« À cause des goulots d’étranglement du gaz naturel, des industries entières risquent de s’effondrer définitivement : l’aluminium, le verre, l’industrie chimique », a déclaré Yasmin Fahimi, chef de la Fédération allemande des syndicats, au journal Bild am Sonntag.

Fahimi a mis en garde : « Un tel effondrement aurait des conséquences massives pour l’ensemble de l’économie et des emplois en Allemagne ».

Le ministre de l’économie, Robert Habeck, cité par Bloomberg samedi, a déclaré que le gouvernement s’efforçait de faire face à la flambée des coûts énergétiques pour les entreprises et les ménages. Il a prévenu il y a quelques semaines que l’Allemagne devait se préparer à de nouvelles coupures de gaz naturel.

L’Allemagne a récemment déclenché la « phase d’alarme » de son plan d’urgence du gaz naturel pour faire face aux pénuries, la crise énergétique étant loin d’être terminée dans la première économie d’Europe.

M. Habeck a également comparé la réduction de l’approvisionnement en gaz naturel russe et ses effets néfastes sur les industries à un catalyseur qui pourrait déclencher une crise semblable à celle de Lehman Brothers.

Le stratège en chef de la Deutsche Bank pour les devises, George Saravelos, a déclaré à ses clients il y a quelques jours qu’il était de plus en plus préoccupé par l’évolution de la crise énergétique en Allemagne.

M. Saravelos a souligné que la diminution de l’approvisionnement en gaz naturel de l’Allemagne et la flambée des prix de l’électricité qui en résulte ont créé d’énormes problèmes pour les industries et les services publics.

La plus grosse explosion de la semaine dernière a été celle de la compagnie allemande de gaz et d’électricité Uniper. Les actions de la société se sont effondrées parce qu’elle ne recevait que 40 % du gaz naturel de la Russie et que le reste devait être acheté sur le marché libre (en dehors des contrats à long terme), où les prix ont grimpé en flèche. Cela a créé une immense pression sur la compagnie, qui perd plus de 30 millions de dollars par jour, ou, si elle est annualisée, pourrait représenter une perte de 11 milliards de dollars.

Les risques d’une interruption totale de gaz naturel augmentent : « L’Europe devrait être prête au cas où le gaz russe serait complètement coupé », a récemment déclaré le chef de l’AIE, Fatih Birol, au Financial Times.

M. Saravelos a également déclaré à ses clients que si les problèmes d’approvisionnement de gaz naturel via Nordstream n’étaient pas résolus dans les semaines à venir, cela conduirait à une extension des perturbations énergétiques avec des effets immédiats importants sur la croissance économique et, bien sûr, une inflation beaucoup plus élevée, ou, comme il l’a dit, « au-delà des inquiétudes du marché concernant le ralentissement de la croissance mondiale ces derniers mois, ce qui se passe en Europe ces derniers jours est un nouveau choc d’approvisionnement négatif important ».

Tôt ou tard, l’Allemagne apprendra, si c’est à cause des perturbations économiques, que le fait de recevoir des signaux de vertu pour soutenir la guerre en Ukraine était une mauvaise idée.

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