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La Hongrie renforce ses liens gaziers et nucléaires avec la Russie

La Hongrie renforce ses liens gaziers et nucléaires avec la Russie

By Alexandre Massaux 

contrepoints.org

3 min

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Si les pays de l’Union européenne jouent la carte des sanctions avec la Russie, la Hongrie choisit de se rapprocher de Moscou dans le domaine énergétique. Au début de la semaine, le régulateur nucléaire hongrois a donné son feu vert pour la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires par Rosatom, l’entreprise d’État russe spécialisée dans le domaine de l’énergie nucléaire.

De plus, le ministre des Affaires étrangères hongrois Péter Szijjártó a annoncé mercredi que la Hongrie a signé avec Gazprom un contrat à long terme pour l’approvisionnement en gaz. Celui-ci devrait assurer au pays un flux accru de 700 millions de m³ de gaz, une décision qui intervient au même moment que la fin de livraison de gaz russe à l’entreprise française Engie.

La Hongrie veut acheter 700 millions de mètres cubes de gaz supplémentaires à la Russiehttps://t.co/JmeApVoxLW pic.twitter.com/PCs1kbIOJt

Cette décision va totalement à contre-courant du reste de l’UE et montre les limites de l’unité européenne.

L’opposition continue de la Hongrie aux sanctions énergétiques

Ce traitement de faveur n’est pas surprenant. Il est le résultat d’une constante opposition du gouvernement hongrois aux sanctions vis-à-vis de la Russie en matière d’énergie. La Hongrie avait annoncé qu’elle allait payer son gaz en rouble, une condition que Moscou imposait après les sanctions.

Elle a aussi négocié une exemption de la part de l’UE sur l’embargo sur les importations de pétrole russe. Le transit de ce dernier a été arrêté en partie par l’Ukraine suite aux sanctions. Mais des routes alternatives sont désormais utilisées comme la Turquie (avec Turkstream), et la Serbie.

En août, le gouvernement hongrois a annoncé qu’il refuserait la moindre discussion sur de nouvelles sanctions énergétiques venant de l’UE. Le ministre des Affaires étrangères hongrois a déclaré : « les Hongrois n’ont pas à payer le prix de la guerre ».

Ave la coopération nucléaire et l’afflux accru de gaz décidé cette semaine, la Hongrie sort de plus en plus de l’ambiguïté. La crise énergétique est en train de pousser l’UE à la sobriété énergétique, mais la Hongrie choisit la carte de la coopération russe.

Cette politique s’explique en partie par la grande dépendance énergétique du pays envers la Russie. En Hongrie, 80 % du gaz et 65 % du pétrole proviennent de Russie, et la centrale nucléaire hongroise Paks est de construction soviétique. Les technologies restent entre les mains de la Russie. Et les hésitations des pays européens sur cette énergie n’ont pas aidé à développer une alternative européenne visant à remplacer Rosatom.

Un projet politique de distanciation de l’Occident et de non-alignement

La dimension économique est importante dans les affaires hongroises. Et la politique étrangère de Viktor Orban revêt des aspects assez mercantilistes. Mais il y a aussi un projet politique derrière.

Son gouvernement est l’un des rares en Occident, voire le seul, à avoir effectué un voyage officiel à Moscou depuis le début du conflit. En juillet, le ministre Szijjarto avait rencontré son homologue Lavrov.

Ces derniers mois, Viktor Orban a critiqué à plusieurs reprises la stratégie occidentale contre la Russie et tout particulièrement les sanctions. Plus récemment, il a aussi déclaré que la guerre en Ukraine signait la fin de la domination de l’Occident, pointant l’absence de sanctions contre la Russie venant de nombreux pays non occidentaux.

Cette stratégie n’est pas sans faire penser à la politique étrangère actuelle turque : membre de l’OTAN, mais maintenant de fortes relations avec la Russie.

Faut-il y voir une volonté de quitter totalement le bloc occidental de la part de Budapest ? Rien n’est moins sûr, la Hongrie reste principalement dépendante de l’économie européenne (et principalement de l’Allemagne). Et malgré ses mesures énergétiques, la Hongrie sera affectée en cas de problèmes économiques dans le reste de l’UE.

Mais cette politique à contrecourant va créer des remous politiques en Europe, surtout lorsque va arriver l’hiver.

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