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L’Edito du Lundi 26 Mars 2012 : L’or contre la répression Par Bruno Bertez

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 L’Edito du  Lundi 26 Mars 2012 : L’or contre la répression Par Bruno Bertez

 Le surendettement des Etats et du secteur financier tournerait à la catastrophe si les taux d’intérêt venaient à monter.Le  but des politiques monétaires de tous les pays développés est de maintenir les taux d’intérêt réels  bas, très bas, afin  de tenter de faire tenir le système et d’honorer les dettes. Le maintien de taux d’intérêt à des niveaux très bas, malgré les risques réels d’insolvabilité et les certitudes de l’accélération de l’inflation, s’obtient par des politiques dites de répression financière.

 Les banques centrales forcent à la baisse des taux par leurs politiques de créations de liquidités, leurs politiques de taux zéro, leurs achats de titres des govies, leur stimulation de la prise de risque, leurs promesses de « Puts » généralisés etc.

 L’objectif est de faire rouler la bicyclette, permettre aux Etats de rouler, « roll », leurs dettes, bref de tenir. Il s’agit de canaliser le maximum de fonds, d’épargne, au profit des gouvernements pour leur éviter la défaillance.

 

    La répression financière est normalement pratiquée en temps de guerre;  les gouvernements ont alors l’excuse de la catastrophe pour l’imposer. Ils s’autorisent alors toute la panoplie, taux d’intérêt réels négatifs spoliateurs, obligation réglementaire  de souscrire aux emprunts publics pour les compagnies d’assurances, les fonds de retraites, les caisses d’épargne, etc. Plafonnement de la rémunération de toutes les autres formes d’épargne qui pourraient faire concurrence aux emprunts d’Etat et  gêner le fonctionnement de l’entonnoir.

Dans la période actuelle marquée par la crise de la finance gouvernementale, la répression financière se généralise. La mesure la plus évidente est le maintien de taux d’intérêt réels négatifs, les autres mesures sont moins visibles, mais elles prolifèrent…

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Ainsi, dans les pays périphériques européens on a commencé à faire main basse sur les fonds de pension, incité à souscrire aux emprunts d’Etat, plafonné les rémunérations des placements concurrents des obligations souveraines.

La  réglementation Bale 3 vise à assurer la répression financière au niveau des banques en faisant un traitement de faveur aux fonds d’Etat dans les ratios, la Grande-Bretagne est même allée plus loin en imposant des souscriptions obligatoires.

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Ce graphique tiré de la long view du FT illustre l’évolution spectaculaire de l’allocation des actifs des fonds de pension et des compagnies d’assurance britanniques depuis le début des années 2000. Ils étaient traditionnellement majoritairement investi en actions à la différence de leurs homologues européens continentaux et américains qui privilégiaient de longue date les obligations.

Les fonds de pension britanniques, on le voit bien sur le graphique, ont complétement changé leur fusil d’épaule dans les années 2000, en abaissant la part des actions à 25% environ au profit des obligations.source Investment Banker Paris.com

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Achats de Govies par les Banques sur les 3 derniers mois

 

source Reuters

 Le sens général de la répression financière est simple :

– capturer, bloquer, canaliser l’épargne vers le financement direct ou indirect de l’Etat

– sous-payer, sous-rémunérer cette épargne

Quand les mesures douces sont insuffisantes, on ajoute les réductions à la liberté des mouvements de  capitaux, les souscriptions obligatoires, etc. Pour mettre en place ces politiques prédatrices et liberticides, les gouvernements, avec l’aide des médias, préparent le terrain en encerclant leur ennemi, les riches, on les désigne, on les stigmatise, exactement comme on le fait dans le cas des guerres pour fabriquer un ennemi et se donner des justifications de l’attaquer.

Une fois l’ennemi isolé, on peut, avec le soutien du public et la bonne conscience du prédateur, l’attaquer.

 Nous sommes dans cette phase en Europe  : répression financière douce, prise de quelques mesures pas trop voyantes, fabrication et isolement du futur ennemi que l’on projette de dépouiller.

La répression financière produit deux résultats :

– baisse du coût de la dette des Etats

– maintien de la possibilité de rouler ces dettes lorsqu’elles viennent à échéance.

Tous les pays industrialisés pratiquent la répression douce, tous les emprunts d’Etat à 5 ans ont un rendement réel négatif ; tous, sauf  l’Italie, la France et le Japon ont des taux négatifs sur le 10 ans. Et encore bien sûr, il s’agit de taux réels calculés sur la base des chiffres officiels de l’inflation!

Source Voxeu.org

La répression douce, cela est déjà bien, mais largement insuffisant, c’est en quelque sorte, simplement, un kick the can.

Les Etats gagnent du temps, sans plus.

La répression financière doit être complétée, on ne peut rester éternellement dans cette situation d’asphyxie économique et sociale.

Il faut donc la compléter.  Comment?

C’est très simple, dans le second temps, il faut, tout en prétendant lutter contre l’inflation, favoriser la hausse des prix!

La hausse des prix rend les taux d’intérêt réels tellement négatifs qu’elle équivaut à un prélèvement sur le capital, et surtout elle produit une croissance nominale, fictive, du GDP qui fait baisser les fameux ratios de dette sur GDP, les ratios d’endettement.

A force d’inflation, la dette finit, en valeur relative,  par devenir soutenable.

Par ailleurs, grâce à l’inflation, les revenus nominaux, apparents,  augmentent, ce qui bien sûr,  permet, par non actualisation ou actualisation insuffisante des barèmes, d’augmenter la pression fiscale.

Grâce à la préparation préalable à la spoliation des riches, à la fabrication de l’ennemi, la surtaxation passe également comme une lettre à la poste.

La répression financière est toujours, a toujours été, et sera toujours suivie de l’accélération de l’inflation. Voilà ce que l’on vous cache, voilà ce que l’on ne veut pas que vous sachiez. Car l’inflation, pour être efficace, doit être inattendue, elle doit constituer une surprise!

Il n’est certainement pas encore temps de franchir les étapes clairement spoliatrices de la répression financière. Nous sommes, sauf pour les périphériques européens, et quelques pays sur le bord dont  la France, nous sommes encore dans la phase de répression dite douce.

Le calendrier est un calendrier de moyen terme, disons 2 à 3 ans.

Vous comprenez mieux pourquoi on s’oriente vers  les contrôles de mouvements de capitaux, vers la pénalisation de l’expatriation fiscale, pourquoi on vous dissuade chaque jour d’acheter de l’or pour vous protéger etc. Tout est cohérent, au service d’un but évident, passer à la phase deux de la répression financière.

Bien entendu, tout cela ne touchera que les classes moyennes et moyennes supérieures. Les classes supérieures, dites kleptocratiques, sont expertes en ingénierie financière, bien conseillées par les fameuses banques qui sont à l’origine de la crise, elles peuvent payer honoraires et commissions. Il  n’y aura rien à spolier de ce côté. Et puis, depuis longtemps, elles sont délocalisées. Or, contre les bailleurs de fonds étrangers, on ne peut pas grand-chose, car, si on les menace, les capitaux fuient. Déjà les chinois boudent, à la suite de la répression douce, les emprunts d’Etat des pays qui exagèrent la spoliation. Ce qui est visé est l’épargne domestique évidemment.

Le pays qui nous semble le plus en avance sous l’angle de la répression est à notre avis la Grande-Bretagne, elle est déjà dans la forte inflation contre laquelle on prétend lutter, mais que l’on favorise.

Capture de l’épargne, taux réels négatifs, accélération de l’inflation, fiscalité abusive, voilà le programme en cours. Et il est encore dans la phase douce, lente, de démarrage. Il va prendre de la force et va devenir irrésistible au fur et à mesure que le social va se détériorer et qu’il va donner aux politiques la fausse légitimité dont ils ont besoin pour aller plus loin.

Vous comprenez maintenant pourquoi au niveau du système tout est fait pour décourager les achats d’or. L’or, c’est la fuite qui permet d’échapper au système de la répression, il permet d’échapper à la capture, il permet d’échapper à l’inflation et à la confiscation.

Les acheteurs et détenteurs d’or sont les ennemis. Nous vous avons expliqué plus haut comment on fabriquait ses ennemis pour les stigmatiser, les isoler, s’autoriser à les  dépouiller.

A ce propos, nous vous signalons un ouvrage exceptionnel de Pierre Conesa, ancien directeur adjoint de la Délégation aux Affaires Stratégiques du ministère de la Défense français. Le titre est « La fabrication de l’ennemi » ou comment tuer avec sa conscience pour soi. Le parallèle avec la désignation des ennemis sociaux dont nous vous parlons est frappant.

Le monde politique, bancaire, administratif a depuis longtemps désigné les détenteurs d’or comme les ennemis.

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« Pour préserver la crédibilité du dollar en tant que monnaie fiduciaire, il est nécessaire de freiner la hausse des monnaies dures que représentent l’or et l’argent. C’est pourquoi, à l’issue du discours de Ben Bernanke, les traders forex apprenaient que JP Morgan, l’une des principale bullion banks de la Fed, a vendu au Nymex quelque 15.000 contrats à terme sur l’or, soit 1,5 million d’onces de métal jaune d’une valeur d’environ 2,5 milliards de dollars. Faisant refluer les cours de l’or d’environ 30 dollars en une séance, de même que, par effet domino, ceux de l’argent. » source Agefi mars12

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Pour l’instant, là aussi,  on est dans la stigmatisation douce. On critique l’or, son utilité monétaire.      

Ceux qui critiquent l’or et son utilité monétaire se placent, vous le remarquez, toujours du même côté, celui du soi-disant intérêt général.

On est toujours dans ce que l’on appelle  la « public policy ». On met en avant des abstractions, des généralités, sans évidemment les définir, les expliciter et donc les soumettre à l’analyse critique.

C’est le principe du recours à la soi-disant évidence, lequel n’a pas son pareil pour asseoir les bases du Pouvoir et la domination/spoliation des citoyens. C’est toujours le fameux « il faut » tombé du ciel.

A la faveur du  « il faut », tout est permis à celui qui s’en auto-décrète être le Deus ex Machina. Les lois liberticides, les confiscations, contrôles, prédations, bref le  « il fau » est l’arme préférée du terrorisme d’Etat.

source Zerohedge

L’or, dans le système, entretiendrait la déflation.

Faut-il lutter contre la déflation alors qu’elle a le mérite de bonifier le pouvoir d’achat des salaires, des épargnes, etc. ? Alors qu’elle ne fait que traduire l’inéluctable progrès économique qui fait que la productivité augmente et les coûts baissent?

Pas évident. Cela mérite débat. Pourquoi ne pas préciser que nos sociétés sont intolérantes à la déflation parce que les débiteurs en souffriraient? Leur souffrance est-elle plus digne d’intérêt que celle des salariés, celle des épargnants, celle des retraités? A voir. Est-il normal de favoriser les menteurs, voleurs, prédateurs, confiscateurs, qui parient sur le nominalisme spoliateur des contrats? Voire.

Est-il judicieux dans un monde qui soi-disant se préoccupe de la finitude des ressources d’entretenir une mauvaise allocation de ces ressources rares par le crédit abusif, la mauvaise allocation du capital; est-il normal de continuer à gaver l’oie du crédit auto alors que ce secteur est l’un des plus grand gaspilleur, pollueur, extincteur de ressources rares? Le secteur de l’automobile est l’une des composantes majeures du crédit, de la dette, dans nos sociétés.

Faut-il encourager l’inflation-tax pratiquée par les govies pour acheter les voix lors des élections? Achat démago, destructeur des bases de la société, du consensus national, de la famille, de l’investissement productif ? Faut-il encourager les comportements spéculatifs, les faux calculs économiques, inflater la fortune des kleptocrates? Faut-il détruire les économies de classes moyennes pour ensuite, face à la dépendance ainsi créée, leur faire l’aumône d’allocations infamantes, faut-il en faire, eux qui ont eu la dignité de travailleurs, en faire des assistés?

Voilà quelques exemples des questions que l’on escamote dans le fameux  « IL FAUT » des Pouvoirs, dans la mystification du faux intérêt général, somme des intérêts particuliers des banquiers, du personnel politique, de son administration, des profiteurs kleptocratiques, et de tous ceux que nous oublions.

En quoi l’institutionnalisation du mensonge inflationniste favorise-t-il le vrai consensus démocratique, le respect des contrats, base de toute société, le juste calcul économique, la constitution de l’indispensable l’épargne, l’équité des transferts intergénérationnels. En quoi la propriété, condition sine qua none de la liberté, est-elle servie par l’inflation?

Il faut tenter d’éliminer l’or du système, tout simplement parce que l’or, c’est ce qui met une limite à l’inflation des dettes, à l’inflation des monnaies, à la répression, bref, une limite à la tyrannie des pseudo-démocraties sur les citoyens.

 

BRUNO BERTEZ Le 26 mars 2012
 
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