La plus grande erreur de prévision en 2011 Par Andreas Höfert
La faiblesse de la croissance américaine n’a eu, paradoxalement, que très peu d’impact sur les marchés – tout au moins en début d’année

La première partie de 2011 est derrière nous. Printemps arabe, catastrophes naturelle et nucléaire au Japon, crise de la dette grecque, questionnement de l’euro et menace de rétrogradation de la note de crédit des Etats-Unis sont sans doute les événements ayant le plus marqué les marchés durant le premier semestre.
Si certains de ces événements étaient de nature imprévisible, d’autres furent l’enchaînement logique et prévu d’évolutions déjà perceptibles en 2010. Pourtant, dans cette période de forte volatilité, une des plus grandes erreurs de prévision économique de 2011 n’a eu, paradoxalement, que très peu d’impact sur les marchés – tout au moins en début d’année: la faiblesse de la croissance américaine.

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Avec un programme d’impulsion fiscale de près de 800 milliards de dollars doublé d’un programme d’impulsion monétaire de 600 milliards de dollars aux Etats-Unis, presque tous les prévisionnistes tablaient, à la fin de 2010, sur un taux de croissance exceptionnellement haut au premier trimestre 2011. Ce ne fut pas le cas. La croissance américaine passait de 3,1% fin 2010 en glissement annuel à seulement 1,8% sur les trois premiers mois de 2011. L’Allemagne affichait durant la même période une vigoureuse croissance de près de 6%.
Normalement, lorsqu’un économiste se trompe, plutôt que de le reconnaître, il préfère se défendre. Sa première excuse consistera sans doute à affirmer qu’il a raison, mais que ses prévisions ne se réaliseront que «plus tard». Selon cette tactique, bon nombre d’économistes avaient donc repoussé dès la mi-avril le boom américain au deuxième trimestre 2011. Seulement voilà, les indicateurs concomitants et avancés de la conjoncture américaine suggèrent à présent que le deuxième trimestre pourrait se révéler encore plus faible en termes de croissance que le premier.
Ce qui oblige les économistes à utiliser une nouvelle ligne de défense: leur prévision a été invalidée par des facteurs spéciaux impondérables. La faiblesse de la consommation américaine est forcément la conséquence de l’augmentation du prix du pétrole à la suite des révolutions arabes. La faiblesse de la production aux Etats-Unis est forcément la conséquence d’une rupture de chaînes de montage internationales à la suite de l’accident de Fukushima.
Comme ces facteurs semblent maintenant s’estomper, les économistes parlent d’un «soft patch» temporaire, c’est-à-dire d’une période maussade bientôt derrière nous. La reprise américaine viendra forcément durant la deuxième moitié de l’année, même si un tel scénario n’est pas du tout confirmé par les statistiques, et même si une telle reprise devra s’effectuer alors que les programmes d’impulsions fiscale et monétaire s’achèvent. Certes, Emile Coué, l’inventeur de la célèbre méthode, était un pharmacien-psychologue, mais ses disciples les plus fanatiques semblent actuellement faire partie de ma profession.
Andreas Hofert Chef économiste, UBS juil11
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