• L’Union européenne a réussi à remplir ses stocks de gaz avant la date limite, et au-delà des objectifs fixés.
• Le Financial Times : certains membres de l’Union européenne estiment que les mesures proposées jusqu’à présent ne vont pas assez loin pour lutter contre la crise.
• Les pays de l’UE sont sur la corde raide entre la hausse de l’inflation et des factures d’énergie et l’augmentation de la dette.

Des taxes exceptionnelles, le rationnement de l’électricité et le plafonnement des prix du gaz importé : telles sont les principales idées que l’Union européenne a produites alors qu’elle s’efforce de contenir une pénurie d’énergie qui a pris des proportions démesurées. Le bloc est parvenu à remplir ses stocks de gaz avant la date limite et au-delà des objectifs fixés, et c’est peut-être la seule bonne nouvelle de cette année. L’UE est également parvenue – volontairement et moins volontairement – à réduire ses importations de gaz en provenance de Russie de 41 % à 9 %.

Elle a cependant payé un prix élevé pour cela, et continue de le faire : les importations coûteuses de gaz naturel liquéfié (GNL) rendent la production d’électricité à partir de gaz plus onéreuse et les produits issus des processus impliquant du gaz naturel moins compétitifs. L’inflation énergétique étant toujours aussi forte, la question est maintenant de savoir si l’UE en a fait assez pour passer l’hiver sans trop de mal.

« La crise énergétique de l’Europe commence seulement maintenant à faire sentir ses effets, car les augmentations des prix de gros se répercutent encore sur les factures des entreprises et des ménages », a déclaré Simone Tagliapietra, spécialiste de l’énergie au sein du groupe de réflexion belge Bruegel, cité par le FT cette semaine.

« Le coût pour l’économie va devenir beaucoup plus important ».

Les gouvernements européens cherchent frénétiquement des moyens de réduire cette douleur avant qu’elle ne frappe vraiment, y compris le président français Emmanuel Macron qui conseille aux entreprises françaises de ne pas signer de nouveaux contrats d’approvisionnement en électricité avec des « prix fous. » Il a fait valoir que le gouvernement parviendrait à vaincre l’inflation énergétique. Les entreprises françaises semblent sceptiques.

Pendant ce temps, le FT rapporte que certains membres de l’Union européenne pensent en fait que les mesures proposées jusqu’à présent ne vont pas assez loin pour lutter contre la crise. Pourtant, leurs appels à plus d’action augmentent le risque d’agitation sociale, ce qui est la dernière chose que les gouvernements européens voudraient avoir sur les bras dans un hiver de récession de plus en plus inévitable.

« Il y a certainement des gens autour de la table qui pensent que ce n’est pas suffisant et qu’il faut en faire plus », a déclaré le FT citant un diplomate européen anonyme.

« Nous n’avons aucun intérêt à ce que les prix de l’énergie provoquent l’instabilité dans les États membres – ce serait la recette d’un désastre. »

Apparemment, l’idée principale de ceux qui demandent que l’on en fasse plus est d’imposer un plafond de prix sur toutes les importations de gaz dans l’UE – une idée contre laquelle la Commission a mis en garde, affirmant qu’elle présentait un « risque de déclencher des ruptures d’approvisionnement ». En d’autres termes, les vendeurs de gaz pourraient bien refuser de vendre à un prix plafonné.

Pendant que les politiciens se creusent les méninges pour trouver des solutions, des protestations ont déjà lieu. Des dizaines de milliers de Tchèques protestent à nouveau, en mettant l’accent sur la politique étrangère de leur gouvernement, que les manifestants accusent d’être responsable des factures énergétiques exorbitantes.

Les Allemands ont également manifesté au début du mois, et bien que ces protestations ne représentent qu’une fraction de ce qui se passe en République tchèque, elles suggèrent que les gouvernements doivent être extrêmement prudents quant aux mesures qu’ils mettent en œuvre pour faire face à la crise.

En fait, une récession pour l’Europe est déjà presque certaine. Le président de la Banque mondiale, David Malpass, a déclaré dans un discours ce mois-ci que la probabilité d’une stagflation en Europe augmentait, tout comme le risque de récession.

M. Malpass a souligné que la combinaison de taux d’intérêt élevés, d’une forte inflation et d’un ralentissement de la croissance constituait les éléments d’une tempête parfaite qui engloutit le continent et la majeure partie du monde.

L’économiste Mohamed El-Erian, président du Queen’s College de Cambridge, a déclaré ce mois-ci que la récession était pratiquement une certitude pour l’Union européenne en raison de l’absence de plan clair sur la manière de faire face à la pénurie d’approvisionnement qui a frappé les pays européens.

L’Europe entre donc dans une tempête parfaite d’inflation, de hausse des taux d’intérêt, de pénurie d’énergie et de manque d’options réalistes pour faire face à la tempête. C’est tout un plat, et l’Europe a clairement du mal à le gérer. Mais si le problème immédiat est de survivre à cet hiver sans que les gouvernements ne soient renversés, le plus gros problème est que la fin de la crise n’est pas en vue.

La plupart des commentateurs experts semblent s’accorder sur le fait que la crise durera quelques années, ce que confirment les données du marché. Rystad Energy, par exemple, a récemment prévu un déficit d’approvisionnement en gaz en Europe pour les trois années comprises entre 2023 et 2025 en raison de l’ambition de l’Europe de remplacer entièrement les approvisionnements en gaz russe par du GNL.

« S’il vous plaît ne paniquez pas » : La France puise dans sa réserve stratégique après une panne sèche dans les stations-service

PAR JADE · PUBLIÉ 6 OCTOBRE 2022 · MIS À JOUR 6 OCTOBRE 2022 Aube Digitale

Par Tyler Durden pour Zero Hedge,

Il y a des raisons « exceptionnelles » de vider sa réserve de pétrole – comme, par exemple, l’approche des élections de mi-mandat qui ne vous donnent absolument aucun droit de vider la réserve stratégique d’un pays, mais vous le faites quand même dans l’espoir de récolter quelques voix d’idiots qui ne réalisent pas que le pétrole atteindra des sommets juste après les élections – et puis il y a des raisons exceptionnelles.

L’administration Biden, bien sûr, est confrontée à une urgence, entre guillemets…

… tandis que la France est sur le point d’être frappée par quelque chose de très grave.

Plusieurs jours après avoir appris que les stations-service françaises étaient à court d’essence en raison des longues grèves dans les raffineries de pétrole, le gouvernement français a déclaré aujourd’hui que la France avait puisé dans ses réserves stratégiques de carburant pour réapprovisionner les stations-service à sec, dans un contexte de grèves continues des travailleurs qui ont ralenti la production des raffineries et bloqué les livraisons d’essence.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Veran, a reconnu l’existence de « tensions », mais a déclaré qu’il n’y avait pas de pénurie de stocks de carburant au niveau national. Il a exhorté les consommateurs à ne pas acheter dans la panique, ce qui est bien sûr le moyen le plus sûr d’encourager les achats de panique, les longues files d’attente, le rationnement et toutes les scènes hideuses de ces photos en noir et blanc des années 1970.

Dans la région des Hauts-de-France, la plus touchée, les autorités n’ont même pas pris la peine de rationner et ont interdit purement et simplement la vente d’essence et de diesel dans des jerricans et autres récipients portables.

« Nous suivons évidemment de très, très près la situation avec les opérateurs et, ici et là, lorsque c’était nécessaire, nous avons utilisé nos stocks stratégiques pour permettre l’approvisionnement des stations », a déclaré M. Veran aux journalistes.

Le mouvement de grève des membres de la CGT de TotalEnergies a perturbé le fonctionnement de deux raffineries et de deux installations de stockage, tandis que deux raffineries d’Exxon Mobil connaissent des problèmes similaires depuis le 20 septembre. L’action syndicale a mis hors service plus de 60 % de la capacité de raffinage de la France.

Veran a déclaré qu’environ une station-service sur dix au niveau national connaissait des pénuries, mais que dans le nord, ce chiffre était plus proche d’une sur trois.

Le bon côté des choses : l’UFIP (Union française des industries pétrolières) a déclaré que les pénuries aux pompes à essence étaient dues à la logistique et non à un approvisionnement insuffisant. « Il n’y a pas de pénurie d’approvisionnement due aux grèves », a déclaré un porte-parole de l’UFIP.

La CGT exige de TotalEnergies une augmentation de salaire de 10 % afin de rattraper l’inflation galopante, un plan d’investissement massif et l’embauche de travailleurs temporaires, a déclaré Thierry Defresne, délégué syndical. Jusqu’à présent, la direction a refusé une augmentation salariale de rattrapage pour 2022, et veut seulement négocier les salaires de 2023, a-t-il ajouté.

L’UFIP a précédemment déclaré que la France dispose de suffisamment de réserves stratégiques de produits pétroliers pour couvrir la demande moyenne pendant environ trois mois. TotalEnergies a déclaré avoir augmenté ses importations et disposer de stocks supplémentaires « qui pourraient durer entre 20 jours et un mois. »

Après cela, la France sera effectivement paralysée, sauf que ce ne sera pas la faute de Poutine mais des syndicats.

Il y a pire : les pannes dans le secteur du raffinage en France créent de l’incertitude dans le commerce du pétrole raffiné, dans un contexte de forte saison de maintenance des raffineries de pétrole en Europe cet automne. « Les grèves se poursuivent sans relâche », a déclaré le syndicat dans un communiqué mercredi soir, ajoutant que « les négociations salariales sont loin d’être terminées. »

Encore quelques semaines de ce chaos, et il importera peu que les syndicats parviennent à un accord : La France n’aura plus de réserves stratégiques pour de bon et chaque baril supplémentaire coûtera tellement plus cher.

Et tandis que nous compatissons avec les Français, nous ne pouvons qu’espérer que Biden regarde ce qui se passe en France et comprenne à quoi ressemble une véritable urgence et pourquoi drainer la réserve stratégique de pétrole pour des raisons purement égoïstes se retournera contre lui de façon spectaculaire…

Traduction d’Oil Price par Aube Digitale