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Nicolas Doze/BFM : Sauvetage de la Grèce, Le FMI reconnait son erreur et prépare sa sortie

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Nicolas Doze/BFM : Sauvetage de la Grèce, Le FMI reconnait son erreur et prépare sa sortie 6 Juin 2013

Nicolas Doze/BFM : La faillite des élites – 6 juin 2013

EN LIEN: Le Document du FMI en Anglais

Le FMI a fait son mea culpa mercredi et admit que le premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010 s’était soldé par des «échecs notables» en raison notamment de désaccords avec ses partenaires européens au sein de la «troïka». Jeudi, Bruxelles s’est dit en «désaccord fondamental» avec ce rapport.Il concède que la Grèce ne satisfaisait pas les conditions de soutenabilité requises pour obtenir un prêt, et qu’il a abaissé ces critères pour permettre à la zone euro de gagner du temps et éviter l’éclatement de la zone euro.

«Il y a eu […] des échecs notables. La confiance des marchés n’a pas été rétablie […] et l’économie a été confrontée à une récession bien plus forte que prévu», a indiqué le Fonds monétaire international dans un rapport évaluant les résultats du plan d’aide de 110 milliards d’euros accordé à Athènes en mai 2010 en contrepartie d’un plan d’économies drastiques.

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Selon le Wall Street Journal de jeudi, ce rapport – estampillé «strictement confidentiel» – aurait été rendu public mercredi soir tard après que des reporters du quotidien américain en ont publié les grandes lignes. «Durant les dernières années, note le quotidien, de nombreux cadres du FMI – y compris la directrice Christine Lagarde – ont rappelé que la dette grecque était viable»et qu’elle pourrait être totalement remboursée à terme. Le rapport indique le contraire. les incertitudes qui entouraient le plan de sauvetage grec étaient si grandes que les officiels du FMI refusaient de s’engager sur cette question

Car le Fonds s’était montré bien optimiste en 2010 en tablant sur un retour de la croissance en Grèce dès 2012 et une amélioration sur le front de l’emploi, souligne l’AFP.

Les faits lui ont donné tort: le pays s’enfonce actuellement dans la récession pour la sixième année d’affilée avec un taux de chômage de 27%, malgré un deuxième plan d’aide international massif au printemps 2012. « La contraction de l’économie grecque dépasse le scénario le plus cauchemardesque du FMI », affirme le blog To the Tick. « Ils pensaient qu’elle ne se contracterait que de 5,5%. Il s’avère que c’est de plus de trois fois ce pourcentage (17%). Belle prouesse mathématique. Les coupes sombres dans les retraites, 40% en moyenne, ont fait plonger dans la misère des centaines de milliers de pensionnés modestes…

Les projections de dette publique grecque établies par le Fonds ont elles aussi été balayées «dans une très large mesure», indique l’institution. Pire, le FMI reconnait qu’il s’est beaucoup trompé concernant l’évolution de la dette grecque, et qu’il s’est montré bien trop optimiste dans ses calculs concernant l’économie grecque, sous-estimant les difficultés réelles. « Il y a eu (…) des échecs flagrants. La confiance des marchés n’a pas été rétablie (…) et l’économie a été confrontée à une récession bien plus forte que prévu », reconnait le rapport. A la suite de cette politique d’austérité, l’économie grecque n’a jamais regagné la confiance des marchés, et elle a sombré dans une spirale de la récession.

Ce n’est pas la première fois que le FMI fait son aggiornamento sur la Grèce. En octobre, son chef économiste Olivier Blanchard avait fait sensation en admettant avoir sous-estimé les «multiplicateurs budgétaires» qui mesurent l’impact des mesures d’austérité sur la croissance.

Mais le Fonds va plus loin aujourd’hui en remettant en cause l’efficacité même de la troïka, la structure hybride qu’il forme avec la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) et qui est aujourd’hui en charge de quatre plans de sauvetage dans la zone euro.

Selon le rapport, cette cohabitation a obligé le Fonds à «négocier d’abord avec les pays de la zone euro […] et ensuite avec les autorités grecques», créant une source d’«incertitude considérable» alimentée par les hésitations et revirement européens.

«Manque d’expérience»

«Il n’y avait pas de division claire du travail» au sein de la troïka, relève le rapport, qui ajoute que les Européens manquaient d’expérience et de «compétences» sur des programmes d’aide liés à de très strictes conditions.

L’ironie de l’Histoire veut que l’Europe voyait d’un très mauvais œil l’arrivée du FMI sur le Vieux Continent. Début 2010, Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, jugeait même cette éventualité «mauvaise».

Décryptant les relations au sein de la troïka, le FMI s’attache à un point crucial du plan de sauvetage grec: la restructuration massive de la dette privée au printemps 2012.

Le Fonds estime aujourd’hui que cette opération, la plus importante de l’Histoire, aurait dû être menée dès 2010 mais que cette solution n’était alors pas «politiquement réalisable» en raison de l’opposition des Européens.

«La restructuration de la dette avait été envisagée par les parties à la négociation (du programme grec, ndlr) mais elle a été exclue par les dirigeants de la zone euro», qui craignaient qu’une telle mesure ne soit pas approuvée par les Parlements nationaux, indique le rapport.

Cette décision a été lourde de conséquences, selon le Fonds. Elle a permis à de nombreux créanciers privés (banques, fonds d’investissement) de «s’échapper» du pays sans subir la moindre perte et de «passer le fardeau» aux Etats et donc aux contribuables qui ont dû de nouveau renflouer la Grèce en 2012.

«Nous aurions dû avoir une réduction de dette plus tôt en Grèce», a reconnu mercredi Poul Thomsen, chef de la mission du FMI en Grèce. Une restructuration immédiate, en 2010, aurait coûté moins cher aux contribuables européens, puisque l’argent emprunté a finalement servi à rembourser des créanciers privés et qu’il n’a pas permis d’alléger la dette grecque, mais simplement de substituer de nouveaux créanciers, la zone euro et le FMI, aux anciens créanciers privés. « Une restructuration plus précoce de la dette aurait pu alléger le fardeau de l’ajustement de la Grèce et contribuer à éviter une contraction aussi spectaculaire de la production », indique-t-il.

Le premier plan d’aide a en réalité été une mesure «d’attente», résume le rapport. Il a permis de donner le temps à la zone euro de construire son pare-feu, le Mécanisme européen de stabilité, afin de protéger d’autres pays «vulnérables» et limiter l’impact sur l’économie mondiale.

« En d’autres termes, et comme nous l’avons affirmé depuis le tout début, la Grèce n’a été qu’un bouc émissaire pour préserver la viabilité de la zone euro, autrement condamnée, avec un répit de plus de 3 ans accordé uniquement pour contenir la crise et éviter qu’elle ne se répande sur toute l’Europe, au lieu de restructurer très tôt la dette et permettre à la Grèce de quitter la zone euro pour que le pays puisse se soumettre à un rééquilibrage externe basé sur la Drachme. L’organisation, qui n’avait aucune idée sur la manière de procéder, a juste concocté les choses avec un objectif simple : protéger Bruxelles de la réalité. Et pour ce faire, le FMI a manipulé les données, présentant continuellement des prévisions trop optimistes, alors que toutes les réformes en Grèce ont échoué et continuent d’échouer encore à ce jour », critique le blog Zero Hedge.

Source Le Temps + divers 6/5/13

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/89396aaa-ce70-11e2-a06e-793e5fce14b9/Bruxelles_en_désaccord avec_le_rapport_du_FMI_sur_la_Gr�ce

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