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Mister Market and Doctor Conjoncture du Samedi 7 Septembre 2013: L’ombre des élections allemandes, Draghi est un génie par Bruno Bertez

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Mister Market and Doctor Conjoncture du Samedi 7 Septembre 2013: L’ombre des élections allemandes,  Draghi est un génie par Bruno Bertez

Il est de plus en plus évident que l’Europe est sous cloche. Tout est arrêté, quasi silencieux, on retient son souffle dans l’attente des élections allemandes prévues pour le 22 septembre. Chut, pas de bruit, pas d’éclats de voix, rien qui pourrait gêner Merkel. Tout est comme amorti.

C’est ce que nous avons pensé en suivant la dernière conférence de Draghi. Spontanément, il respecte la consigne implicite de la classe du Pouvoir Européen.

Il y en d’autres qui la respectent encore mieux, ce sont les journalistes. La conférence a donné sous cet aspect un spectacle affligeant. Ils, ces journalistes, sont plus banquiers centraux que Draghi. Ils ont adopté le code verbal, les raisonnements, les articulations de raisonnements. Le travail est tellement mâché pour Draghi, qu’en fait les questions comprennent déjà les réponses; à la limite, le patron du cartel européen des Banques Centrales n’a plus qu’à sourire d’un air entendu et à renvoyer sa future non-réponse à une date ultérieure. Mimétisme, en fait les journalistes viennent pour montrer qu’ils sont à la hauteur, pas pour, comme on dit, « cuisiner » l’interviewer. Les règles implicites, passez la vulgarité, « puent » la connivence, même pour ceux que l’on sent un peu critiques. On ne peut même pas dire que les fleurets sont mouchetés, il n’y a pas de fleuret.

Comme personne, dans l’assistance, n’a dépassé les cours de deuxième année de faculté sur la monnaie, n’a jamais essayé de voir ce qu’il y avait derrière les théories dominantes, on  n’apprend rien, hors ce que Draghi a choisi de dire. Ce qu’il a choisi de communiquer, rien hors de ce mot horrible, qu’il répète d’un air mi rusé, mi satisfait: sa « guidance ». Les pauvres, ils viennent pour se faire « guider »  pour être la courroie de transmission de la guidance du Maître.

Il ne faut pas compter sur ces gens pour faire autre chose que passer les plats, comme des larbins, pour être autre chose que des pisse copies, copiés-collés. Il ne faut  compter sur eux, ni pour démystifier les discours de la classe dominante, ni pour leur faire remonter quoi que ce soit des gens d’en bas.

Sur la Grèce,  question sur les nouveaux besoins de ce pestiféré.

On verra. Ce n’est pas le moment de poser la question d’un nouveau plan, de toutes façons, si nouveau plan il y a, il y aura des conditionnalités! Vous êtes renseignés. Est-ce que les nouveaux besoins sont de 14 ou de 80  milliards? Pas de réponse. Je suis transparent, mais pas au point de dire des choses intéressantes. Le programme en cours expire en 2014, contentez-vous de cela,  vos compétences et votre capacité d’anticipation ne sont pas assez grandes pour que vous ayez droit à ces informations, informations qui circulent en Allemagne. Rien sur une nouvelle PSI, une nouvelle restructuration.

Sur l’Espagne, les réponses sont un monument… d’imbécillité.

En Espagne, tout va bien. Tout est comme on dit, « on track », sur les rails. Les banques se restructurent, elles deleveragent, elles reconnaissent les pertes, elles vendent des assets, elles réduisent leur dépendance à l’égard du système européen. Pour le reste, pour la réalité, derrière le « extend and pretend », rien, circulez, rien à voir.

Les Pays Bas sont sur la bonne voie, mais beaucoup reste à faire.

Il faut des nouvelles mesures d’austérité, reformer les pensions, remettre de l’ordre dans le logement. Les ménages et les banques se désendettent, cela est normal.

On ne parle ni de la France  ni de l’Italie et, bien sûr,  pas de l’Allemagne.

On retiendra quand même quelques idées.

Draghi ne partage pas l’optimisme -de commande et monté en épingle- des gouvernements européens. Il considère que les résultats du second trimestre contiennent un effet climatique transitoire favorable qui les fausse. Il fait remarquer que la création de crédit, seul critère important, continue de régresser doucement. L’emploi ne s’améliore pas.

Au second semestre, les secteurs privé et bancaire vont continuer de se désendetter, de deleverager, ceci va peser sur l’activité économique. Par ailleurs, de nouvelles mesures d’austérité vont entrer en vigueur et prendre leur effet. La prévision de « croissance » de la BCE pour 2013  est cependant, si on peut dire, améliorée, on ne régressera que de -0,4% au lieu de -0,6%; pour 2014, on révise en légère baisse les prévisions à +1% au lieu de +1,1%.

L’inflation officielle reste maîtrisée avec une prévision de 1,8% en 2013 et de 1,3% en 2104. Les anticipations de moyen terme sont tout à fait dans la ligne souhaitée par la BCE.

Comme nous l’avons dit, le crédit est un point noir, il continue de s’étioler; M2 ralentit encore à +2,2% en Juillet contre 2,4% en Juin. Les prêts aux ménages stagnent à +0,3%; les prêts au secteur non financier poursuivent leur régression. La « weak loan dynamics » se poursuit en raison des ajustements de bilans des agents économiques.

Sur l’action future de la BCE: La Banque Centrale s’opposera à la hausse des taux si les conditions de liquidité viennent à se resserrer. Elle maintiendra un biais vers la baisse des taux administrés. Elle ne s’opposera pas aux hausses de taux de marché qui seraient provoquées par des nouvelles économiques, mais elle veillera à ce qu’il n’y ait pas de « overreaction ».

La BCE constate une régression de la fragmentation  laquelle, on le sait,  est liée aux craintes sur la re-dénomination des créances/dettes que provoquerait un éclatement de l’euro. Le maintien de liquidités excédentaires s’explique par la nécessité de lutter encore comme la fragmentation.

A noter, petite pique, les taux trop bas en Allemagne ne dépendent pas de la BCE; si les taux sont trop bas en Allemagne, c’est parce que ce pays constitue un « safe haven » qui attire les capitaux peureux ; quand la fragmentation régressera,  les taux allemands remonteront vers des niveaux plus satisfaisants, satisfaisants au sens de la Buba. Bref la relation entre les taux de la BCE et ceux des Bunds n’est pas aussi simple qu’il y parait.

Pourquoi l’OMT a-t-il été aussi efficace? Parce que Draghi est un génie. Il a conçu l’OMT à la perfection pour lutter contre la re-dénomination (voir plus haut) et il était accompagné de conditionnalités crédibles ; cela a suffi  à revaloriser la dette des périphériques cotés sur les marchés secondaires. Donc, surveillez la crédibilité des fameuses conditionnalités!

Enfin, attention, préparez-vous, le fameux « Asset Quality Review » des banques n’est ni un mythe ni une arlésienne, il interviendra bien à la mi-octobre. Enfin, on va savoir ce qu’elles ont dans le ventre! Non, ne rêvez pas, nous croyons comprendre que tout cela ne sera pas aussi transparent que vous auriez pu le craindre ou l’espérer. Nous y reviendrons. Ce qui est sûr, c’est que nous croyons de moins en moins à une opération Vérité.

BRUNO BERTEZ Le Samedi 7 Septembre 2013

illustrations et mise en page by THE WOLF

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