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Appendice une balle dans le pied : le « drop européen » par Bruno Bertez

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Appendice une balle dans le pied : le « drop européen » par Bruno Bertez

  La régulation des économies modernes se fait sur des bases keynésiennes. Ceci signifie que lorsque la croissance ralentit et que la récession menace, les gouvernements pratiquent le déficit spending c’est-à-dire creusent les déficits. Pour pouvoir creuser les déficits il faut pouvoir les financer c’est-à-dire avoir accès aux marchés financiers. Il existe un phénomène qui permet a la fois de creuser les déficits et aussi de les financer, c’est la fuite devant le risque, c’est a dire l’achat de valeurs s refuges que constituent les fonds d’état, les dettes gouvernementales. En quelque sorte la récession, le ralentissement de l’inflation, la menace de déflation jouent leur rôle qui est de rendre plus attrayants les fonds état. Ce phénomène fonctionne très bien aux Etats Unis on le voit chaque fois que la menace de double dip réapparaît.

source New York Times

Mais pour que ce phénomène équilibrant qui permet la régulation fonctionne, il faut absolument qu’une condition soit préservée, les fonds état doivent être considérés comme sans risque, risk free. Autrement dit il faut que ceux qui y souscrivent, et dans le système actuel ce sont surtout les banques et le Shadow banking system, il faut que ceux qui souscrivent soit assurés qu’ils ne courent aucun risque de remboursement ou de dépréciation. Le caractere risk free des fonds état est vital pour le système même si c’est une fiction , même si il y a des entorses. Le principe doit être maintenu, affirmé, c’est la raison fondamentale de l’opposition de Trichet aux haircuts, à la participation des banques aux bail out des PIIGS.

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Trichet avait bien compris que si on touchait au caractère sacré, risk free des avoirs de banques en fonds état on allait vers l’aventure. Il avait bien vu le risque de contagion et d’anticipation, risque qui est précisément en train de se réaliser en Europe.

Les Européens ont persévéré dans cette idée idiote de PSI , ILS SE SONT CRUS INTELLIGENTS EN DISANT QUE LE CAS DE LA GRECE ETAIT SPECIFIQUE ET QU’EN LE DISANT ILS EVITERAIENT LA CONTAGION. On a vu ce qu ‘il en est advenu, des que la PSI a été mise sur le tapis , les CDS et les spreads de risque en Europe se sont envolés. Si l’on excepte l’Allemagne et bloc allemand, la dette européenne a cessé d’etre risk free, sacrée.

Source: Goldman Sachs

   

 

L’erreur de la PSI est systémique, elle conduit a anticiper les contagions futures, elle est catastrophique en terme de moyens pour les états de réguler. En effet si la dette souveraine perd son statut de refuge sans risque, alors quand la croissance ralentit les états perdent leur arme contra cyclique , ils ne peuvent augmenter leurs déficits et leurs dettes puisque ces dettes les rendent de moins en moins solvables.et deviennent de plus en risquées. Personne n’en veut.

Le monde économique et financier repose sur une fiction qui est que les états et les gouvernements ne sont pas des entités comme les autres, que les règles du commun ne s’appliquent pas a eux. Personnellement nous avons toujours raisonné comme s’il s’agissait entités comme les autres, comme s’ils ne pouvaient échapper aux lois de l’économie et aux règles de la comptabilité, c’est ce qui fonde notre pessimisme radical sur l’issue de la crise.

Mais tant que la fiction tenait, tant que le mythe vivait, les états avaient une marge de manoeuvre ; En Europe cette marge de manoeuvre a été plus qu’écornée, elle est en train de disparaître.

La mise en place des eurobonds serait une étape de plus vers la destruction dans la mesure où compte tenu des montants non seulement énormes mais inchiffrables, c’est toute la dette des gouvernements qui perdrait son statut de sanctuaire et singulièrement celle de la France d’abord, puis celle de l’Allemagne ensuite.

Nous  vous rappellons que la finance est un système transitif, ou les prévisions se réalisent avant d’ être crues et qui en outre fonctionnent en boule-de-neige ainsi en l’espace d’un mois les besoins de liquidités de Lehman Brothers ont été multipliés par dix.

« Le vendredi avant sa chute, Lehman Brothers disposait de 28 milliards de dollars de fonds propres et en fin de matinée, la banque avait perdu 20 milliards de dépôts ! »

source New York Times

source Financial Times

Les Etats Unis bénéficient encore du statut de sanctuaire, les bonds gouvernementaux sont considérés par le monde entier comme risk free parce que les Etats Unis émettent le dollar,monnaie mondiale.

 Ils peuvent toujours payer leur dette en dollars de la printing press électronique. Mais l’argument est fallacieux et il s’apparente à de la propagande pour simplets car si les Etats Unis ont la printing press, son usage incontrôlé entraînerait une  accélération de l’inflation , fuite devant le dollar, hausse des taux et en raison de la hausse des taux les Etats Unis se retrouveraient comme la Grèce , avec une dette hors de tout contrôle et impossible a refinancer.

Bruno Bertez le 4 septembre 2011

EN LIEN:

L’Edito :Le temps des balles dans le pied par Bruno Bertez

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