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Le socialisme de l’excellence, par Jean-Marc DANIEL

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 Le socialisme de l’excellence, par Jean-Marc DANIEL

Le capitalisme survivra à la présente crise, comme à toutes les précédentes. En revanche, cette crise a montré l’urgence des réformes à accomplir. Comment répondre à ce besoin ? Comment proposer un socialisme rénové mais s’inspirant dans ses principes de ceux des grands précurseurs ‘

Cinq idées-forces semblent émerger : la principale source d’injustice sociale n’est pas l’écart de revenus entre riches et pauvres, mais la consolidation des rentes au détriment des talents ;

la généralisation de la concurrence, et non les nationalisations, réduira les inégalités ;

 il faut bannir l’inflation, car elle débouche sur des redistributions inégalitaires des revenus sans garantir le plein emploi ;

la politique budgétaire doit faire de l’impôt un régulateur conjoncturel et de la dépense publique le moyen d’améliorer les conditions de vie des plus démunis ;

l’acceptabilité de toute politique de réformes repose sur un message réaliste et honnête combiné à un réel enthousiasme dans sa mise en oeuvre. C’est sur ces cinq principes fondamentaux, soutient Jean-Marc Daniel, que l’on peut et que l’on doit bâtir une nouvelle politique socialiste.

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EN COMPLEMENT : Un socialisme décoiffant

Pour aider vraiment les pauvres, les socialistes devraient promouvoir la concurrence et non l’Etat. Une analyse à la fois dérangeante et éclairante. « Le socialisme de l’excellence » par Jean-Marc Daniel, François Bourin Editeur, 182 pages, 19 euros)

socialistes, il est temps d’oublier Karl Marx ! En ces temps troublés, le message de l’économiste Jean-Marc Daniel peut paraître légèrement décalé. Il est pourtant crucial, car il explique l’erreur d’optique qui a envoyé la gauche française dans le décor depuis plus d’un siècle. Pour ce faire, le professeur de l’ESCP Europe revient à sa passion, l’histoire économique, qu’il exprime notamment dans ses chroniques matinales sur la radio BFM Business. Il rappelle que l’Anglais David Ricardo distinguait au début du XVIII e siècle trois classes sociales : les travailleurs qui perçoivent les salaires, les capitalistes rémunérés par les dividendes et les rentiers qui touchent un loyer. Marx s’en est pris aux capitalistes, prônant la suppression de la propriété privée. Depuis, les gouvernements de gauche s’acharnent à étendre l’emprise de l’Etat pour réduire le champ des capitalistes. Ils multiplient ainsi les rentes. Or le vrai problème, c’était justement le rentier. C’est lui qui accapare injustement les richesses créées.

David Ricardo 

Une vraie politique socialiste, explique Jean-Marc Daniel, cherche à réduire le nombre de pauvres et pas le nombre de riches, à encourager les talents et non les positions acquises. Elle doit alors chasser les rentes, promouvoir la concurrence privée et non les monopoles publics. D’où des propositions iconoclastes qui vont tellement à l’encontre de l’évangile rabâché par les dirigeants du PS depuis des décennies qu’elles seront inaudibles : suppression du statut de la fonction publique (car les fonctionnaires sont de petits rentiers), privatisation de la Sécurité sociale et des universités, création de fonds de pension, remplacement de l’impôt progressif sur le revenu par une augmentation de la CSG à taux unique, remboursement systématique de la dette publique (car elle revient in fine à taxer riches et pauvres pour rembourser de l’argent à ceux qui avaient les moyens de prêter à l’Etat : les riches).

La rente, une des clefs du XXI e siècle
 
Il paraît peu vraisemblable que Daniel soit appelé à finaliser le programme économique du PS, même si son raisonnement comme ceux de la Rue de Solferino, est parfois obscur ou inachevé. Certains salariés du privé sont aussi par exemple en situation de rente. Et l’analyse de la finance est trop sommaire. Mais le propos est solidement charpenté, bien écrit et truffé de références (par exemple aux deux Lange, «  Oskar le Polonais, qui comprit que le marché était la façon la plus efficace de tenir les promesses du socialisme ; David le Néo-Zélandais, qui mena une politique de rupture vers la liberté économique et la reconnaissance des talents »). Surtout, il actualise la notion de rente, qui avait été au coeur du débat au XIX e siècle, qui en avait disparu au XX e siècle et qui sera l’une des clefs de compréhension du XXI e siècle. Un éclairage précieux.

source Les Echos 24/3/11

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