Sur Gaza, l’ombre du conflit syrien…
Des djihadistes provenant des territoires palestiniens sont aussi à l’œuvre en Syrie. Ils sont farouchement opposés au Hamas
Ils ne s’étaient pas rencontrés depuis trois ans. D’un côté, le chef des Druzes libanais, Walid Joumblatt; de l’autre, celui du mouvement chiite du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Et qu’avaient à débattre ensemble les deux hommes, dimanche, dans un Liban fracturé jusqu’au cœur, à cause notamment du conflit syrien? «La situation à Gaza», évidemment. Les deux responsables sont tombés d’accord: «La Palestine est la base qui unit la nation arabe et islamique», ont-ils souligné. En concluant: «Le Hamas et Gaza sortiront victorieux.»
Chassez le naturel… Voilà des décennies que la «cause palestinienne» a servi tout à la fois d’exutoire pour les populations arabes, de paravent commode pour les régimes divisés et d’idéal à atteindre. Mais aujourd’hui, la donne s’est passablement compliquée. Ce n’est plus le «peuple palestinien» qu’il s’agit de défendre de manière plus ou moins hypocrite, mais le mouvement du Hamas qui contrôle la bande de Gaza. Et les plaies sont béantes: installé à Damas jusqu’en 2012, le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, a pris ses distances vis-à-vis du régime de Bachar el-Assad. Or, le Hezbollah de Hassan Nasrallah est l’allié de Bachar el-Assad, comme l’est, derrière lui, la République islamique d’Iran.

Les habitants de Gaza se disent surpris de la puissance militaire du Hamas et du Djihad islamique. Pour la première fois, des combattants se sont infiltrés, via des tunnels, derrière les lignes israéliennes. Leurs missiles ont atteint Haïfa et Tel-Aviv, où l’aéroport international a dû être fermé durant une journée. Et il y a surtout ce bilan: 64 soldats israéliens tués. En 2012, lors de la dernière guerre, deux soldats avaient péri.
Le Hamas a énormément appris depuis l’invasion israélienne de 2008. Il a construit de nouveaux tunnels, acquis et fabriqué des missiles de longue portée. Il a même ses propres drones. Ce savoir-faire vient en partie de l’Iran, parrain historique. Selon plusieurs analystes de Gaza, des combattants du Hamas y ont été formés, notamment à la fabrication de missiles, avant de revenir. Ils ont aussi utilisé l’expérience du Hezbollah libanais, qui avait affronté l’armée israélienne en 2006. Le face-à-face avec les soldats israéliens étant forcément perdant, mieux vaut miser sur les actions éclair, avec des combattants qui surgissent d’un tunnel et ouvrent le feu.
Salué aujourd’hui, le Hamas était pourtant à la peine dans la bande de Gaza avant l’offensive israélienne. La guerre en Syrie l’avait éloigné de l’Iran, Téhéran soutenant le régime de Bachar el-Assad tandis que le mouvement palestinien s’était déclaré en faveur des « rebelles ». Il avait perdu le soutien de l’Egypte en juillet 2013 lorsque Mohamed Morsi, lié aux Frères musulmans, a été destitué au profit du maréchal Al-Sissi. Dès le coup d’Etat au Caire, les nouvelles autorités égyptiennes ont durci les conditions de passage à Rafah, à la frontière avec Gaza. Elles ont ensuite ordonné la destruction de la majorité des tunnels de ravitaillement qui permettaient de contourner, en partie, le blocus israélien.
Exsangue et isolé, incapable de payer ses 40 000 fonctionnaires, le Hamas est finalement contraint de négocier avec le Fatah de Mahmoud Abbas, exclu de Gaza après une guerre fratricide en 2007. Le 2 juin, un gouvernement d’union nationale, formé de technocrates, est annoncé. Mais le 8 juillet, les premiers bombardements israéliens visent Gaza….
Parrains trop bienveillants
De tout temps, le Hamas – qui se veut un mouvement certes islamiste mais visant avant tout la «libération de la Palestine» – s’est méfié de ses parrains étrangers trop bienveillants, au premier rang desquels le Hezbollah libanais.
Cela n’a pas empêché le même cheikh Nasrallah de s’étendre abondamment, ces derniers jours, sur les parallèles à tirer entre la «résistance» opposée par ses propres troupes au Liban face aux Israéliens et le combat actuel qui se déroule à Gaza.
De fait, les porte-parole de l’armée israélienne ne manquent pas une occasion d’insister sur les liens qui unissent les deux organisations. Récemment, Ahmad Jibril, le chef d’une autre faction palestinienne (le FPLP-Commandement général), leur a donné en partie raison en décrivant comment les divisions à propos de la Syrie n’avaient pas empêché, ces dernières années, l’arrivée à Gaza d’un abondant armement iranien via le Soudan et le Sinaï égyptien…
Lors des prières de la fin du ramadan, mardi, le guide spirituel iranien Ali Khamenei n’a pas manqué, lui aussi, de marteler le fait que Gaza devait rester «la priorité du monde musulman». Il a ainsi appelé les croyants à «travailler en bloc pour équiper encore davantage le peuple palestinien face au régime sioniste». Pourtant, à la différence de ce qui s’était produit lors des précédentes incursions israéliennes à Gaza, aucune manifestation officielle n’a été organisée en Iran ces derniers à temps en soutien aux Palestiniens…
Enormes convulsions
Face aux énormes convulsions qui secouent le monde arabo-musulman, ce soutien pour le moins ambigu de l’Iran apporté au Hamas n’est pas le seul paradoxe régional. A l’inverse du Hezbollah et de l’Iran chiites, le Hamas est sunnite. Et, aujourd’hui, les combats qui se déroulent en Syrie et en Irak, et qui ont vu l’Etat islamique (anciennement EIIL) du «calife» autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi conquérir une bonne partie de ces deux pays, ont de quoi attirer également les fanatiques palestiniens.
Très bon connaisseur de la réalité syrienne, le professeur américain Joshua Landis le confirme, photos à l’appui: «En Syrie, l’Etat islamique dispose d’un contingent spécial comprenant les combattants provenant de Gaza.»
Dans l’imaginaire des djihadistes, la «libération de la mosquée de Jérusalem» (Al-Quds pour les Arabes) occupe une place de choix. Et, bien que le mouvement soit marginal, des drapeaux en faveur de l’Etat islamique ont commencé à apparaître dans les territoires palestiniens. Parfois, le Hamas a combattu ces djihadistes, comme lorsqu’il tua l’un de ses chefs, un certain Abdel Latif Moussa, à Gaza en 2009. Selon certaines sources, la cellule qui a enlevé puis assassiné trois jeunes Israéliens dans la ville cisjordanienne d’Hébron – ce qui est à l’origine de l’opération israélienne à Gaza – se réclamait elle-même de l’Etat islamique.
Au cours de ces derniers mois, c’est bien le Hamas, soucieux de ne pas se laisser déborder, qui a combattu avec le plus d’acharnement ce mouvement djihadiste montant. Qu’ils en soient convaincus ou non, pour les Israéliens, il constitue ainsi une sorte de dernier rempart à Gaza.
PAR LUIS LEMA/ Le Temps 30/7/2014
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/2b63faba-175a-11e4-9c88-1cf3650bdf92%7C1
Irak/Syrie : l’Etat islamique fait fuir des milliers de réfugiés
En prenant aux Kurdes la ville de Sinjar, les combattants sunnites de l’Etat islamique ont fait fuir des centaines de milliers de personnes qui s’y étaient abritées. L’ONU parle d’une tragédie humanitaire.
Les djihadistes de l’Etat islamique se sont emparés ce dimanche Sinjar, une ville de plus de 300.000 habitants frontalière de la Syrie et détenue jusque là par les combattants kurdes. « Ils ont hissé le drapeau sur les bâtiments gouvernementaux », a affirmé à l’AFP l’un des responsables de l’Union patriotique du Kurdistan, un des deux principaux partis kurdes d’Irak.
Des milliers de réfugiés se sont retrouvés sur les routes en conséquence de cette nouvelle prise. Selon l’ONU, qui évoque « une tragédie humanitaire », jusqu’à 200.000 personnes ont fui la ville de Sinjar. La ville abritait de nombreux réfugiés qui avaient fui l’offensive lancée le 9 juin par l’Etat islamique. Parmi ces réfugiés, de nombreux membres des minorités d’Irak comme des Turcomans chiites, des Yazidis et des Chabak.
Des ressources en eau et en pétrole
Cette prise intervient au lendemain de celle de Zoumar, une autre ville proche de Mossoul qui était tenue par les forces kurdes. Zoumar et Sinjar faisaient partie des zones prises par les peshmergas, les combattants kurdes, lorsque l’armée irakienne dépassée au début de l’offensive sunnite s’était retirée.
Les djihadistes de l’Etat islamique ont également pris deux champs de pétrole et une centrale électrique, ainsi que principal barrage d’Irak, le barrage de Mossoul. Une prise stratégique pour ces combattants qui menacent de s’emparer de Bagdad, puisque le contrôle d’un tel barrage peut leur donner la capacité d’alimenter en eau des villes importantes.
par Rédaction de France Info Dimanche 3 août 2014
En Lien : http://www.reuters.com/article/2014/08/04/us-iraq-security-idUSKBN0G40ZY20140804?utm_source=twitter
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serait-il possible qu’orienter notre attention vers gaza serve les intérêts de TAFTA ?
les media ont pour fonction de nous orienter vers le superficiel pour laiser tranquille le principal.
un peu plus d’infos sur TAFTA me parait principal
ceci ne diminue en rien les saletés en cours à Gaza ou au Moyen orient, mais si la finalité n’est pas de gagner un combat mais bien de construire la paix, de , guérir la maladie qu’est le dictature financière mondiale, TAFTA est une bataille aux enjeux à ne pas sous estimer, peut être bien supérieurs à Gaza en nombre de morts qui en seront ou non financés par ou non le déploiement des multinationales au dessus des états.
cordialement
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