Qui sont les actionnaires?
L’initiative Minder en Suisse et son contre-projet indirect veulent renforcer le pouvoir des actionnaires pour empêcher certains salaires abusifs des patrons des sociétés cotées à la bourse suisse. Ni l’une ni l’autre n’apportent de réponse convaincante à ce sujet

Mercredi, Le Temps vous apprenait tout sur l’initiative Minder et sur le contre-projet qui passera en force si elle est rejetée. A noter qu’il est fort peu démocratique de ne proposer au peuple que d’approuver ou de rejeter l’initiative sans lui offrir la même possibilité pour le contre-projet. Il peut évidemment faire l’objet d’un référendum facultatif dans une période de 100 jours suivant la votation, mais c’est le plaisir de compliquer les choses au lieu de les traiter lors de la même consultation.
Notre sujet est ailleurs. Les deux textes s’appliquent aux sociétés cotées à la bourse suisse et passent l’un et l’autre par les assemblées d’actionnaires pour mettre de l’ordre dans les rémunérations dites abusives. Soit, mais qui sont ces actionnaires qui deviendront les gardiens du temple? Sont-ce les créateurs de l’entreprise ou leurs héritiers? Non, évidemment pas, ou dans des proportions extrêmement faibles. Sont-ce des petits porteurs qui se déplaceraient en masse pour faire valoir leur opinion? Non, bien sûr, puisque, même nombreux, ils ne représentent qu’une part infime de la propriété des 260 entreprises dont il est question ici.
Les véritables actionnaires, ceux qui comptent, qui ont du poids, ce sont vous et moi à travers nos caisses de pension. Or, qui nous représente aux assemblées générales sinon des gestionnaires, des financiers, des avocats, les délégués des banques auxquelles nos fonds ont été confiés. En un mot, des gens de la même culture que les grands directeurs et administrateurs dont il s’agirait de limiter les appétits! S’il est vrai qu’ils pourront sans doute bloquer les abus les plus criants, il est illusoire de penser qu’ils révolutionneront les choses car, in fine, ils sont de la même école. Eux-mêmes sont sans doute membres de conseils d’administration, cercles où la cooptation est de règle. Délicat donc de se mettre la corporation à dos.
L’initiative a sans doute bien compris le problème puisqu’elle oblige les caisses de pension à publier leurs intentions de vote avant les assemblées générales et à se prononcer dans le sens de l’intérêt des cotisants (faudrait-il encore prouver où il est). Le contre-projet leur recommande un même comportement sans les y obliger. Pourtant, avouons-le, qui d’entre nous ira voir ce que sa caisse décide pour chacune des entreprises dont elle peut posséder des actions? A part quelques spécialistes ou quelques quérulents, personne! Dès lors, ni l’initiative ni le contre-projet n’apporteront vraiment la solution aux interrogations du peuple.
Quant à la proposition qui émane des Jeunes Socialistes visant à empêcher qu’un patron touche plus de 12 fois le salaire de l’un de ses employés, elle est beaucoup plus perverse. En effet, elle s’adresse à toutes les PME du pays et non pas aux seules structures cotées en bourse. Elle ne tient compte ni de l’ancienneté (un vieux patron versus un jeune ouvrier) ni de l’engagement d’une vie pour créer une entreprise pérenne, sans oublier l’investissement financier et la prise de risques… Si l’on cherche un outil infaillible pour décourager l’entrepreneuriat, celui-ci est le bon!
Par Marie-Hélène Miauton/Le Temps Janv13
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b67bfaa8-60d6-11e2-874d-e9d7afa0f4ab/Qui_sont_les_actionnaires
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