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Les poissons se plaisent dans l’eau trouble (…) celui qui s’obsède dans l’exactitude dans les petites choses sera incapable, le moment venu, de faire de grandes choses (Vincent Chapin)

Les poissons se plaisent dans l’eau trouble (…) celui qui s’obsède dans l’exactitude dans les petites choses sera incapable, le moment venu, de faire de grandes choses.

 Hegel lui disait : la philosophie doit se garder d’être édifiante. Mais surtout, tout peut être vu bon, ou mauvais, selon la fantaisie du jugement de chacun. Ce qui importe, c’est la signification des évènements quant au fonctionnement de la société. Cela évite d’admirer des faits ou des situations qui sont structurellement liés à ce au sujet de quoi on trouve bon de s’indigner. Trouver l’indignation vertueuse, c’est préférer une forme de négation à l’action. C’est une même croyance aveugle dans la vertu qui a transporté les partisans les plus fanatiques du confinement : la mort épidémique ne peut avoir lieu, quoi qu’il en coûte. C’est toujours le dernier mot des fanatiques de la vertu. Bien sûr qu’il fallait accepter la perspective toute théorique des morts sans ciller. Boccace a eu la noblesse d’écrire le Décameron pendant la peste noire. Mais pour les puritains, comme furent Savonarole ou Robespierre, mieux vaut tuer tout le monde que de ne pas regarder le bricolage immoral du quotidien, en rire, et jouïr de la vie.

Le Hagakure, livre pragmatique et immoral par excellence, dit : ”les poissons se plaisent dans l’eau trouble (…) celui qui s’obsède dans l’exactitude dans les petites choses sera incapable, le moment venu, de faire de grandes choses. C’est pourquoi tel seigneur disait à ses hommes : allez-y, buvez et faites plein de transgressions. » Je n’imagine pas un samouraï s’indigner. Un samouraï est formé à trancher. C’est le sabre qui fait le bien et le mal.

L’indignation morale est un aveuglement volontaire sur l’absence de réalité de toute morale. Les positions morales des hommes sont réelles, mais contradictoires, et rien ne les confirme en dehors de qui tient le révolver. La morale est l’affirmation d’un ordre ou n’est rien. Parler ne suffit pas.

Pourquoi en 2020 les valeurs de la liberté ont-elles totalement disparu chez tant d’hommes face à la peur panique de la mort ? La réponse est dans la question : une forme de réalité a percé les apparences. L’affirmation pratique de la liberté est inexistante malgré les flots d’indignation. Les modernes ont perdu de vue toute hiérarchie vivante des valeurs et toute réalité. Ils ont préféré la mort à la vie et sacrifié les jeunes aux EPHAD de manière absolument stérile. Ils préfèrent aujourd’hui rapatrier des gens qui nous ont fait la guerre. La réalité d’un peuple, c’est sa chair et sa survie collective, pas des principes et des mythes aberrants qui nous amènent à défendre des morts, des prédateurs et des ennemis contre toute analyse objective de nos intérêts. Cet effondrement des valeurs est d’ailleurs un constat du texte cité.  

Via Vincent Chapin (Facebook)

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2 réponses »

  1. Depuis des années maintenant, la terre me paraît hantée. Des bêtes étrangères à toutes classifications zoologiques sévissent en d’indéfinissables configurations. On les appelle gouvernements. Blessures inguérissables faites sur toute la surface de la terre et que recouvre le tissu cicatriciel de notre présence vivante.
    Le problème de fond : je ne veux pas vivre dans ce monde mais je veux vivre.»
    (Jim Harrison)

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