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L’ère des banques centrales toutes puissantes est révolue (Charles Hugh Smith)

L’ère des banques centrales toutes puissantes est révolue

L’ère des banques centrales toutes-puissantes est révolue pour une raison simple : elles ont échoué :  elles ont abandonné leurs citoyens, leurs nations, et elles ont abandonné le monde. Leurs politiques ont poussé les inégalités de richesse et de revenus à des extrêmes qui ont déstabilisé les sphères sociales, politiques, économiques et environnementales de la planète.

Comme je m’efforce de l’expliquer depuis de nombreuses années, c’est le seul résultat possible de la domination de la banque centrale.  Une fois que la finance devient le principal moteur de tout le reste, elle déforme tout en une machine à écrémer qui profite à quelques-uns ayant accès au financement de la banque centrale aux dépens de tous les autres.

Une fois que la finance domine, le « marché » et le gouvernement deviennent les serviteurs de la finance.  Je dis « marchés » parce qu’une fois les marchés financiarisés, ils servent les intérêts des cartels et des monopoles et cessent d’être des marchés.

Le gouvernement, quelle que soit la « marque » annoncée, devient une vente aux enchères où le plus offrant prend le contrôle de la gouvernance et de la réglementation, qui sont destinées à servir les intérêts de quelques-uns ayant accès aux largesses de la banque centrale.

Comme l’illustrent les graphiques ci-dessous, il s’agit des 0,1 % les plus riches , avec un « ruissellement » substantiel vers les 1 % et les 10 % les plus élevés. Les 90% les plus pauvres ont perdu du terrain non seulement économiquement mais aussi politiquement et socialement.

La façon dont les banques centrales créent et distribuent le crédit/la monnaie entraîne la domination de la finance et cette domination a conduit à la distorsion et à la ruine de l’économie et de la société.  De vastes inégalités sont la norme partout, car le système de la banque centrale est partout.

Les banques centrales sont la source d’inégalités déstabilisatrices ; ils ne peuvent pas corriger les inégalités.  Tant que la finance dominera les « marchés » et les gouvernements, elle ne pourra pas non plus corriger les inégalités.

Les banquiers centraux et les autorités gouvernementales sont conscients que le système s’effondre en raison des inégalités extrêmes qu’ils ont créées. Ils tentent de concilier cette contradiction – la finance transforme le monde entier en une machine à écrémer qui ne peut qu’exacerber les inégalités – avec, oui, quoi d’autre ? Finance.

Ainsi, les banques centrales se préparent à déposer de nouveaux « argent » directement sur des comptes chèques et les gouvernements réfléchissent à des impôts exceptionnels, des impôts sur la fortune, etc. .

Le jeu des banques centrales sur la finance est la source de l’instabilité. Maîtriser l’argent gratuit des banques centrales pour les financiers et les copains est la première étape nécessaire pour renverser la finance en tant que force dominante sur les marchés, la gouvernance et la machine d’écrémage planétaire que la finance a créée.

Soit le pouvoir est pris aux banques centrales, soit les vastes inégalités qui résultent de la domination des banques centrales démantèleront tout le système. Faites votre choix, mais les distorsions s’accélèrent et le temps presse. 

« On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels »

Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu’il importe de connaître. On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde. Écoutez Corday, sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent.

« Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amasse à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux. »

Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Ils en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux.

Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerre de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible. Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale.

« L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur ».

Quelle étrange manie! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres. Notre salut c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.

Salut et Fraternité

Anatole France – L’Humanité (18 Juillet 1922)

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