Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

La déflation, ennemi public numéro un?

Publicités

La déflation, ennemi public numéro un?

La déflation, ennemi public numéro un? La formidable révolution en cours est déflationniste par essence et nous en avons eu jusqu’à présent la meilleure part puisqu’elle a provoqué la désinflation bienvenue que l’on sait

Grâce à une politique de taux d’intérêt très élevés, ­l’inflation a été jugulée au début des années 1980 aux Etats-Unis. Plus d’une génération a passé mais l’inconscient collectif des investisseurs continue à craindre ce mal, estimant en revanche que la déflation n’est qu’un faux problème, les banques centrales pouvant toujours la maîtriser en imprimant de la monnaie sans limites. Mais les risques considérables que cette fausse certitude va finir par occasionner se confirment tous les jours. 

Pour comprendre que nous avons changé d’époque, plongez-vous dans un livre fondamental, dont la traduction française se fait encore attendre, intitulé Who Owns the Future? d’un certain Jaron Lanier. Outre quelques fulgurances géniales, cet Américain, spécialiste d’Internet, nous annonce sans détour l’érosion accélérée, pour ne pas dire la disparition de la classe moyenne assurant des tâches liées au traitement de l’information. Car si votre métier est devenu aussi dépassé que celui d’un chauffeur de locomotive à vapeur d’alors, votre capacité de négociation tend vers zéro. Or, la déflation, plus que la baisse des prix, c’est d’abord cette perte d’utilité de pans entiers de notre société. 

Toutefois, au nom des grands principes démocratiques, certains pays comme la France refusent cette réalité, persuadés qu’ils pourront continuer à porter à bout de bras une clientèle politique devenue obsolète sur le marché du travail. 

La formidable révolution en cours est donc déflationniste par essence et nous en avons eu jusqu’à présent la meilleure part puisqu’elle a provoqué la désinflation bienvenue que l’on sait. Pour les investisseurs qui l’avaient compris, les bonnes occasions n’ont pas manqué au cours de cette période. Car la planche à billets a permis de gonfler la valeur des actifs réels, qu’il s’agisse d’immobilier ou de titres en bourse. Cerise sur le gâteau, les valeurs obligataires ont connu une hausse quasi ininterrompue depuis la maîtrise de l’inflation, ou plutôt depuis le début de la désinflation. Au point que les opérateurs ont oublié qu’une hausse des taux reste possible, d’abord en cas de dégradation du risque débiteur. A ce titre, la débâcle grecque ne semble pas avoir marqué les esprits. 

En bref, la déflation reste un moindre mal pour les politiques ou les investisseurs qui ne subissent pas la conjoncture, à commencer par celle du marché du travail. Mais que se passerait-il si, dans une seconde phase trop longtemps occultée, la déflation s’aggravait pour contaminer l’ensemble de la sphère économique? Dans un tel cas de figure, les marchés financiers ne pourraient plus maintenir leur équilibre instable et assurer sans peine le financement des déficits publics.

Par François Gilliéron Consultant indépendant 23/12/2013

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1b95620c-6b2c-11e3-9211-1ac4a1902390/La_d�flation_ennemi_public_num�ro_un

Quitter la version mobile