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Inde, Chine, Émirats arabes unis, Arabie saoudite : l’Asie s’active pour s’éloigner du roi dollar

Inde, Chine, Émirats arabes unis, Arabie saoudite : l’Asie s’active pour s’éloigner du roi dollar

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Les deux plus grandes puissances d’Asie veulent diminuer leurs transactions en dollars. Elles viennent de lancer les hostilités pour convaincre les Émirats arabes unis de les accompagner.

Les sanctions occidentales prises à l’encontre de la Russie en raison de la guerre en Ukraine ont montré qu’il valait mieux ne pas trop dépendre du dollar – des milliards d’avoirs russes en dollars ont été gelés. La Chine et l’Inde semblent l’avoir bien compris. Les lignes bougeraient-elles ?

Dans l’actu : l’Inde et les EAU discutent pour utiliser la roupie indienne.

  • L’Inde et les Émirats arabes unis (EAU) sont en train de discuter autour de l’échange de produits de base non-pétroliers en roupies indiennes.
  • Pékin a également frappé à la porte d’Abou Dabi avec une initiative similaire (en yens) dans ses valises.

Le détail : confirmation émiratie.

  • L’information émane du ministre émirati du Commerce extérieur en personne, le Dr Thani Al Zeyoudi
  • « Oui, nous sommes en discussion avec les Indiens », a-t-il confirmé à un journaliste de Reuters lui demandant si son pays envisageait de faire du commerce avec l’Inde en roupies.
    • L’an dernier, l’Inde et les Émirats arabes unis ont signé un accord bilatéral visant à porter leurs échanges non-pétroliers à 100 milliards de dollars d’ici 2027.
  • Selon le responsable émirati, des discussions ont également commencé avec la Chine pour des échanges en yens, mais ils ne sont « pas à un stade avancé ».

Les explications : le Golfe regarde vers l’Asie.

  • Le dollar domine outrageusement le commerce international, et les pays du Golfe ne font pas (du tout) exception à la règle.
  • « Nous devons être réalistes, nous planifions nos budgets en fonction des dollars (américains), ce n’est donc pas un mouvement qui se fait du jour au lendemain », a expliqué le ministre émirati. « Il y a une discussion […] mais nous gérons cela d’une manière qui n’entre pas en conflit avec les intérêts généraux de la nation. »
  • Du côté de l’Inde et de la Chine, on demande à effectuer les transactions en roupies et en yens car cela permettrait, entre autres, de réduire les coûts de transaction.
  • Les Émirats arabes unis pourraient être tout particulièrement sensibles à leur demande dans la mesure où, depuis quelques mois, ils se tournent de plus en plus vers l’Asie pour le commerce. Outre un accord avec l’Inde, ils en ont passé un récemment avec l’Indonésie et ils sont en passe d’en conclure un autre avec le Cambodge.
  • Comme le précise Business Insider, le ministre saoudien des Finances a lui aussi indiqué il y a quelques jours que son pays était prêt à faire du commerce dans des devises autres que le dollar.

Poszar avait raison : Les Saoudiens confirment leurs projets de commerce pétrolier sans dollar à Davos

Au début du mois, Zoltan Pozsar, ancien gourou des opérations de pension de la Fed de New York, a rédigé l’un de ses rapports les plus importants de l’année 2022, dans lequel il décrit comment Poutine pourrait déchaîner l’enfer sur le système financier occidental en exigeant que les exportateurs de pétrole russes soient payés en or au lieu de dollars, ce qui reviendrait à rattacher le pétrole à l’or et à lancer Petrogold.

Ensuite, la visite du président chinois Xi aux dirigeants saoudiens et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a marqué la naissance du pétroyuan et un bond dans l’empiètement croissant de la Chine sur les réserves de pétrole et de gaz de l’OPEP+ : en effet, avec le sommet Chine-CCG, « la Chine peut désormais prétendre avoir établi une « relation spéciale » non seulement avec le signe « + » de l’OPEP+ (la Russie), mais aussi avec l’Iran et l’ensemble de l’OPEP+ ».

 

À l’époque, Zoltan a exhorté le lecteur à penser au timing de cette déclaration dans un sens diplomatique :

 

« Le président Xi a communiqué son message sur la « facturation du renminbi » non pas au cours du premier jour de sa visite – lorsqu’il a rencontré uniquement les dirigeants saoudiens – mais au cours du deuxième jour de sa visite – lorsqu’il a rencontré les dirigeants de tous les pays du CCG – pour signaler ce qui suit :

« pétrole du CCG coulant vers l’Est + facturation en renminbi = l’aube du pétroyuan ».

Et maintenant, selon Bloomberg, l’Arabie saoudite est ouverte aux discussions sur le commerce dans des monnaies autres que le dollar américain, selon le ministre des finances du royaume.

« Il n’y a aucun problème à discuter de la manière dont nous réglons nos accords commerciaux, que ce soit en dollar américain, en euro ou en riyal saoudien« , a déclaré Mohammed Al-Jadaan à Bloomberg TV mardi lors d’une interview à Davos.

« Je ne pense pas que nous écartions ou excluions toute discussion qui contribuerait à améliorer le commerce dans le monde », a ajouté Al-Jadaan.

Et faisant écho aux commentaires de Poszar ci-dessus, Al-Jadaan a semblé confirmer l’objectif du Royaume de chercher à renforcer ses relations avec ses partenaires commerciaux cruciaux, plus particulièrement la Chine :

« Nous entretenons une relation très stratégique avec la Chine et nous entretenons la même relation stratégique avec d’autres nations, notamment les États-Unis, et nous voulons développer cette relation avec l’Europe et d’autres pays qui souhaitent et peuvent travailler avec nous », a déclaré Al-Jadaan.

L’Arabie saoudite collabore également avec des institutions multilatérales pour apporter un soutien au Pakistan, à la Turquie et à l’Égypte, dans le cadre des largesses du royaume envers les nations qu’il juge « vulnérables », a ajouté Al-Jadaan.

« Nous fournissons même du pétrole et des produits dérivés pour soutenir leurs besoins énergétiques », a déclaré Al Jadaan.

« Il y a donc beaucoup d’efforts, mais nous voulions que cela soit mené ».

 

Il ne semble pas que l’administration Biden soit en haut de la planification stratégique du Royaume ; et étant donné les commentaires du FinMin du Royaume, l’avertissement sinistre de Zoltan semble de plus en plus proche de la réalité : « Le crépuscule pour le pétrodollar… et l’aube pour le pétroyuan ».

« Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème »

Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème.

John Bowden Connally, Jr. (1917 – 1993), ancien secrétaire au Trésor dans l’administration Nixon. Déclaration faite à une délégation européenne s’inquiétant des fluctuations du dollar américain.

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