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Décrié, le Libor reste difficile à remplacer

Décrié, le Libor reste difficile à remplacer

Le scandale autour de la banque Barclays a remis en question la fiabilité de l’instrument. Faute de véritable alternative, ce taux interbancaire sera mieux contrôlé mais il ne disparaîtra pas

EN LIEN : http://www.guardian.co.uk/news/datablog/interactive/2012/jul/03/libor-rate-fixing-bank-submissions?newsfeed=true

WELCOME TO LIEBORO COUNTRY

Les courriels échangés entre des employés de Barclays, révélés par les autorités de surveillance britannique et américaine, ont fait le tour de la planète en quelques heures. Extraits: «Nous avons besoin d’un taux à trois mois très bas, sinon ça pourrait nous coûter une fortune.» Plus que de longues explications, ces échanges entre des courtiers et des agents de la trésorerie de la banque britannique ont révélé à quel point les taux interbancaires Libor (London Interbank Offered Rate) et Euribor, son équivalent européen, étaient sujets à manipulation.

La principale faiblesse du Libor est d’être déterminé sur la base d’un sondage effectué auprès des banques, plutôt que de reposer sur des transactions réelles. Les risques inhérents à ce mode de calcul ont déjà été signalés dès 2008 par la Banque des règlements internationaux (BRI), qui mettait en doute la fiabilité du Libor en 2007: «Une comparaison avec d’autres modes de fixation utilisés pour des taux d’intérêt similaires confirme que, durant les récentes turbulences des marchés, le Libor s’est écarté des autres taux de référence dans une proportion inhabituelle», écrivait la BRI dans une étude de 2008, mais sans prétendre que le taux ait été sciemment manipulé.

Les banques peuvent chercher à influencer les taux interbancaires – qui définissent le prix auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles et déterminent le coût des crédits aux ménages et aux entreprises – pour deux raisons. La première est d’essayer de faire apparaître son établissement dans une meilleure posture qu’il ne l’est en réalité. La seconde est de chercher à influencer le taux Libor dans un sens donné, à un niveau supérieur ou inférieur à la réalité, en fonction des intérêts du moment des participants au marché. Selon l’Autorité britannique des services financiers (FSA), les courtiers de Barclays ont envoyé plus de 250 demandes de modifications du taux fourni par la banque aux agents responsables de cette tâche. En tout, une vingtaine d’établissements sont soupçonnés d’avoir manipulé les taux, y compris Credit Suisse et UBS.

PLUS DE LIBOR EN SUIVANT :

Malgré l’ampleur de l’affaire, les propositions de réforme du Libor sont restées plutôt timides jusqu’ici. Trois solutions sont envisagées.

La première, et la plus évidente, est de mieux surveiller la qualité des données fournies par les établissements sondés. Selon un économiste qui a étudié en détail cette question, des indices auraient dû mettre la puce à l’oreille des régulateurs: «La dispersion entre les données fournies était souvent très faible, même en cas de forte volatilité. C’était assez étrange», relate-t-il. Jeudi, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a appelé à prendre des mesures, à la fois pour les banques qui fournissent les données du Libor et pour les fédérations chargées de fixer ces taux.

Deuxième proposition: accroître le nombre de banques qui participent au sondage, pour réduire l’influence de données faussées. Ce nombre varie en fonction des monnaies et des échéances. Reste qu’augmenter le nombre de banques sondées ne fait pas l’unanimité. Un sondage qui serait effectué auprès d’une multitude de petites banques, peu actives sur le marché interbancaire, n’améliorerait pas forcément la représentativité de l’enquête. De plus, les coûts du crédit augmenteraient: si l’on portait le nombre de banques sondées à plus de 30 instituts, les taux interbancaires augmenteraient de 15 points de base (0,15%), ont calculé des analystes de Credit Suisse dans une note, fin juin.

Une troisième réforme, plus fondamentale, est proposée: les taux de référence s’orienteraient selon des indices reposant sur des transactions réelles. Il pourrait s’agir notamment de «swaps» de taux d’intérêt sur devises. En Europe, l’Eonia (European OverNight Index Average), le taux d’intérêt interbancaire pour la zone euro au jour le jour, reflète le prix des échanges réels sur le marché interbancaire. Avec un bémol: le nombre de transactions réellement effectuées est parfois très réduit pour certaines monnaies à certaines échéances. «Dans ces cas, les indications fournies par des transactions réelles seraient encore moins représentatives qu’un Libor manipulé», avertit un observateur de ce marché.

Néanmoins, plusieurs spécialistes estiment que la tendance ira à recourir à des taux de référence basés sur de véritables transactions plutôt que sur des sondages. C’est le cas de Rosa Abrantes-Metz, professeure à la Stern School of Business à New York, et auteure d’articles sur ce thème. «Le Libor est le chiffre le plus important du monde. Il devrait être basé sur des transactions réelles», déclarait-elle en mars au Temps.

Qu’en est-il en Suisse, où la Banque nationale met en œuvre sa politique monétaire via une marge de fluctuation autour du Libor pour les dépôts à trois mois en francs? «Selon un premier examen de la décision de l’autorité britannique des services financiers en rapport avec Barclays, le Libor en francs n’a pas été affecté par les tentatives de manipulation. La BNS n’a pu observer aucune distorsion significative du point de vue de la politique monétaire du taux Libor à trois mois», a assuré un porte-parole.

Quelle que soit la forme que prendra le Libor à l’avenir, une adaptation ne pourra s’effectuer que de manière graduelle compte tenu des gigantesques volumes de produits financiers déjà émis qui s’y réfèrent. «A court terme, la principale conséquence du scandale de Barclays est qu’aucun intervenant sur ce marché n’enverra plus de courriels à ses collègues sur le Libor! L’affaire aura d’importantes conséquences sur le plan juridique et sur le fonctionnement des banques. Mais à plus long terme, il ne sera pas facile de trouver un substitut au Libor», conclut un spécialiste de ce marché. Si le Libor sera surveillé de plus près, son successeur ne se profile pas à l’horizon.

Par Yves Hulmann Zurich /Le Temps juil12

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360000 milliards de dollars liés au Libor 

HAZARDOUS TO YOUR FINANCIAL HEALTH (Version II)

Le Libor – pour «London Interbank Offered Rate» – est le taux d’intérêt auquel les banques acceptent de se prêter entre elles. On estime à 360000 milliards de dollars la valeur des produits financiers qui reposent sur les taux Libor. Chaque jour, entre 7 et 18 banques sont interrogées par l’agence Thomson Reuters, sur mandat de l’Association des banquiers britanniques (BBA), peu avant 11 heures. Elles indiquent à quel taux elles estiment pouvoir emprunter des fonds pour un montant «raisonnable». La question est posée pour 15 échéances, d’une nuit à douze mois, pour dix monnaies différentes, incluant le dollar, le yen, la livre, l’euro et le franc. Le sondage réalisé, la BBA retire le quart supérieur et inférieur des taux indiqués et calcule le taux moyen. L’Euribor, supervisé par la Fédération bancaire européenne (FBE), repose, lui, sur un échantillon de 43 établissements.

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 «Rien ne vaut le mécanisme du fixing»

 Propos recueillis par Pierre-Alexandre Sallier/Le Temps juil12

BEWARE SIGN

Spécialiste des matières premières, Didier Julienne rappelle que les travers de la fixation du Libor étaient déjà observés sur le marché des métaux industriels. Il en appelle au système du «fixage», pratiqué, par exemple, sur les lingots londoniens

Le Temps: A vous entendre, le scandale du Libor était prévisible… Cette méthode de fixation d’un taux – ou d’un prix – de référence étant également pratiquée sur certaines matières premières…

Didier Julienne: Il y a deux ans, un client me consultait à propos d’un indice de prix. Je lui expliquais avoir moi-même été étonné, il y a longtemps, de voir le prix de référence d’un métal stratégique – le rhodium – publié dans un journal spécialisé afficher un écart inexplicable avec celui des transactions physiques opérées par mes services. Un différentiel à même de pénaliser les sociétés nouant des opérations à de telles conditions. Etonné par cette différence, je me vis expliquer aimablement par un sondeur en charge de l’élaboration de ce prix «de référence» qu’après avoir passé quelques coups de fil à des négociants et des consommateurs de sa région sur le prix que ceux-ci pourraient bien pratiquer en cas de transaction, il faisait une moyenne de ces indications pour construire un prix mondial. Eh bien, un mécanisme similaire était appliqué pour fixer quotidiennement le Libor, taux d’intérêt publié quotidiennement en dix devises et utilisé par des millions d’opérateurs et de particuliers. Seize banques internationales répondaient aux sondages journaliers de la British Bankers Association, qui en faisait la moyenne en éliminant les cinq plus faibles et les cinq plus fortes valeurs. Le Libor était calculé à Londres à partir d’hypothétiques prêts ou emprunts contractés par d’hypothétiques contreparties.

– Les autorités n’ont jamais mis leur nez dans cette façon de fixer un taux d’intérêt aussi crucial?

– Il y a deux ans, après les révélations du Wall Street Journal , la SEC, le Ministère de la justice américain, la FSA anglaise et les autorités japonaises ont enquêté sur les causes d’un écart grandissant entre les taux indiqués par les différents établissements sondés sur la période 2006-2008. Elles se demandaient aussi s’il n’y avait pas de recel d’informations privilégiées à l’intérieur des banques entre les services de trésorerie qui était sondée et les opérateurs de marché. Depuis dix jours, le soupçon laisse la place à la condamnation. L’honnêteté et le fair-play ont perdu la bataille à la City.

– Mais quelles alternatives à un tel système de sondages réalisés auprès de quelques intervenants?

– Les taux d’intérêt sont l’un des marchés les plus liquides au monde, chacun pensera que ce qui peut arriver ici peut arriver avec d’autres produits de base. Et pourtant… Dans d’autres ressources naturelles, négociants, producteurs, mineurs utilisent le fixage ou «fixing». Ce système reflète, une ou deux fois par jour, le prix auquel se sont débouclées de réelles transactions effectuées par d’honnêtes hommes. C’est le cas sur l’or, l’argent, le platine ou le palladium. Et cela se passe aussi à Londres – avec souvent des livraisons «loco Zurich» dans les coffres des banques helvétiques, notamment pour le platine et le palladium. Et sous l’autorité d’une autre association, tout aussi respectée que l’était la British Bankers Association: la London Bullion Market Association ou LBMA. Rien ne vaut ce bon vieux vrai signal de prix transparent .

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Manipulations sur le Libor, tous coupables? par  Jennifer Nille /Fair trade

Le président de Barclays, Marcus Agius, vient de démissioner suite au scandale sur le Libor. Pour rappel, entre 2005 et 2009, au plus fort de la crise financière, les traders de la banque avaient manipulé ce taux interbancaire (qui sert aux banques pour se prêter entre elles à court terme), calculé à Londres sur base des estimations de taux moyen entre les 16 plus grandes banques mondiales. L’affaire avait été dévoilée la première fois en 2008 par le Wall Street Journal.

Si Barclays vient d’écoper une amende de 362 millions d’euros auprès des régulateurs britanniques et américains, la banque n’est pas seule en cause. UBS a aussi avoué sa culpabilité. Mais la banque suisse, sentant le vent tourner, a préféré se dénoncer auprès des autorités, pressentant la vague d’amendes qui va peut-être s’abattre sur le secteur. D’après plusieurs observateurs, l’institution a cherché à minimiser sa peine.

La déposition d’UBS a ouvert la voie pour débusquer les autres reponsables. Parce que Barclays et UBS n’ont certainement pas pu agir seuls dans la manipulation de ce marché de 360 000 milliards de dollars de titres.

Pour bien comprendre comment ce marché a été manipulé, il faut rappeler que taux Libor est base sur les estimations de chaque banque, sur base des transactions. Cette méthodologie a souvent été critiquée. Il semblerait désormais qu’on envisage de la changer.

Les taux Libor ont été manipulés à la baisse entre 2005 et 2009 pour créer l’illusion que le secteur bancaire se portait bien. Comme le souligne le blog FT Alphaville, plus le taux libor est faible, moins les banques centrales doivent intervenir en injectant des liquidités. Il a aussi mis le doigt sur ceci.


Toutefois, le Libor manipulé n’a pas trompé tout le milieu financier. D’autres instruments divergaient, à commencer par le TED, qui montrait dès 2007 des signes d’écartement inquiétants par rapport à son référent, le Libor.

La crise financière de 2008 n’a pas fini de révéler tous ses secrets.

http://blogs.lecho.be/fairtrade/2012/07/manipulations-sur-le-libor-tous-coupables.html

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Libor, à qui le tour?  Jennifer Nille /Fair trade

 Bob Diamond, le patron démissionnaire de Barclays, a dû se défendre pendant près de trois heures mercredi dernier lors de son audition devant les parlementaires britanniques  au sujet du scandale sur le Libor.

Dans sa défense, il a notamment souligné que Barclays donnait systématiquement les taux de référence les plus élevés parmi les 18 banques qui contribuent au calcul de cet indice clé. Pour rappel, le London Interbank Offered Rate est calculé selon le principe suivant: la British Bank Association collecte les taux estimés par chacune des 18 banques à 11h. Elle demande à Thomson Reuters d’écarter le taux le plus bas et le plus élevé, et d’établir la moyenne sur la base restante.

The Economist donne raison à Diamond sur son argument.

 

On voit bien que Barclays était plus pessimiste que les autres dans ses estimations.

Bob Diamond a aussi souligné que sa banque n’était pas la seule à se livrer à une « mauvaise » estimation du Libor. Effectivement, en février, UBS a avoué au régulateur canadien qu’entre 2007 et 2010, certains de ses traders et courtiers avaient conspiré pour manipuler ce taux. Je précise que trois des 10 devises de référence pour ce taux sont suspectées de manipulation: le Libor, l’Euribor (le taux en euros) et le Tibor (le taux de référence en yen).

Au vu de ce graphique, on peut penser que toutes les banques impliquées dans le Libor sont donc coupables d’avoir manipulé ce taux. Elles font désormais toutes l’objet d’une enquête auprès des régulateurs américains, européens et asiatiques.

Du coup, certains analystes recommandent auprès des investisseurs la prudence avec les banques. « Il est légitime d’assumer que les provisions des banques vont devoir rester élevées en raison des litiges qui pèsent sur leur tête » a déclaré à Bloomberg Todd Hagerman, un analyste de Sterne Agee & Leach.

Toutefois, comme le souligne Charles Peabody, un analyste de Portales Partners, aucune banque n’a déclaré jusqu’à présent avoir mis de côté de telles provisions. « Barclays aurait provisionné seulement un tiers de la somme de ses amendes (estimées à 362 millions d’euros) » relève-t-il.

On verra donc comment le secteur bancaire va résister en Bourse avec tout ça…

 http://blogs.lecho.be/fairtrade/2012/07/libor-%C3%A0-qui-le-tour.html

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Libor: une collusion entre traders? par Jennifer Nille /Fair trade

 Maintes fois, la question de la muraille de Chine dans les salles de marché des banques a été soulevée depuis la crise financière.

« Je constate que la muraille de Chine dans les banques n’est pas satisfaisante » avait indiqué Paul Volcker lors de son passage au Parlement européen le 25 mai à Bruxelles.

Dans le scandale sur le Libor, cette séparation des métiers au sein de la salle de trading a de nouveau été épinglée. Tout est parti de la dénonciation d’UBS sur certains de ses traders et courtiers, accusés d’avoir manipulé ce taux de référence pour les prêts entre banques.

Les régulateurs ont été alertés d’une collusion entre les traders et ceux chargés d’établir le Libor, qui je le rappelle, est calculé sur base des estimations d’une vingtaine de banques tous les jours à 11h. « Souvent, ils sont assis côte-à-côte » relevait une source anonyme auprès de Bloomberg.

Durant l’audition de Bob Diamond, le patron démissionaire de Barclays, devant les parlementaires britanniques, l’un d’entre eux a torpillé ce dernier de questions sur ce sujet.

« Oui, les personnes en charge du calcul du Libor se trouvent dans la même unité que ceux en charge des pertes et profits de la salle de marché, au même étage, dans la même pièce. Mais ils sont séparés » a insisté Bob Diamond.

« Mais ils peuvent se croiser à la machine à café » a objecté un parlementaire. « Il y avait une protection contre ça » rétorquait Diamond.

Au pénal, cette question risque d’être soulevée. Barclays vient de tomber sous le coup d’une enquête pénale, après avoir subi le blâme des régulateurs. Les traders impliqués dans ce scandale risquent d’être condamnés. Au vu du nombre de banques concernées, cela risque de faire beaucoup de monde…

http://blogs.lecho.be/fairtrade/2012/07/libor-une-collusion-entre-traders.html

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Les leçons suisses du scandale du Libor Par Par Frédéric Lelièvre/le temps juil12

La Grande- Bretagne, les Etats-Unis, et bientôt l’Europe auront pris des mesures contre les grandes banques qui ont manipulé le taux d’intérêt de référence. En Suisse, rien ne viendra avant très longtemps

Il lui servait d’étendard, symbolisait sa puissance. Il ne veut plus rien dire d’autre que scandale ou escroquerie.

Désormais, le Libor, auquel Londres donne sa première lettre, est associé aux abus de Barclays, le premier établissement condamné, et consorts. La réputation de la City est à reconstruire.

Pour arranger leurs affaires, ces grandes banques ont manipulé ce taux d’intérêt qui sert de compas à la finance mondiale. Le Libor règle le niveau d’intérêt de quantité d’hypothèques ou de leasings automobiles. Sur toute la planète.

La fin du match truqué a été sifflée en Suisse. En 2011, UBS a dénoncé le cartel. Ces dernières semaines, les premières têtes ont commencé de tomber.

Le Financial Times, si souvent jugé «pro-City» en Suisse, a largement contribué à faire rouler celles chez Barclays. Et à éclairer la culture des banques présentes à Londres sous son plus mauvais jour.

Les autorités de surveillance britannique et américaine ont rapidement agi. Bruxelles dit être sur le point de rendre son verdict, alors que le débat porte déjà sur l’après: comment remplacer le système actuel et redonner confiance dans la finance.

Et en Suisse? Les leçons à tirer de cette affaire sont, pour l’heure, au mieux irritantes, au pire désespérantes.

En l’état, la Finma, le gendarme suisse des marchés financiers, préfère réfléchir à l’opportunité d’ouvrir une enquête. Outre UBS, Credit Suisse fait pourtant aussi partie des banques dans le viseur de Londres ou New York. La Banque nationale n’utilise-t-elle pas également le Libor pour sa politique monétaire? On sent la Finma désarmée par l’ampleur de la tâche.

De son côté, la Commission de la concurrence planche sur, de son propre aveu, l’affaire la plus complexe qu’elle ait jamais eu à traiter. Ses conclusions ne viendront pas avant… 2014. Son travail n’est guère facilité par un cadre juridique qui lui interdit de travailler sur des données autres que publiques avec ses homologues. La Comco doit ronger son frein en lisant la presse anglo-saxonne.

Les deux grandes banques n’ont donc rien à craindre en Suisse. Non seulement apparaissent-elles trop grandes pour faire faillites, mais désormais trop grandes aussi pour être surveillées. Une forme d’impunité inquiétante et difficile à accepter.

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Bruxelles promet de vite livrer les résultats de l’enquête sur le Libor Par Mathilde Farine /Le Temps juil12

Bruxelles promet de vite livrer les résultats de l’enquête sur le Libor La Commission européenne s’exprimera «dans les semaines qui viennent». En Suisse, rien n’est attendu avant 2014

Après l’amende record infligée par l’autorité de surveillance britannique FSA et par l’américaine CFTC à Barclays, ce sera bientôt au tour de l’Union européenne de s’exprimer sur l’affaire du Libor. La Commission dévoilera «dans les semaines qui viennent» ses conclusions sur les soupçons de manipulations du taux de référence. Michel Barnier, commissaire européen aux Services financiers, l’a annoncé lundi à BFM Business.

Le scandale autour de ces taux d’intérêt – auxquels les banques pensent pouvoir se prêter entre elles et servant de référence pour de nombreux produits financiers, comme les hypothèques – montre qu’il faut «sanctionner plus durement les abus dans la finance», déclarait déjà Michel Barnier dimanche. Il n’a pas voulu se prononcer sur l’éventuelle implication des grandes banques françaises. En Europe, c’est surtout Deutsche Bank qui attirait l’attention. Selon Der Spiegel, deux cadres de la banque auraient été suspendus dans le cadre de l’affaire Libor.

De l’autre côté de la Manche, le feuilleton devait continuer lundi avec l’audition en fin d’après-midi de Paul Tucker, vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre. L’audition de Bob Diamond, ex-directeur général de Barclays, avait révélé que les deux hommes s’étaient entretenus en 2008 sur les taux plus élevés que soumettait alors la banque britannique lors du sondage quotidien qui permet de fixer le Libor.

L’un des prédécesseurs de Bob Diamond à la tête de Barclays, Martin Taylor, a par ailleurs réagi à un portrait de la banque britannique publié samedi dans le Financial Times. L’actuel président de Syngenta et membre de la commission Vickers chargée d’étudier la séparation entre banque de détail et banque d’affaires relate un épisode datant de 1998 et fait son mea culpa dans l’édition de lundi du quotidien londonien. Bob Diamond était alors à la tête de l’entité de banque d’investissement BarCap. Celle-ci avait voulu se développer dans le marché de la dette russe. Au moment de la faillite de Moscou, l’exposition à ce pays s’est révélée bien plus importante qu’autorisée. Plutôt que d’accepter la démission de Bob Diamond, Martin Taylor l’avait jugé indispensable au développement de BarCap, encore embryonnaire.

Et en Suisse? La Commission de la concurrence (Comco) a déjà annoncé que l’investigation serait «complexe et de longue haleine». De fait, il ne faut pas attendre de conclusions de l’enquête avant 2014. Le gendarme est freiné dans ses recherches par l’absence d’accords bilatéraux avec les autres autorités de concurrence. Cela empêche un échange d’informations.

La Finma – l’équivalent en Suisse des autorités qui ont sanctionné Barclays pour son manque de surveillance interne – n’a pas lancé d’enquête formelle. Elle dit suivre de très près l’affaire Libor et être en contact très étroit avec les banques concernées. En l’occurrence Credit Suisse et UBS.

Le gendarme financier veut pouvoir apprécier l’importance de cette affaire et des enquêtes menées dans ce contexte selon le droit de surveillance suisse. Mais surtout, la Finma ne veut pas se prononcer sur le cas Libor et le rôle que Credit Suisse et UBS ont joué dans ce contexte.

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Le démenti du probable futur gouverneur de la BoE /Agefi juil12

 Affaire Libor. Paul Tucker affirme qu’il n’a encouragé aucun établissement à manipuler le taux interbancaire.

L’un des vice-gouverneurs de la Banque d’Angleterre (BoE), Paul Tucker, a démenti hier avoir encouragé Barclays ou d’autres établissements à manipuler le taux interbancaire britannique Libor au moment de la crise financière de 2008.

M. Tucker, entendu à sa demande par la commission parlementaire du Trésor pour s’expliquer sur cette affaire, a aussi assuré n’avoir «absolument pas» reçu d’instructions de la part des dirigeants travaillistes de l’époque pour faire baisser artificiellement le taux soumis par Barclays et ainsi la faire paraître en meilleure santé financière.

Le responsable, pressenti pour succéder l’été prochain à l’actuel gouverneur de la BoE, Mervyn King, a en revanche reconnu que les pouvoirs publics étaient à l’époque «inquiets» de la santé de Barclays.

Selon M. Tucker, les responsables du pays comme le marché se demandaient à l’époque: «Est-ce que Barclays va bien? Etait-ce la bonne décision que Barclays n’accepte pas de capitaux de la part du gouvernement?», à la différence de Royal Bank of Scotland (RBS) ou Lloyds.

Barclays avait révélé le compte-rendu d’une discussion téléphonique entre l’ancien patron de Barclays Bod Diamond et M. Tucker, au moment de la crise financière de 2008, qui a jeté le doute sur la responsabilité des autorités dans les manipulations de taux.

Des courriers électroniques, rendus publics lundi par un député travailliste, montrent également que les deux responsables avaient discuté à plusieurs reprises en octobre 2008.

Dans ces messages, Paul Tucker s’étonne des capacités d’emprunt de la banque Barclays mais ne donne pas de consigne concernant une éventuelle manipulation de taux.

Le scandale a éclaté mercredi 27 juin, lorsque Barclays a révélé qu’elle allait payer environ 360 millions d’euros pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain dans une affaire de manipulation du taux interbancaire britannique Libor et européen Euribor entre 2005 et 2009.

L’affaire, qui vient de coûter sa place à M. Diamond, a aussi pris une tournure politique lorsque le ministre conservateur des Finances, George Osborne, a estimé la semaine dernière que les travaillistes étaient «clairement impliqués» dans l’affaire.


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