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Uber Files : ce que disent les révélations sur Macron et Uber

Uber Files : ce que disent les révélations sur Macron et Uber

Alors que les freins réglementaires n’accordaient aucune hospitalité à Uber en France, Emmanuel Macron aurait « personnellement » joué un rôle clé dans l’intégration de la société de VTC dans l’économie.

Des discussions secrètes, entre Emmanuel Macron et Travis Kalanick, auraient permis à la société de VTC Uber de pénétrer le marché français sans trop de difficultés réglementaires et juridiques. Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), grâce à une investigation du journal anglais The Gardian, révèle que la société américaine serait venue en convoi faire du lobbying à Bercy et aurait reçu un accueil particulièrement chaleureux de la part de l’ancien ministre de l’Economie devenu chef d’État.

Les faits remontent au mois d’octobre 2014, au ministère de l’Économie, lorsque Emmanuel Macron aurait reçu le cofondateur d’Uber, son responsable du lobbying Mark MacGann ainsi que l’ancien conseiller de Barack Obama devenu vice-président d’Uber, David Plouffe. Ensemble, ils auraient tenu des échanges rapides (et efficaces !) pour mener à bien l’intégration d’Uber dans l’économie.

Une conversation jugée « spectaculaire », comme l’écrivait Mark MacGann dans un compte-rendu envoyé à ses collègues. « Un Meeting méga top avec Emmanuel Macron » grâce auquel le lobbyiste en chef concluait : « Du jamais-vu. Beaucoup de boulot à venir, mais on va bientôt danser 😉 » suivi de « La France nous aime après tout ». À cette heure, Uber n’avait pas encore les mêmes facilités qu’aujourd’hui et venait à peine la question de la concurrence déloyale et de l’encadrement du statut de travailleur indépendant pour les chauffeurs.

Un deal entre Uber et Macron pointé du doigt

Les journalistes derrière ces « Uber Files » dénoncent l’existence d’un deal, entre Emmanuel Macron et la société Uber, à l’heure où la Répression des fraudes avait les VTC d’Uber dans son collimateur. Avec l’ancien ministre de l’Économie, Travis Kalanick et ses équipes auraient trouvé un vrai « partenaire », avec qui un « deal » aurait été passé. En l’échange de la fermeture du service UberPop, qui permettait à tout le monde de devenir chauffeur, Emmanuel Macron aurait permis « une simplification des conditions pour devenir chauffeur VTC ».

« Les journalistes derrière ces “Uber Files” dénoncent l’existence d’un deal, entre Emmanuel Macron et la société Uber. »

L’Élysée a bien compris les reproches faits dans l’enquête et se défendait d’avoir cherché, en 2015 de réduire la durée de formation de 250 à 7 heures pour obtenir une licence de VTC. Dans une réponse à la consultation de l’ICIJ, le service de presse du chef de l’État a déclaré que ses anciennes fonctions « l’ont naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires ».

Des différents appels, SMS, comptes-rendus des rendez-vous récupérés par les journalistes d’investigation du Gardian, en ressort le message d’Emmanuel Macron appelant la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à ne pas se montrer « trop conservateur » à l’égard de la société Uber. Autre point clé des « Uber Files », la présence dans un décret promulgué de plusieurs amendements fournis par l’équipe de lobbying d’Uber et qui avaient été rejetés dans un premier temps par les différentes commissions.

Présence d’investisseurs français

Les « Uber Files » se penchent sur quatre années de croissance et 124 000 documents internes enregistrés de 2013 à 2017 chez Uber, dans lesquelles les discussions avec Emmanuel Macron font partie. D’autres chefs d’État sont cités, comme le Premier ministre israélien à l’époque, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre irlandais d’alors, Enda Kenny, et Toomas Hendrik llves, ancien président d’Estonie. En tout, 1850 parties prenantes auraient été ciblées par Uber pour pouvoir dépasser un cadre réglementaire aux batailles juridiques certaines.

« En tout, 1850 parties prenantes auraient été ciblées par Uber pour pouvoir dépasser un cadre réglementaire aux batailles juridiques certaines. »

En France, d’autres parties prenantes ont peut-être pesé dans l’équation de l’ancien ministre de l’Économie. Xavier Niel et Bernard Arnault (l’actuelle deuxième plus grosse fortune mondiale derrière Elon Musk), ont tous deux investi dans Uber. Le responsable du lobbying d’Uber avait très bien compris leur importance, plus que pour l’argent. « Nous n’avons pas besoin de leur argent en soi. Mais ils pourraient être des alliés utiles pour gagner la France » écrivait Mark MacGann, dans un e-mail.

David Plouffe, qui travaillait avec Barack Obama sur sa campagne en 2008, a rejoint Uber en 2014 et en devenait le responsable de la communication et des politiques. Lui aurait aurait joué un rôle clé dans le lobbying en faisant jouer son carnet d’adresses côté américain comme européen. Le but : « adoucir l’image d’Uber » – qui a connu d’autres affaires douloureuses comme celles des chiffres sur les agressions sexuelles de ses chauffeurs aux États-Unis.

En réponse aux « Uber Files », la spécialiste des politiques publiques d’Uber a déclaré que « les réunions de David n’ont pas empêché ou retardé quoi que ce soit. Elles ont simplement servi à montrer que nous avions des dirigeants responsables et matures dans l’entreprise qui seraient des homologues professionnels avec le gouvernement. »

« Un an après le gros des discussions avec Macron, Uber n’a pas ralenti son rythme en lobbying. »

Un an après le gros des discussions avec Macron, Uber n’a pas ralenti son rythme en lobbying avec 90 millions de dollars dépensés rien qu’en 2016. Dans ces dépenses, les « Uber Files » dénoncent des rémunérations sous la forme de prime aux équipes de lobbying à chacune de leur percée, sur un marché ou un autre, mais aussi des propositions d’avantages données aux politiques qui leur viendrait en aide sur la bataille réglementaire.

Pour défendre le bilan et les projections d’Uber dans l’économie et dans l’emploi des différents marchés, des économistes se seraient fait rémunérer. En France, le professeur à HEC Augustin Landier est pointé du doigt, lui qui a récemment publié l’ouvrage « Le Prix de Nos Valeurs ».

« La police ne pourra pas obtenir grand-chose »

En dix ans, aucune de ces informations n’avait été révélée dans la presse malgré de multiples tentatives de perquisitions, rien qu’en France. Mais les 4Uber Files”, dans l’un des points les plus à charge sur la société américaine, dénonçaient ses pratiques en toute conscience de « kill switch ».

Un terme informatique pour appeler le bouton d’arrêt d’urgence permettant à tous les ordinateurs d’un réseau – ici celui de Uber – de se déconnecter des serveurs sur lesquels se trouvaient les documents sensibles. « L’accès aux outils informatiques a été coupé immédiatement, donc la police ne pourra pas obtenir grand-chose, voire rien », avait dit David Plouffe à Mark MacGann, dans un appel en mars 2015 depuis Paris.

Un ex-juge d’instruction du pôle national financier que nous avons consulté considère que ce système, surnommé « kill switch », pourrait relever de l’article 434-4 du code pénal« Cela peut tomber sous le coup de la loi si on arrive à démontrer l’intention de procéder à une soustraction de preuve », abonde Sophie Sontag Koenig, maîtresse de conférence en droit à l’université Paris Nanterre et spécialiste des questions numériques.

« Nous avons utilisé cette technique tellement de fois que maintenant, le plus difficile, c’est de continuer à faire semblant d’être surpris ! »

Quatre mois plus tard, en pleine discussion avec le responsable d’Uber France, Thibaud Simphal, le lobbyiste en chef Mark MacGann aurait dit : « Ayez l’air confus lorsque vous ne pouvez pas obtenir l’accès. Dites que l’équipe informatique est à San Francisco et dort profondément. Et que de toute façon, tout cela est contrôlé par Uber BV [le siège de la société aux Pays-Bas], donc ils devraient écrire à Uber BV pour faire leur demande. » Thibaud Simphal lui aurait rétorqué : « Nous avons utilisé cette technique tellement de fois que maintenant, le plus difficile, c’est de continuer à faire semblant d’être surpris ! »

Sources : Presse-citronFrance TV

Uber Files : une gigantesque violation de données révèle un soutien secret de Macron et l’utilisation du « kill switch » en Belgique

Le journal britannique de référence The Guardian a reçu une fuite de données de plus de 124.000 documents impliquant Uber. Il expose les « pratiques éthiquement douteuses » que l’entreprise aurait utilisées pour se transformer en l’un des plus grands acteurs de la Silicon Valley.

L’entreprise aurait bafoué les lois en masse, se serait jouée de la police et aurait exploité la violence contre les conducteurs. Il convient de noter qu’Uber s’est montré particulièrement habile à faire pression sur les gouvernements étrangers dans le cadre de son expansion agressive. « Uber a essayé d’obtenir le soutien de Premiers ministres, de présidents, de milliardaires, d’oligarques et de barons des médias », écrit The Guardian.

Le journal britannique a partagé les données divulguées avec plus de 180 journalistes au sein de 40 entreprises de médias. Dans les prochains jours, Le Monde, la BBC et le Washington Post, entre autres, publieront leurs propres recherches sur le géant technologique.

La fuite concernerait des données datant de 2013 à 2017, dont quelque 83.000 courriels, iMessages et messages WhatsApp. Ceux-ci démontrent que le cofondateur Travis Kalanick, entre autres, aurait mené une politique impitoyable pour que l’application de taxi soit présente dans diverses villes du monde. « La violence garantit le succès », aurait proclamé Kalanick à ses cadres supérieurs. D’autres responsables d’Uber ont plaisanté en disant qu’ils étaient devenus des « pirates » et qu’ils étaient « tout simplement illégaux ».

Il y aurait également eu des messages entre Kalanick et le président français Emmanuel Macron. L’homme politique aurait secrètement aidé Uber lorsqu’il était ministre de l’Économie. Lui et son cabinet auraient eu des communications directes fréquentes avec Uber. Macron serait même allé si loin en faveur d’Uber qu’il aurait conclu « un accord secret » avec ses opposants au sein du gouvernement français pour aider l’application de covoiturage.

Neelie Kroes, ancienne membre de la Commission européenne, est également mentionnée comme une femme politique ayant secrètement fait du lobbying pour Uber.

Les hommes politiques qui ont pu résister à l’influence d’Uber, comme le chancelier allemand Olaf Scholz, ont été traités avec mépris par les dirigeants de l’entreprise californienne. M. Scholz, qui était maire de Hambourg à l’époque, voulait introduire un salaire minimum pour les chauffeurs Uber. « C’est un vrai comique », avait déclaré un responsable d’Uber à ce sujet.

« Kill switch » : également en Belgique

La fuite de données révèle également que des cadres supérieurs d’Uber auraient installé un « kill switch« , littéralement un « coupe-circuit » dans les bureaux de l’entreprise afin d’empêcher les forces de police et les régulateurs d’accéder à ses systèmes informatiques et à ses données internes.

Le coupe-circuit aurait été présent dans les bureaux de six pays différents. The Guardian parle « d’une opération mondiale sophistiquée menée par la société de la Silicon Valley pour déjouer les forces de l’ordre ».

Ce « coupe-circuit » aurait été utilisé 12 fois au total dans des pays comme la France, l’Inde, la Hongrie, la Roumanie, les Pays-Bas et la Belgique.

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