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Politique Friction du Lundi 5 Novembre 2012 : Sur la question de la compétitivité; le poisson pourrit par la tête par Bruno Bertez

Politique Friction du Lundi 5 Novembre 2012 : Sur la question de la compétitivité; le poisson pourrit par la tête par Bruno Bertez

Le débat sur la compétitivité va entrer dans une phase nouvelle avec la remise du rapport de Louis Gallois. Il n’y aura rien dans ce rapport qui puisse étonner ou surprendre. La question de la compétitivité est une tarte à la crème ou, si on veut pour parler en langage presse, un marronnier.

Comment réussir à esquiver toutes les vraies questions ? Le rapport Gallois nous apportera peut être en revanche une réponse originale.

L’auteur a l’expérience de l’entreprise, le sens de l’intérêt national et un certain sens politique. Il semble au fil du temps, avoir perdu le coté National Productiviste des amis de Jean Pierre Chevènement. L’expérience concrète de la concurrence oblige.

Comment Gallois se débrouillera-t- il de la question centrale du profit avec lequel ses amis et les Français sont brouillés? Nous soutenons que le sous-système français est non compétitif et le sera de moins en moins car il nie, à tous les niveaux, les règles du jeu du système plus vaste dans lequel il est inséré.

Nous ne sommes pas intervenus, jusqu’à présent, sur la question de la compétitivité. La raison est qu’à ce jour, rien d’intéressant ou de consistant n’a été dit ou écrit. Inutile de parler dans le vide ou l’à peu près.

Cependant, d’ores et déjà, nous disons qu’il faudra se souvenir du contexte dans lequel le débat a été lancé. Que ce soit en matière cyclique, fondamentale ou structurelle, dans les débats, les contextes sont essentiels.

L’origine d’un débat compte autant que la manière de le poser et la personnalité de ceux qui le lancent.

Le débat à deux origines :

  • -La grogne des entreprises face à l’accroissement de leurs charges.
  • -La déconfiture de certains secteurs comme l’automobile.

En fait il recouvre beaucoup de choses, entre autres :

  • -Le chômage, pourquoi perd-t-on des emplois en France?
  • -Les charges sociales, dont la France bat des records.
  • -L’intervention de l’état, dont les dépenses représentent 56,3 % du GDP.
  • -Les impôts et taxes augmentés par souci d’austérité et de nivellement.
  • -Le niveau de vie des citoyens qui travaillent, et celui des assistés.
  • -La spécialisation industrielle et économique défaillante.
  • -Les retards et erreurs technologiques.
  • -La structure de l’économie dominée par les services improductifs et protégés.

Nous ne faisons que citer ce qui nous vient à l’esprit, sans souci d’exhaustivité.

Pourquoi ? Parce que nous considérons que cette démarche ne mène à rien sauf à des catalogues à la Prévert et à des gaspillages sur le cout des missions confiées a des Attali ou autres Gallois. Ce qui ne nous empêche pas, disons- le d’apprécier d’autres réussites de ces personnes par ailleurs; Nous voulons souligner que leur confier des missions de ce genre constitue dès le départ une erreur de casting.

Les démarches analytiques, énonciatrices de ce type, passent à coté de l’essentiel, à  savoir que ce ne sont pas les abstractions, les concepts qui travaillent et produisent, mais les hommes, leurs organisations, leurs entreprises. Les hommes qui ont des besoins, des désirs, des projets.

Toutes ces démarches marchent sur la tète et contiennent dés l’origine, leur inutilité, leur vacuité.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Le problème est humain, social, sociétal. C’est là que cela se passe : Au niveau de l’homme et de ses institutions.

Il nous revient un petit apologue raconté par JimSinclair, le grand gold bug qui s’est rendu célèbre pour avoir diagnostiqué la première grande vague de hausse du métal jaune, il vit encore d’ailleurs. Sinclair parlait de l’avenir du système monétaire international et disait qu’il était condamné.

A ceux qui objectaient : Mais personne ne voudra jamais! Il  répondait :

« Quand on y sera obligé, on le fera. On fera la réforme, ou plutôt même, elle se fera. Si vous êtes dans un trou, seul, vous attendez que l’on vienne vous sortir de ce trou; Si d’un seul coup, vous voyez briller les yeux d’un serpent, alors vous retrouvez force et énergie et d’un seul coup vous allez trouver les ressources pour sortir de là. »

Et bien c’est la même chose avec la compétitivité, tant que vous comptez sur les autres, sur la dette, sur la répartition, sur le pillage de l’épargne, pour vous en sortir, il n’y a aucune chance pour que vous vous en sortiez. C’est à la racine, qu’il faut s’attaquer pour la reconquête de la compétitivité, au niveau de la volonté, de la motivation. Tant qu’il y aura des moyens d’y échapper, des moyens de continuer d’être inefficaces et de bien vivre, et avec bonne conscience, alors cela continuera. Dans  le cas présent le gouvernement ne cherche qu’une chose, que cela dure, il ne cherche qu’à repousser les échéances, vivre au dessus des moyens des Français, des Européens, et même des Emergents. Bref il compte sur les autres.

On ne veut pas toucher aux spécificités françaises : une France paresseuse qui travaille peu d’heures dans l’année, des frais généraux de la Nation exorbitants, une législation du travail désincitative, qui encourage à la paresse, au moindre effort, qui nie le rôle et le pouvoir de l’encadrement, etc…

Fixez vous un butoir, tracez une limite à vos gabegies et facilités, et tout, tout le reste en découlera. On fait le contraire, à grande échelle.

Le ministre du redressement et du  viagra réunis veut faire sauter les limites, les contraintes et faire du protectionnisme. Déjà cela, c’est la pollution à l’état pur puisque c’est le refus des valeurs fixées par le marché mondial. 

Prés de 40%  des Français sont pour une nationalisation de Peugeot, c’est la même chose, le refus des limites imposées par la concurrence, la comptabilisé, la nécessité du profit et des équilibres financiers.

Et tout est l’avenant, ce ne sont qu’exemples concrets pris dans l’actualité qui montrent que le mal est profond et qu’il est enraciné dans la société française et ses institutions.

La compétitivité c’est l’autre nom de l’efficacité, l’autre nom de la contrainte de profit, car ne n’oubliez pas, nous sommes, nolens volens, immergés dans un monde capitaliste, un monde ou la règle du jeu est la recherche du profit. Celui qui n’est pas rentable ne survit pas.

Un monde ou celui qui s’écarte de la règle, une fois qu’il a épuisé son pouvoir d’endettement, une fois qu’il a croqué les économies, l’épargne de ses citoyens, une fois qu’il a épuisé les délices pervers de l’avilissement de la monnaie, qu’il a laminé ses élites, et bien ce monde, est sans pitié, il précipite dans le déclin, la régression.

Nous l’affirmons, il n’est pas possible de penser juste sur la compétitivité et son symétrique, le chômage, si on refuse d’examiner la question centrale de l’efficacité économique, si on nie cette question centrale à savoir celle du profit. Celle de sa légitimité, celle de son utilité comme mesure d’efficacité, celle de son utilité comme source de financement.

Il n’est pas possible de penser juste, sans reconnaitre que tout ce qui est humain se joue au niveau des incitations et que si vous désincitez les hommes à l’effort, au travail, à l’épargne, au risque, à l’innovation, alors vous renoncez à la compétitivité.

Le premier changement efficace, c’est celui de la mentalité du personnel dirigeant, celui de son mode de sélection, de son mode de rémunération, de promotion. Tant que vous récompenserez des gens qui sont à l’origine de la non-compétitivité, et  font leur fonds de commerce de la désincitation celle  ci durera, s’amplifiera. Jusqu’a ce que le coq, du fond de son trou voit briller les yeux du serpent.

 

BRUNO BERTEZ Le Lundi 5 Novembre 2012

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5 réponses »

  1. Magnifique… tout est dans les incitations, et la responsabilité… Nous n’avons ni l’un, ni l’autre. Je m’en fous : je me barre de ce pays de dingues.

    Encore merci pour vos articles lumineux.

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  2. Une brève : Gaspillage et discrédit de la démocratie

    Aux Etats Unis, Mary Theroux du Independente Institute a calculé que les deux candidats ont,ensemble depensé directement et indirectement plus de 1,2 milliards de dollars .

    Soit 1,2 milliards pour créer une ambiance, une image, bref pour mettre en place des paroles et des images d’influence.

    Surtout pas de vérité , surtout pas de réflexion, rien que de l’émotionnel et du primaire.

    L’un des exemples les plus scandaleux relevé par l’auteur est celui du retrait d’Irak dont on sait que Obama a manipulé le calendrier, fixé par Bush, pour son propre agenda éléctoral.

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  3. La cible française.

    Ce n’est pas la première fois que les institutions mondiales, certains de nos lecteurs diraient mondialistes, désignent un pays à la spéculation. C’est maintenant classique, quand un pays déplait, on lâche dessus ce que l’on peut appeler la Wolfpack.

    Il y avait, ces derniers temps déjà, des touches sur la France.
    Elles se précisent.
    Ainsi le FMI vient, à un moment tout à fait choisi au hasard , de désigner la France à la meute de la communauté spéculative mondiale:

    « La perte de compétitivité de la France risque de devenir plus sévère, si l’économie française ne s’adapte pas et ne fait pas ce que font ses partenaires commerciaux majeurs en Europe notablement l’Italie et l’Espagne »

    Réfléchissez :

    La France doit faire, prendre les mêmes mesures pour faire comme les pestiférés.
    Donc c’est déjà la désigner comme telles, dans le même groupe. Il est vrai que Hollande ne cesse de réclamer son appartenance à ce groupe!

    L’Espagne et l’Italie sont engagés dans des programmes de dévaluation interne, de baisse du niveau de vie, bref dans une recherche primaire de compétitivité façon klepto et FMI réunis.

    Leur objectif est de vendre plus, en particulier, aux Français: Mais si la France fait la même chose, cela annule les efforts de l’Italie et de L’Espagne.

    Donc il faudra recommencer un tour et faire rouler à nouveau le sinistre tonneau des danaides de l’austérité.

    Pourtant Hollande et Ayurault font déjà de gros efforts, au mépris de leurs promesses électorales, hélas, visiblement ce n’est pas encore assez.

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  4. merci,vous etes l’un des rares a soulever les diverses vraies causes de notre affaissement productif.je pense que l’éventail que vous donnez est assez complet,je rajouterais peut etre la spéculation immobilière et quelques considérations d’environnement , de santé publique,d’éducation et de civisme

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