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La BCE manœuvre pour éviter des pertes sur les obligations grecques

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La BCE manœuvre pour éviter des pertes sur les obligations grecques

L’institution a toujours refusé une décote, assimilée au financement illégal de l’Etat. Elle serait en train de réaliser des échanges de titres

«La Banque centrale européenne cherche à quitter le navire avant qu’il ne coule.» C’est de cette manière qu’Andreas Höfert, chef économiste d’UBS, analyse les récentes rumeurs entourant la BCE.

Cette dernière aurait fait voter ses gouverneurs jeudi sur la possibilité d’une opération d’échange des obligations grecques qu’elle détient contre de nouveaux titres, selon l’AFP, qui citait vendredi une «source proche du dossier». Objet de rumeurs depuis jeudi, relayées par Die Welt, l’opération – ou son éventualité – n’a suscité aucun commentaire de l’institution. Selon le quotidien allemand, la BCE et les banques centrales de l’eurosystème échangeraient l’équivalent de 50 milliards d’euros (60,4 milliards de francs) d’emprunts grecs selon leur valeur nominale. En réalité, l’institution les a acquis aux prix du marché, c’est-à-dire à une valeur moindre que la valeur nominale.

Ne sont concernées par cet échange que les obligations acquises sous le programme baptisé SMP, qui a vu la BCE racheter, à partir de mai 2010 sur le marché secondaire, des titres grecs, aujourd’hui détenus par toutes les Banques centrales de la région au prorata de leur capital au sein de la BCE. Leur montant est estimé à une cinquantaine de milliards d’euros. Elles seront échangées contre de nouvelles obligations grecques de valeur faciale identique. La Banque centrale européenne et ses composantes nationales devraient, donc d’ici à la fin du week-end, échanger les obligations grecques en leur possession qui ont été rachetées à bas prix sur les marchés depuis mai 2010.

Outre la préservation des intérêts de la BCE, l’opération en cours pourrait permettre de faire un geste en direction d’Athènes. Comme elle avait, dans le cadre du SMP, racheté les titres à moindre prix que leur valeur nominale — la décote estimée est de 20 % à 30 % —, la BCE dégagera potentiellement des plus-values. L’idée est que ces gains reviennent sous une forme ou une autre à la Grèce. Selon un scénario évoqué, la BCE pourrait transférer au fonds de secours européen ses obligations grecques au prix de leur achat, ce qui signifierait une ristourne de 11 à 12 milliards d’euros qui pourrait bénéficier à Athènes.

C’est ce qu’avait suggéré la semaine dernière le président de la BCE, Mario Draghi : la redistribution de ces plus-values aux Etats de la zone euro, en utilisant leur participation au capital de l’institution comme clé de répartition, est le seul moyen pour la BCE de faire un geste en direction d’Athènes sans contrevenir à l’interdiction de financer directement les Etats.

Autre possibilité en discussion, la BCE pourrait vendre ses dettes grecques au Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui encaisserait les pertes

Pour Andreas Höfert, l’attitude de la banque centrale n’a rien d’irresponsable. «D’autres institutions procéderaient peut-être différemment, mais elle a toujours prévenu qu’elle refuserait d’encaisser des pertes et elle agit selon son mandat, qui lui interdit de financer des Etats», explique-t-il. L’expert reconnaît que la manœuvre de la BCE, qui obtiendrait de meilleures conditions, pourrait agacer quelque peu les créanciers privés qui négocient une décote – probablement de 70% – des obligations grecques qu’ils détiennent afin d’effacer une partie de l’ardoise d’Athènes. C’est d’ailleurs bien la crainte que l’on peut prêter à Jens Weidmann, si celui-ci a bien, comme l’affirme la source de l’AFP, voté contre le projet. Le président de la Bundesbank se serait inquiété de «plaintes des créanciers privés» de la Grèce, contraints, eux, d’essuyer une perte. Cela pourrait entraîner une méfiance des investisseurs envers la zone euro, par crainte qu’une telle initiative ne soit aussi prise pour les autres obligations en possession de la BCE, aurait-il prévenu.

Accord en vue sur une décote des titres détenus par des banques centrales

En parallèle la Banque centrale européenne envisagerait de permettre aux obligations grecques détenues par les banques centrales de la zone euro de subir des décotes similaires à celles consenties par les investisseurs privés, ont indiqué à l’agence Reuters des sources au sein de ces banques vendredi 17 février. Celles-ci détiennent quelque 20 milliards d’euros de titres grecs dans leurs portefeuilles d’investissement. Ils sont distincts des 40 milliards d’euros de dette acquis par la BCE dans le cadre de son programme de rachat de titres lancé en mai 2010. 

Les chances de voir une telle décote appliquée sont de 50 %, a ajouté l’une des sources, précisant que la question, en discussions au sein de la BCE, devait être tranchée avant un accord définitif avec le secteur privé sur la restructuration de la dette grecque, dont la conclusion est attendue pour début de la semaine prochaine. 

Si les banques centrales consentaient à subir des pertes sur leurs titres grecs, cela apporterait à la Grèce des fonds immédiatement disponibles, qui s’ajouteraient aux 12-15 milliards d’euros de plus-values réalisées par la BCE sur ses titres de dette grecque et que cette dernière propose de rétrocéder indirectement à Athènes.

 source afp/reuters/le temps fev12

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