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Etats-Unis : Vers le Homeland Investment Act II

Etats-Unis : Vers le Homeland Investment Act II

 Les autorités n’ont pas encore trouvé la solution pour redresser la croissance et le dollar L’idée du  rapatriement des mégaprofits des Entreprises US  revient en force.

 

Les derniers chiffres de l’emploi aux Etats-Unis le montrent, l’économie reste en mal de croissance. Aucun des remèdes utilisés jusqu’à ce jour ne semble avoir eu l’effet désiré, à savoir restaurer une croissance saine et durable. Comme inspirée par la frénésie Harry Potter, la Réserve Fédérale américaine hésite à jouer à nouveau les apprentis sorciers et à utiliser une dose supplémentaire de sa potion de liquidité «quantitative easing» pour ranimer son économie. A défaut d’avoir prouvé son efficacité comme instrument de relance, cette variante devenue célèbre de la planche à billets a déjà démontré sa capacité à peser sur la valeur du dollar. En résumant à l’extrême, une inflation de billets verts en circulation, que ce soit sous forme physique papier ou scripturale, tend mathématiquement à en diminuer la valeur unitaire. Par conséquent, l’idée même d’un recours à une troisième injection de liquidité massive a un avant-goût de nouvelle chute de l’USD. Et ce d’autant plus qu’une hausse des taux directeurs n’apparaît nulle part pour le moment sur le calendrier de la banque centrale américaine alors que la menace de l’inflation se fait moins fortement sentir! Bref, les tentations de la Réserve Fédérale permettraient presque de lire l’avenir de la devise américaine…

Et pourtant la Réserve Fédérale n’est pas le seul mage au chevet de son économie. Le gouvernement des Etats-Unis agite lui aussi sa baguette magique à la recherche d’un sortilège efficace. S’il paraît ardu de relever une fois de plus le plafond de la dette du pays, les autorités fédérales pourraient fort bien considérer un second recours au charme du Homeland Investment Act de 2005. Pour mémoire, celui-ci prévoyait une fenêtre de 12 mois pendant lesquels les sociétés américaines avaient la possibilité de rapatrier les profits réalisés dans leurs implantations à l’étranger à un taux d’imposition préférentiel de 5,25% au lieu du taux usuel de 35%. Les fonds rapatriés ont alors surtout trouvé leur chemin vers les actionnaires et dans une moindre mesure ont soutenu la création d’emploi et les investissements. L’effet le plus évident de cette politique a été un rebond conséquent du dollar de l’annonce du programme au pic des flux financiers revenant aux Etats-Unis.

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Explosion des profits réalisés à l’Etranger par les Entreprises américaines

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La probabilité de réalisation d’une telle amnistie fiscale temporaire et ciblée croît de jour en jour. L’Amérique des groupes de pression revient sur le devant de la scène et, à l’initiative de sociétés majeures telles qu’Apple, Microsoft ou Pfizer, plaide pour une nouvelle fenêtre de rapatriement des profits. Les sénateurs démocrates jusqu’à ce jour opposés à cette solution changent progressivement d’avis en constatant l’absence de rebond significatif de la croissance. Rien d’impossible donc à ce qu’une nouvelle mesure de type Homeland Investment Act II voit le jour au dernier trimestre de cette année!

Au travers d’un soutien aux actionnaires, c’est la consommation domestique et le secteur de l’immobilier qui pourraient être favorablement impactés. Les estimations actuelles tablent sur une manne de 1000 à 1500 milliards de dollars de profits réalisés à l’étranger pouvant être rapatriés, soit 2 à 3 fois le niveau de 2005.

Quelles conséquences pratiques pour l’USD?

Il est toujours difficile d’estimer la part non libellée en dollar de ces profits réalisés à l’étranger et par là même la taille possible du flux devant transiter par le marché des changes. En revanche, il y a fort à parier qu’ayant appris de l’expérience 2005, les investisseurs ne devraient pas tarder à réagir en se repositionnant à la hausse du dollar dès l’annonce officielle de la mesure. Au-delà des flux rapatriés, ce comportement devrait sensiblement accentuer la pression haussière sur le billet vert.

Quelles parités devraient être les plus sensibles? Il n’est pas aisé non plus de se faire une idée précise de la répartition dans les différentes monnaies étrangères des flux probables de rapatriement. Dans une analyse récente, Royal Bank of Canada tente sa propre lecture des données chiffrées de 2005 et identifie l’euro, la livre sterling et le franc suisse comme les devises devant perdre le plus de valeur contre USD dans le cadre d’un HIA II.

Dans le contexte suisse, le mouvement pourrait en effet être de grande ampleur. L’USD/CHF traite actuellement à son plus bas niveau historique depuis 1971 et le franc suisse paraît surévalué de près de 30% en terme de parité de pouvoir d’achat. De plus les positions spéculatives à la hausse du franc atteignent des niveaux extrêmes. Toutes les conditions semblent donc réunies pour que la reprise du dollar soit forte et brutale une fois le déclencheur clairement identifié par le marché.

Certaines paires de monnaies montrent déjà un essoufflement de la tendance baissière du dollar, voire une tentative de retournement de tendance. C’est notamment le cas de la livre sterling, de la couronne suédoise, de la couronne norvégienne ou encore du zloti polonais. Sont-ce là des signes annonciateurs d’un mouvement plus large à venir? Chut… Laissons la magie du Homeland InvestmentAct II opérer!

Jean-Marc Guillot/Directeur des marchés, Banque Bénédict Hentsch & Cie SA Juil11

 


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