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Ukraine: Les Etats-Unis et l’UE durcissent leurs sanctions contre la Russie (Actualisé au 18/7/14)

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Ukraine: Les Etats-Unis et l’UE durcissent leurs sanctions contre la Russie (Actualisé au 18/7/14)

Rosneft, le géant pétrolier russe dont la filiale de trading est installée à Genève, est sous le coup des sanctions américaines. Le sommet européen de Bruxelles a aussi durci ses propres mesures contre les personnalités et entités russes.

Motus et bouche cousue chez Rosneft Trading SA, place du Lac à Genève. Le géant pétrolier russe, maison mère de la firme de négoce basée en Suisse, fait depuis hier l’objet de sanctions lui interdisant l’accès au marché des capitaux américains.

Russia net Eurobond issuance had been subdued since Rosneft did its TNK-BP purchases (BIS data)

 Russia sanctions. Repayment crunch for Rosneft hits next year, but has $20bn in cash for now

Celles-ci font suite aux sanctions (interdiction de visa et gel des avoirs) prises le 28 avril dernier par Washington contre Igor Setchine, le patron de Rosneft. Le conglomérat étatique a installé sa filiale à Genève en janvier 2013, rejoignant d’autres acteurs russes dont Lukoil et TNK-BP. 

Initialement, les analystes, à Genève comme à Moscou, affirmaient que les activités de la multinationale Rosneft n’étaient pas visées. La décision annoncée mercredi pourrait donc changer la donne même si, à ce stade, les sanctions ne visent pas l’achat et la vente du pétrole. Une chose est certaine: l’étau se resserre autour de l’énorme entreprise d’Etat. Igor Setchine est connu comme étant un proche du Kremlin.

Le nouveau round de sanctions annoncé mercredi à Washington vise également la banque du géant gazier russe Gazprom, Gazprombank, et la banque publique russe VEB. . Des groupes militaro-industriels russes dont le consortium Almaz-Antey, l’usine Ouralvagonzavod ainsi que l’entreprise de haute technologie Rostec sont aussi dans le collimateur.

L’Union européenne (UE) vient également de changer de stratégie face à la Russie.  Une première liste de cibles sera publiée d’ici à la fin juillet. Septante personnalités proches de Moscou font déjà l’objet d’interdictions de visa et de gel des avoirs.

L’UE a ordonné hier le gel de toute nouvelle opération financée par la Banque européenne d’investissement, et se prononce pour une suspension similaire des projets financés en Russie par la Banque de reconstruction et de développement (BERD), basée à Londres. La coopération UE-Russie sera «réévaluée». Bruxelles compte enfin demander aux institutions financières internationales de s’abstenir de financer une quelconque opération en Crimée.

Moscou «se réserve le droit de riposter et ne tolérera aucun chantage», a riposté hier le Ministère russe des affaires étrangères. En voyage en Amérique du Sud, le président Vladimir Poutine a estimé, lui, que les sanctions auraient un effet boomerang sur les entreprises américaines qui font des affaires en Russie.

PAR RAM ETWAREEA, BRUXELLES, AVEC AFP+ LE TEMPS 17/7/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/eca8b2a2-0de0-11e4-8015-d2f7a06c82fb/L%C3%A9tau_se_resserre_sur_Rosneft_dont_lactivit%C3%A9_de_trading_se_fait_%C3%A0_Gen%C3%A8ve

Effets des sanctions en Suisse

La décision américaine de sanctions supplémentaires contre la Russie aura sans doute un impact en Suisse. Trois des sociétés visées y ont enregistré des filiales. Elles sont aussi associées, dans le cadre de plusieurs contrats, à d’autres sociétés suisses ou ayant une forte présence en Suisse.

Rosneft détient deux entités de négoce à Genève ouvertes respectivement en 2011 et 2012 ainsi qu’une autre de services administratifs datant de l’année dernière. Gazprombank dispose d’une filiale suisse à Zurich depuis 1992 et d’un fonds de pension, également domicilié à Zurich depuis 1967. A noter, Gazprom a ouvert une filiale suisse en 2005 et une unité de négoce en 2011. Enfin, OAO Novatek possède trois filiales suisses domiciles à Zug, ouvertes en 2005 et 2007. Le capital d’OAO Novatek appartient pour 23,5% à Gennady Timchenko mais aussi pour 17% à Total qui détient une option d’accroitre sa part de capital à 19,4%. Gazprombank possède 9.4% des actions.

En dehors de ces liens directs avec la Suisse, Rosneft entretient des relations avec tous les acteurs du secteur, dont certains actifs en Suisse, mais les accords existant ne devraient pas être affectés dans la mesure où le Ministère des Finances américain (US Department of the Treasury) précise bien que les sanctions interdisent d’offrir de nouveaux financements aux entités visées. Ce qui signifie explicitement que les agréments déjà en place ne sont pas concernés.

En mars 2013, Glencore et Vitol signaient avec Rosneft un accord d’approvisionnement à long terme de brut. L’accord prévoyait le paiement anticipé de 10 milliards de dollars à Rosneft de la part des deux sociétés. Le contrat avec Glencore anticipait la livraison de 46,9 millions de tonnes alors que celui avec Vitol était estimé à 20,1 millions de tonnes. En juin suivant, Trafigura concluait un contrat sur 5 ans avec Rosneft portant lui-aussi sur la livraison de brut et de produits pétroliers. L’arrangement prévoyait la livraison de 10,11 millions de brut et autres produits pétroliers et un prépaiement de 1,5 milliards de dollars. Le même mois, Vitol annonçait avoir conclu un autre accord avec Rosneft sur la fourniture de gaz naturel liquéfié. Conformément à cet accord, Vitol devenait un acheteur stratégique de la production des unités de GNL projetées par Rosneft en Extrême-Orient russe. La fourniture de GNL devrait débuter en 2019 et permettra à Vitol d’approvisionner ses clients de la région Asie-Pacifique.

Quant aux autres acteurs principaux (Litasco, Gunvor ou Mercuria), ils ne paraissent pas concernés hors des affaires courantes (si elles existent) qui, elles non plus ne sont pas visées par les autorités américaines. En effet, comme le fait remarquer Jeremy Davies du cabinet Holman Fenwick Willan à Genève, «l’impact sur le négoce ne sera pas immédiat. Seules sont interdites les transactions au-delà de 90 jours, ce qui signifie que les flux courants qui sont presque toujours en deçà ne seront pas affectés. Le problème se posera davantage pour les financements à long terme». A noter, Gunvor a coupé toute relation de financement avec Rosneft depuis longtemps et tout rapport avec Gennady Timchenko depuis la vente de ses parts à Torbjörn Törnqvist en mars.

Etonnamment, Morgan Stanley estimait hier que les sanctions ne paralyseraient pas la vente de ses actifs pétroliers à Rosneft. La transaction a reçu l’approbation de la commission anti-trust américaine le 17 juin et attend encore celle du Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis, un panel qui examine les acquisitions par des investisseurs étrangers pour raison de sécurité nationale.

La situation a toutefois évolué depuis les sanctions d’avril qui ne concernaient qu’Igor Sechin, président et CEO de Rosneft, considéré comme proche de Vladimir Poutine. Les partenaires commerciaux de Rosneft estimaient alors que l’homme était seul concerné, pas la société. Ce n’est plus le cas (NJN). AGEFI SUISSE 18/7/14

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