elle alors délibérément vers un rationnement ? Pas encore, car elle espère réduire sa consommation cet été. Mais rien ne dit que cela suffira.

« Il ne faut pas attendre que la maison brûle »

Forcément, tous les acteurs du secteur sont à cran. C’est notamment le cas de la compagnie d’électricité allemande RWE. Pour son patron, si la Russie venait à couper le robinet vers l’Europe, c’est toute la solidarité européenne qui serait « mise à rude épreuve ». Du moins si le problème n’est pas réglé préventivement.

« Je ne suis pas tellement préoccupé par le fait que nous ne puissions pas trouver d’accord, mais il vaut mieux discuter des procédures d’urgence quand vous avez encore du temps et non quand la maison est en feu », a déclaré Markus Krebber au Financial Times. »Si vous n’opérationnalisez cela pas, alors vous vous retrouvez dans le chaos ».

Le patron de RWE craint que des pays comme le sien ou les Pays-Bas, qui importeront du gaz via la mer, ne soient accusés de thésauriser le combustible si les entreprises et les ménages ne sont pas traités de la même manière dans tous les États membres.

Selon lui, il faut mettre en place un cadre européen pour garantir l’approvisionnement de pays comme la République tchèque et la Hongrie, tout en veillant à ce que la définition des clients prioritaires soit équitable dans chaque pays. Il faudrait aussi, par exemple, que chaque État membre fixe les mêmes limites pour le chauffage des bâtiments publics.

« Des pays vont essayer de donner la priorité à leurs citoyens »

Les discussions sont en cours. Un « plan de solidarité » paneuropéen pour les livraisons de gaz doit être élaboré par la Commission européenne. L’objectif est qu’il soit établi d’ici un mois.

Une parfaite harmonie autour d’une question si épineuse semble toutefois difficilement envisageable. « La libre circulation de l’énergie est l’un des principaux piliers de l’UE », a ainsi épinglé auprès du FT James Waddell, analyste chez Energy Aspect. « Mais en cas de crise, le risque que le système soit soumis à de fortes pressions politiques est bien réel, les pays essayant de donner la priorité à leurs propres citoyens. ».

Catégories :REBLOG

1 réponse »

Laisser un commentaire