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Ecologie pratique et prix des matières premières par Jeannette Williner

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Ecologie pratique et prix des matières premières par Jeannette Williner

Les prix des matières premières obéissent à des paramètres bien précis. Leur évolution peut paraître irrationnelle, mais il n’en est rien: tout au plus son amplitude peut revêtir une certaine exagération. On est loin de la fin d’une reprise économique et pourtant un courant haussier soutenu se manifeste, au moins temporairement. Des éléments particuliers sont venus troubler un bel ordonnancement traditionnel.

 

 

 

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Si certains attendaient de Davos, non pas une décision mais une simple prise de position à l’égard de l’influence de la spéculation sur les prix des matières premières, ils se sont, dès le départ, lourdement trompés. Seul le rapport d’ouverture citait la hausse des matières premières comme l’une des cinq menaces au bien-être des Nations.  Au-delà de ce constat, il ne fallait rien espérer.

GEORGES SORROS A DAVOS

L’inflation, c’est une évidence, il ne peut qu’y en avoir. Sa frange la plus sérieuse touche les produits alimentaires. Lorsque les Etats n’ont plus de crédit, ou que l’argent public est détourné pour différentes raison, ils ne se portent plus acquéreurs d’huile, de sucre, de farine…sur les marchés internationaux. On a constaté la Tunisie; on observe la Jordanie où les Bédouins ne sont pas un problème mais bien les concentrations de camps de réfugiés et où le gel des prix n’est qu’une solution transitoire; on relève que le Maroc vient de lancer un appel d’offres pour acquérir 255000 tonnes de céréales. Contrôler la spéculation sur les denrées alimentaires est une partie de la solution. Reconnaître que les biocarburants portés aux nues lors d’années de surplus font beaucoup de tort en années de pénurie serait plus réaliste. Peter Brabeck l’avait constaté en s’attachant plus particulièrement aux quantités d’eau requises pour un litre de biocarburant. Il n’avait peut-être pas anticipé avoir raison en moins d’un lustre.

Au moment présent, le Brent à 100 dollars frappe les esprits et l’on constate qu’après tout le brut est incontournable. Pourtant ce serait faire preuve d’une légèreté impardonnable que de compter sur le brut pour s’assurer une rentabilité durable du capital investi. Il est évident que les pétroliers ne vont pas se tourner volontiers vers le gaz naturel: les investissements sont coûteux et après tout il y a encore beaucoup de pétrole à exploiter sur cette planète. Par ailleurs, les promoteurs de nouvelles énergies ne sont pas bien accueillis. Ils ont besoin d’être soutenus pour s’imposer. Soit par le biais des industries offrant des biens de consommation n’utilisant plus de brut (chaudières, climatisations, gros outillages, voitures… Pourtant, le changement sera peut-être moins long qu’on l’imagine. Un accident comme Deepwater n’est pas tolérable dans l’esprit américain même lorsque les dégâts sont payés car leurs conséquences restent entières. Pourtant, dans la situation actuelle, les forages en eau profonde ne peuvent être éliminés, à moins de trouver des remplaçants au brut.

Et tout à coup, Américains et Canadiens ont beaucoup d’idées.

Pour les seconds passés depuis longtemps maîtres dans l’exploitation du bois, on constate qu’ils ont tirés les…Chinois derrière eux! Sino-Forest, cotée à Toronto est chinoise. Car les Chinois savent travailler prés des vrais spécialistes dans un esprit d’apprentissage. Le Canada met également au point des procédés d’extraction plus performants pour les récoltes de grains.

Surprenant, mais soudain les Américains ont découvert que l’environnement électronique coûtait très cher en énergie. En Europe, on entend beaucoup parler voitures mais peu informatique. Déjà la solution américaine est plus qu’en gestation. De nouveaux écrans moins gourmands sont à l’essai : les écrans OLED, sigle anglo-saxon pour désigner un polymère émettant de la lumière organique, remplaceraient des écrans à cristaux liquides (LCD) quatre fois moins économiques. Le solaire est de moins en moins cher au fil de la recherche et peut satisfaire à beaucoup d’usages de confort domestiques et industriels.

Mais le réveil est encore plus brutal lorsqu’un Américains, et surtout le président de la FedEx, relève la pollution engendrée par sa seule entreprise chaque jour au travers de 670 avions et 70.000 véhicules motorisés qui presque tous roulent au brut.

 En 2009, 43% des émissions de CO2 ont été produites par les Etats-Unis. FedEx a décidé de passer progressivement sur véhicules électriques et la conversion de l’entreprise ne prendra pas des années. De plus, elle contribuera au développement de véhicules plus performants et convaincra d’autres entreprises de l’imiter. La voiture individuelle aura alors des pistes autres qu’expérimentales.

Comme par hasard, et quasi simultanément, le président Obama propose de diminuer les subventions accordées à l’industrie du pétrole et du gaz et d’attribuer le montant concerné aux constructions d’immeubles commerciaux moins dévoreurs d’énergie. United Technologies, Honeywell, Emerson Electric parmi les plus importantes, font déjà ce genre de démarche. Il est évident que ces entreprises pourraient bénéficier de crédits d’impôts non négligeables. Si les Américains attaquent le problème de cette façon concrète (tout à fait chinoise au demeurant), l’Europe pourrait avoir de grandes surprises. Il ne suffit pas de lever des impôts supplémentaires pour satisfaire la fibre soi-disant verte de certains, et pas davantage de se plaire en attaques verbales en tout genre à l’égard de tel ou tel pays, mais d’agir. Rien ne l’en empêche, surtout pas la crise!

Jeannette Williner Analyste indépendant fev11

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