Moyen Orient : Israël intensifie son offensive sur Gaza
Des pilonnages israéliens ont tué au moins 40 personnes dimanche matin à Gaza.
Le Comité International de la Croix-Rouge a contacté le Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. Il lui a offert de négocier une trêve humanitaire de trois heures pour évacuer les morts et les blessés. «Le Hamas a accepté cette proposition, a déclaré dans un communiqué Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement islamiste palestinien.
Durant la nuit et la matinée, le quartier de Chajaya, à l’est de la ville de Gaza, a été pilonné par Tsahal, provoquant la fuite de milliers d’habitants, certains à pied, d’autres à l’arrière de camions ou juchés sur le toit de voitures.
Au moins 20 cadavres ont été retirés des décombres, a indiqué un porte-parole des services d’urgence. Toutefois, les ambulances ne pouvaient pas se rendre immédiatement dans cette zone en raison des tirs de chars israéliens.
«Nouveau massacre»
La chaîne de télévision locale «al-Ketab» montrait des images insoutenables de cadavres brûlés et déchiquetés, y compris d’enfants. Le président palestinien Mahmoud Abbas, cité par son porte-parole, a condamné «le nouveau massacre commis par le gouvernement israélien à Chedjaïa».
Interrogé sur les pilonnages menés par Tsahal, une porte-parole militaire israélienne a répondu : «Il y a deux jours, les habitants de Chajaya avaient reçu pour message d’évacuer le secteur pour se mettre à l’abri».
Roquettes palestiniennes
Durant la nuit, Tsahal avait prévenu de l’intensification de son opération terrestre. Des forces supplémentaires ont été enrôlées «pour combattre le terrorisme dans la bande de Gaza et établir une réalité qui garantit aux Israéliens de vivre en sécurité», a déclaré l’armée dans un communiqué. Israël a mobilisé 53’200 hommes sur les 65’000 réservistes autorisés par le gouvernement.
En Israël, les sirènes ont retenti ces dernières heures dans des localités situées près de Gaza, mais aussi dans l’agglomération de Tel Aviv, pour signaler l’approche de roquettes palestiniennes.
L’offensive a été lancée le 8 juillet par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes du Hamas qui contrôle l’enclave sous blocus israélien. En treize jours, les hostilités ont tué 370 personnes, côté palestinien. Elles en ont blessé 2600 autres, selon le ministère gazaoui de la Santé.
Conflit le plus sanglant
Selon l’ONU, les civils représentent plus des trois quarts des victimes et selon l’Unicef au moins 73 mineurs ont été tués. Côté israélien, cinq militaires et deux civils ont été tués. Ce conflit, le plus sanglant depuis 2009 dans l’enclave palestinienne, est le quatrième entre le Hamas et Israël en moins d’une décennie.
«Nous avons le droit de dénoncer», estime L’Avenir belge: «Si la réalité israélo-palestinienne complexe ne peut être tue ou réduite, elle ne peut pas non plus justifier ce bain de sang. Dire combien cela est révoltant ne relève pas de l’antisémitisme mais de l’humanisme. Au-delà, il faut aussi avoir le courage de fermer des portes. Les jugements et les condamnations que nous avons le droit de porter sur le conflit israélo-palestinien ne peuvent en aucun cas légitimer des paroles et des actes antisémites. Ces dérives ramènent au coin de nos rues la haine du Juif. Et cela est inacceptable. […] L’escalade de la haine doit être stoppée net.»
On terminera par un autre point de vue, défendu par l’hebdo de gauche The Nation, où une contributrice, Phyllis Bennis, estime pour sa part que le discours sur Israël a changé aux Etats-Unis. Et que dit-elle? Que «s’opposer au lobby israélien n’est plus politiquement suicidaire». Ça, ce serait plutôt nouveau.
Source ATS 20/7/2014
Israël se lance dans la guerre des tunnels
L’opération terrestre vise les infrastructures souterraines militaires du Hamas. L’armée a testé un nouveau système de détectionL’opération terrestre israélienne dans la bande de Gaza n’a pas seulement été lancée sous la pression des faucons du gouvernement de Benyamin Netanyahou et d’une opinion excédée par la multiplication des tirs de roquettes sur l’ensemble de l’Etat hébreu. En fait, l’establishment militaire a beaucoup insisté parce qu’il estime, à tort ou à raison, que les conditions sont réunies pour porter un coup dur à l’infrastructure militaire du Hamas et, subsidiairement, du Djihad islamique. Surtout aux réseaux de tunnels et de bunkers circulant sous l’enclave palestinienne.
Ceux-ci sont différents des «traditionnels» souterrains de contrebande qui serpentaient jusqu’à ces derniers mois entre Gaza et l’Egypte. Il s’agit de tunnels militaires, plus compacts, dont certains sont entièrement bétonnés et dotés d’un système de communication téléphonique indépendant de celui de Gaza.
Tsahal (l’armée israélienne) a découvert leur existence au début des années 2000, alors que l’Etat hébreu occupait encore une partie de l’enclave palestinienne. En décembre 2003, elle a ainsi fait sauter un tunnel de huit cents mètres de longueur creusé à dix-sept mètres de profondeur. D’autres, moins longs, ont été mis au jour par la suite. L’état-major a alors créé «Yahalom» (Diamant), une unité spéciale du génie chargée de débusquer et de détruire les souterrains, et dont les résultats ne sont pas toujours probants.
En juillet 2006, c’est d’ailleurs grâce à un tunnel de 960 mètres de long creusé à la barbe des Israéliens qu’un commando gazaoui a enlevé Gilad Shalit, un caporal de Tsahal échangé cinq ans plus tard contre des prisonniers palestiniens.
Tous les tunnels creusés dans la bande de Gaza ne sont pourtant pas identiques. Chacun d’entre eux a une fonction spécifique. Certains sont conçus pour stocker des armes et pour abriter des lanceurs automatiques de roquettes, d’autres mènent à des bunkers. Ils débouchent dans des maisons, voire des mosquées, pour permettre aux militants de lancer des attaques et de s’éclipser, ni vu, ni connu.
Au début de l’année, Tsahal a découvert deux gros souterrains bétonnés serpentant sous la ligne de séparation entre Gaza et l’Etat hébreu. Ceux-là étaient bourrés d’explosifs et devaient servir à perpétrer des «attentats de prestige», selon le vocabulaire employé par les militants islamistes. Mais cette fois, cela n’a pas été le cas. Le 7 juillet dernier, le Hamas en a fait sauter un troisième au point de passage de Kerem Shalom, pour riposter au déclenchement de l’opération «Bordure protectrice». Il n’y a pas eu de victime.
Selon les estimations de l’Aman (renseignement militaire israélien), il faut compter d’un à trois ans pour creuser un tunnel. Lorsque le sous-sol est friable, les travaux menés par des équipes de huit jeunes gens se relayant 24h/24 peuvent progresser de dix mètres par jours. Ces derniers mois, au moins quinze de ces «taupes» ont d’ailleurs perdu la vie dans l’effondrement de souterrains mal étayés à Khan Younis (sud de la bande de Gaza) et à Beit Hanoun (nord de l’enclave).
«Ils voulaient sans doute progresser trop rapidement, car ils sont payés au nombre de mètres cubes de terre évacuée», affirme un officier israélien. «Nous savons que de nombreux adolescents et parfois des enfants sont employés à ce travail ingrat. Les hommes de plus grande taille ont du mal à tenir.»
Depuis l’opération «Pilier de défense» (2012), des commandos de l’unité spéciale «Kfir» (Lionceau) s’entraînent régulièrement à investir ces tunnels. Ils s’exercent au combat urbain et au corps à corps dans un village palestinien reconstitué au milieu d’une base du désert du Néguev.
Ces dernières semaines, dans le cadre d’un programme secret baptisé «Talpiot», le renseignement militaire a testé un nouveau système de détection électronique des tunnels. Rien n’a filtré de cette affaire puisqu’il s’agit d’un procédé ultrasecret. On sait cependant que les essais ont été effectués dans des canaux d’égouts inutilisés de Tel-Aviv.
En attendant l’arme miracle, les soldats qui ont pénétré jeudi soir dans la bande de Gaza savent que de nombreuses «surprises» les attendent dans les souterrains qu’ils pourraient découvrir. Que la plupart des bâtiments suspectés d’en abriter les entrées sont piégés et que le Hamas, qui a beaucoup investi dans le développement de son réseau souterrain, le défendra bec et ongles, puisqu’il constitue pour lui une arme stratégique aussi importante que ses roquettes de longue portée.
Objectif: liquider le cerveau du Hamas
L’armée israélienne traque Mohammed Deif, stratège de l’ombre«Liquidez Mohammed Deif!» Cet ordre, bon nombre d’officiers de Tsahal (l’armée israélienne) et d’agents du Shabak (Sûreté générale) ou de l’Aman (Renseignement militaire) l’ont entendu à plusieurs reprises avant d’entrer en force dans la bande de Gaza. Car cet homme considéré comme le stratège des Brigades Ezzedine el-Kassem, la branche armée du Hamas, est la bête noire des services de sécurité de l’Etat hébreu.
Aujourd’hui âgé de 50 ans, récemment marié, Mohammed Dayib Ibrahim Al Masri Deif est né dans une famille de réfugiés palestiniens installée dans le sud de la bande de Gaza. Il a participé à la première Intifada (1987-1993) et s’est rapidement radicalisé. En 1994, il a entamé son parcours clandestin en poignardant un soldat israélien. D’opération en opération, il a gravi les échelons de son organisation pour succéder à Yehiyeh Ayash, le «cerveau» des grands attentats suicides des années 1995-1996, «liquidé» par le Shabak a l’aide d’un téléphone portable explosif.
En 2001, Mohammed Deif a été ciblé par une première tentative de «liquidation» dont il a réchappé de justesse. Un an plus tard, il a été touché par une roquette qui l’a laissé à moitié aveugle et handicapé d’une jambe.
En 2006, opérant sur la base d’un tuyau du Shabak, l’aviation israélienne a balancé une bombe d’une tonne sur un immeuble de Gaza City où les dix dirigeants les plus importants du Hamas devaient se rencontrer. Le bâtiment s’est effondré (10 morts) mais Mohammed Deif a survécu. En y laissant une partie de sa jambe.
Leader invisible
Forcé de se déplacer en chaise roulante depuis lors, l’homme sait qu’il vit en sursis. Il a délégué ses pouvoirs opérationnels à d’autres cadres militaires du Hamas mais il reste le concepteur de la stratégie militaire de l’organisation. Pour rappeler son existence aux militants, il lui arrive en tout cas régulièrement d’enregistrer des messages qui sont diffusés durant les grandes manifestations du Hamas.
Une fois – et une seule –, il a accepté de s’exprimer devant une caméra, mais à contre-jour. «Je n’arrêterai jamais car notre lutte nous mène au paradis», déclare-t-il.
Dans les années suivant l’enlèvement du caporal israélien Gilad Shalit, les négociations en vue de son échange contre des prisonniers palestiniens étaient officiellement gérées par Ahmed Jaabari, le nouveau commandant des Brigades Ezzedine el-Kassem, que l’Etat hébreu a d’ailleurs assassiné en 2012 pour solde de tout compte. Cependant, au-dessus de lui, Mohammed Deif était à la manœuvre.
Lorsque les pourparlers ont pris un tour concret et que des rencontres ont été organisées au Caire avec des émissaires israéliens, Ahmed Jaabari s’éclipsait régulièrement pour en référer au vrai patron. Et cela prenait du temps puisque les deux hommes évitaient de communiquer par téléphone pour déjouer d’éventuelles surveillances israéliennes.
Aujourd’hui, c’est officiellement Marwan Issa qui dirige la branche armée du Hamas, mais personne n’est dupe: les ordres, c’est Mohammed Deif qui les donne.
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