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BRI: Les marchés sont découplés de l’économie (Avec commentaire de Bruno Bertez)

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BRI:  Les marchés sont découplés de l’économie (Avec commentaire de Bruno Bertez)

Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), l’économie affiche des signes encourageants, mais des déséquilibres persistent. La Suisse montre des signes de surchauffe

L’économie mondiale a affiché l’an dernier des signes «encourageants», mais des déséquilibres persistent. Dans son 84e rapport annuel, la Banque des règlements internationaux (BRI) qualifie le redressement actuel de l’économie mondiale de «précieuse opportunité qu’il ne faut pas manquer».

«L’économie mondiale peine à sortir de l’ombre projetée par la grande crise financière», observe le rapport. Il faut moins compter sur la stimulation traditionnelle de la demande globale et miser davantage sur l’assainissement des bilans et les réformes structurelles, conseille la BRI.

«Impression déconcertante»

L’institut relève la «sensibilité extrême» des marchés financiers à la politique monétaire, tant effective qu’anticipée. L’année écoulée laisse une «impression déconcertante de découplage entre le dynamisme des marchés et l’évolution sous-jacente de l’économie mondiale», souligne-t-il.

A titre d’exemple, l’indice S&P 500 aux Etats-Unis a gagné près de 20% sur les douze mois allant jusqu’à mai 2014, alors que les bénéfices anticipés des sociétés ont, eux, crû de moins de 8% sur cette période.

Au sujet de la dette, la BRI est d’avis que cette problématique ne concerne pas que les économies les plus touchées par la crise financière de 2007 à 2009 mais aussi celles qui y ont échappé. Dans un chapitre consacré à la dette et au cycle financier, l’institut évalue le risque de crise financière à l’aide d’une série d’indicateurs avancés. L’un des objectifs est d’estimer dans quelle mesure les ménages et les entreprises doivent réduire leur endettement par rapport au PIB pour revenir à des niveaux plus viables.

La Suisse, pays émergent

La BRI emploie le ratio crédit/PIB (déviation du ratio crédit/PIB par rapport à sa tendance à long terme) ainsi que les écarts des prix de l’immobilier, aussi par rapport à leur moyenne de long terme.

Dans plusieurs pays, les indicateurs avancés envoient des «signaux inquiétants», juge la BRI. La Suisse est citée. «Dans de nombreuses économies émergentes ainsi qu’en Suisse, l’écart du ratio crédit/PIB se situe largement au-dessus du seuil annonçant d’éventuels problèmes», selon la BRI.

Dans un tableau, l’institut distingue entre trois catégories d’économies: les pays en expansion, ceux qui envoient des signaux mixtes et ceux qui subissent une contraction. La Suisse figure dans la première catégorie aux côtés du Brésil, de la Chine ou de la Turquie notamment. L’Allemagne, la France, les Etats-Unis, le Japon font notamment partie de la deuxième catégorie.

Pour mettre fin aux déséquilibres résultant de la politique monétaire «trop sollicitée depuis trop longtemps», l’institut juge qu’il sera «difficile de résoudre la question du calendrier et du rythme idéals de la normalisation des politiques».

Cette transition sera sans doute «complexe et mouvementée», «quels que soient les efforts déployés en matière de communication», prévient la BRI.

PAR YVES HULMANN  ZURICH/Le Temps 30/6/2014

A PROPOS Par Bruno Bertez

Le Rapport de la BRI et la mère de toutes les bulles.

J’ai lu le rapport de la BRI et j’ai été tenté de le commenter. Je me suis dit que sous la forme de commentaire cela n’apporterai rien de nouveau aux lecteurs de Lupus:

Ils savent que la croissance est faible et en partie bidon!

Ils savent que risque financier est élevé et que les prises de risques provoquées par la répression financière sont dangereuse!

Ils savent que traditionnellement la BRI est la bonne conscience de la finance et des banques centrales, leur garde-fou! 

La BRI c’est le royaume des elfes, des gnomes noirs! Elle pratique l’hommage du vice à la vertu pour faire durer le vice. Bernanke a travaillé à la BRI c’est tout dire!

La BRI défend l’idée que nos lecteurs connaissent bien, tellement nous la rabâchons, de la déconnexion entre la Sphère Réelle et la Sphère Financière. Elle suggère que les banques centrales ont soufflé une nouvelle bulle pour échapper à la crise de 2008/2009.

Elle pourra dire un de ces jours, dans le futur: nous vous l’avions bien dit!

La BRI souligne les limites de ces politiques et les côtés destructeurs, mais elle plaide pour une accentuation des fameuses réformes chères également au FMI. La BRI est étriquée, elle ne se pose pas la question de l’acceptation sociale de ces politiques de réformes, ou de leur efficacité. La destruction du capital social d’un pays, cela a un coût, et la BRI ne l’inclut pas dans ses analyses. A quoi sert d’essayer de sauver le système par la finance s’il périt par la dislocation sociale?

La BRI n’ose pas dire que la constitution d’une nouvelle bulle est le prix à payer pour tenter de faire semblant de sortir de la crise car elle pratique la pensée positive, non dialectique: c’est une pensée de fonctionnaire, énumérative. La réalité est que les deux sont indissolublement liées, le Bien est inséparable du Mal c’est à dire qu’éviter l’effondrement à un coût en terme de risque d’abord et en terme de destruction systémique ensuite.

Je n’ai pas commenté, mais vous avez raison de souligner que, sous une forme « soft », dédiabolisée, la BRI évoque la question de la destruction du fonds d’épargne institutionnelle et privé. Elle pense, et ceci est à l’opposé de la pensée des kleptos que l’on ne pourra pas continuer le modèle de croissance par l’accumulation de dettes. Elle est, disons pour simplifier un peu plus orthodoxe, mais seulement un peu plus. Les anglo-saxons, eux veulent que l’on se mette en position de pouvoir créer 100 trillions de dettes de plus ces prochaines années! De beaux jours pour les agences de rating en perspective!

En fait ce Rapport m’a inspiré une nouvelle réflexion sur la mère de toutes les bulles, celle qui englobe toutes les autres et est tellement énorme qu’elle est inaperçue, la bulle des finances publiques mondiales. c’est la mère de toutes les bulles, mais comme l’air que l’on respire, on ne s’aperçoit pas de son existence.

Le couple Banque centrale/Trésor Public est en fait un agent économique comme les autres, à l’échelle de la planète et en tant que tel, il ne peut échapper à ses limites et contradictions. Ce qui s’est passé à l’échelle de l’agent économique grec « Banque Centrale/Gouvernement » est le modèle de ce qui se passera à une échelle plus vaste, planétaire. Autrement dit, on n’échappe pas à la Loi de la Valeur. On a beau être passé de la valeur d’usage à la valeur d’échange et maintenant à la valeur désir, la valeur de la production constitue l’horizon sur lequel se fracassera la fuite en avant actuelle. Que ce soit sous forme de déflation c’est à dire destruction des signes et assets excédentaires ou sous forme d’inflation c’est à dire leur avilissement hyperinflationniste.

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