Après trois jours d’interruption, le géant russe de l’énergie Gazprom devait reprendre aujourd’hui ses livraisons critiques de gaz naturel à l’Europe via Nord Stream 1, mais il semble que Poutine, qui apprécie un peu trop le jeu du chat et de la souris, avait d’autres plans et que les flux de gaz russe vers l’Europe ne reviendront pas de sitôt. Hier soir, Gazprom a annoncé qu’il avait « complètement interrompu » l’acheminement du gaz vers Nord Stream jusqu’à ce qu’une fuite de pétrole non détectée soit réparée.

Cela pourrait prendre des heures, des jours… ou des mois.

• GAZPROM PUBLIE UNE DÉCLARATION SUR LA MAINTENANCE DE NORD STREAM 1
• GAZPROM : LE TRANSPORT DE GAZ VERS LE GAZODUC NORD STREAM A ÉTÉ COMPLÈTEMENT ARRÊTÉ JUSQU’À CE QUE LES DÉFAUTS SOIENT CORRIGÉS
• GAZPROM : PENDANT LES TRAVAUX DE MAINTENANCE DE ROUTINE, UNE FUITE D’HUILE A ÉTÉ DÉTECTÉE
• L’APPROVISIONNEMENT EN GAZ DU NORD STREAM EST TOTALEMENT SUSPENDU
• LA DÉCLARATION DE GAZPROM NE DONNE AUCUN DÉLAI POUR LE REDÉMARRAGE DE L’APPROVISIONNEMENT EN GAZ PAR NORD STREAM 1

Voici une photo de la prétendue « fuite d’huile » :

Cette « évolution choquante » est un coup dur pour l’Europe, qui se démène pour remplir ses stocks de gaz avant l’hiver et qui essaie depuis des semaines de deviner les prochaines étapes de Moscou dans la guerre énergétique.

Pour reprendre les mots de Walter Sobchak, « marque zéro » dans un avenir proche.

Cela signifie que l’Europe sera désormais obligée de dépendre encore plus de… eh bien… gaz russe, sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL) beaucoup plus cher revendu par la Chine. Et après avoir chuté de plus de 50 % ces derniers jours, nous nous attendons à ce que les prix du gaz européen soient sur le point d’atteindre des sommets sans précédent dès la reprise des échanges lundi.

La nouvelle a rapidement fait retomber le S&P500 sous les 4000, car tout espoir de voir l’hyperinflation énergétique européenne prendre fin vient d’être balayé par le président russe.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prix du gaz naturel en Europe lorsqu’ils se réveillent le lundi matin (ou le dimanche soir) alors que l’Amérique célèbre le travail en ne travaillant pas ?

Samantha Dart de Goldman a les détails et ils ne sont pas beaux à voir…

Nous pensons que cela ravivera l’incertitude du marché quant à la capacité de la région à gérer le stockage pendant l’hiver, entraînant un rallye important à partir de lundi, qui pourrait imiter les sommets d’août, si le problème de NS1 n’est pas résolu. Cependant, nous réitérons notre point de vue selon lequel, même dans un scénario où NS1 reste à zéro, nous estimons que les marchés gaziers de l’Europe du Nord-Ouest peuvent s’équilibrer avec des prix TTF d’été de Bal dans une fourchette de 215-230 EUR/MWh (en fonction de la mesure dans laquelle les flux inférieurs de NS1 sont compensés par des réexportations allemandes de gaz russe plus faibles), par rapport à nos attentes TTF de 176 EUR avec NS1 à un flux de 20%.

Il est important de noter que nos scénarios de prix reposent sur notre estimation de l’élasticité de la demande de 1 million de mètres cubes par jour pour une variation de prix de 1,8 euro. Par conséquent, une baisse potentielle de l’élasticité de la demande observée représente un risque à la hausse pour nos prévisions de prix. Plus précisément, si l’élasticité de la demande devait diminuer de moitié, par exemple, par rapport à notre estimation initiale, nous estimons que des prix TTF pour la balance de l’été allant jusqu’à 290 EUR/MWh seraient nécessaires pour amener le stockage à 90% de sa capacité dans le cadre d’un scénario NS1 sans débit.

Une nouvelle remontée des prix du gaz en Europe à la suite de l’annonce de NS1 hier devrait également raviver le débat sur l’intervention du gouvernement sur les marchés, la plupart des déclarations des responsables publics allant jusqu’à présent dans le sens d’une intervention sur les marchés de l’électricité.

Nous mettons en garde contre le fait que, selon l’impact d’une telle intervention sur les prix de l’électricité, cela pourrait indirectement resserrer davantage les équilibres gaziers en incitant à une augmentation de la consommation d’électricité et, par conséquent, de la demande en gaz. Nous pensons plutôt que les enchères inversées menées par le gouvernement pourraient être une voie plus sûre, du point de vue de l’équilibre du gaz. Cela signifierait que les gouvernements rachèteraient du gaz directement aux utilisateurs industriels sur une base volontaire pour le placer en stockage. Comme il s’agirait d’une forme de destruction de la demande de gaz indépendante des prix du gaz, cela contribuerait à garantir la constitution de stocks tout en supprimant la charge de l’ajustement des prix, ce qui entraînerait finalement une baisse des prix du gaz et de l’électricité par rapport à un scénario sans enchères.

Comme le dit Bloomberg, « cela marque une escalade dramatique dans la crise énergétique de l’Europe – et arrive juste au moment où les prix se détendaient. Si la fermeture persiste, elle met en danger les ménages, les usines et les économies, affaiblissant la main de l’Europe qui soutient l’Ukraine dans la guerre contre la Russie ». Autrement dit, des millions de bien pensants auront froid, faim et seront dans le noir cet hiver, mais au moins ils auront un drapeau ukrainien dans leur bio Twitter.