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Mister Market And Doctor Conjonture du Vendredi 3 Octobre 2014 : Draghi déçoit, Hercule ridicule

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Mister Market And Doctor Conjonture du Vendredi 3 Octobre 2014 : Draghi déçoit, Hercule ridicule

C’est à une véritable baisse que l’on a assisté jeudi 2 Octobre sur les marchés d’actions Européens. Pas un recul, pas une correction, non, une véritable séance de liquidation de positions. Tout s’est passé comme si on avait attendu la levée du suspense de la prestation de Draghi pour prendre en compte les mauvaises nouvelles qui s’étaient accumulées depuis plusieurs jours.

On tenait par l’espoir d’un coup de baguette magique, par l’espoir de confirmation de nouvelles initiatives, en particulier sur de nouveaux achats de titres à long term (façon QE) et comme rien n’est venu, la pesanteur, retenue quelque jours, a fait son œuvre, on a chuté.

Les indices européens ont reculé de 2,6% en moyenne avec des mentions spéciales si on peut dire pour les indices Italiens plombés de 3,9% et Espagnols lestés eux de 3,1%. Les hiérarchies ont été respectées, on a moins baissé sur Londres et Francfort tandis que la France est restée dans la (mauvaise) moyenne avec un déchet de 2,8%. Plus on est périphérique et mal en point et plus on baisse, telle semble être la logique.

Normal, car plus on est mal et plus on espère le miracle, plus on en est dépendent.

Comme Draghi a déçu sur les insinuations de QE, l’euro est remonté quelque peu, tout cela est cohérent.

On a remarqué la comparaison de Draghi avec Hercule ; il se prend pour Hercule dans la mesure ou il compare la tache de la BCE aux travaux du héros grec et singulièrement au combat contre l’hydre.

La comparaison n’est pas très heureuse car d’une part elle est abusive et d’autre part, elle n’incite guère à la confiance, La comparaison est abusive car Draghi n’a pas vaincu comme il le prétend la crise de la dette souveraine, elle est toujours là, avec ses ratios menaçants en regard des GDP. Ce qu’il présente comme de nouvelles têtes n’en sont pas, la faible inflation et la faiblesse de la reprise font partie intégrante depuis le début, de la bataille contre le surendettement.

On voit au passage l’erreur de raisonnement des responsables, erreur qui consiste à analyser, à séparer les éléments de la crise  alors que celle-ci forme un tout indissociable. C’est la même erreur que celle qui consiste à assimiler le long terme à une succession de courts termes, c’est une faute de la pensée. Tout est lié, organiquement lié, indissociable dans un complexe dans le nœud est l’excès de dettes et tout le reste n’est que mise en forme maladroite du politiquement correct lequel ne vise qu’à dissimuler la vérité sur l’origine de la crise. Tout cela, tout ce que l’on présente comme des tentacules ou tètes  de l’hydre n’est qu’une seule est même bestiole, un seul monstre, le monstre du surendettement auquel on ne peut faire face et que l’on s’efforce de rouler,  rouler sans se rendre compte que plus il roule et plus il grossit.

La comparaison avec Hercule n’est pas heureuse, elle place Draghi sur le terrain de la dérision un peu ringarde, on a envie de se moquer de lui , pas de l’admirer. Il ne faut pas oublier qu’Hercule accomplit des travaux inutiles, sorte d’expiation.  Il aurait mieux fait de rester dans la sobriété et de ne pas se laisser aller à une médiocre recherche de style. Ce qui est sûr, à en juger par les commentaires en particulier étrangers, c’est que l’effet n’a pas été positif. Il y a quelque fois des failles du discours qui finalement sont révélatrices de failles plus profondes chez l’individu qui s’exprime. Par association d’idées, tout cela nous a fait penser que Draghi se vivait un peu comme Hercule et qu’il expiait quelque chose de l’ordre d’un crime,  qui pourrait bien être son audace de défier les dieux que sont les Allemands.

Venons-en au vif du sujet. 

La Cour Européenne de Justice a annoncé le 22 Septembre que le début des auditions dans le cadre de la contestation des achats de bonds souverains (OMT) par la BCE commencerait le 14 octobre. Et cela, c’est important. Avec le début de ces auditions se trouve relancée la question de la légalité des initiatives de Draghi et de ses collègues  non-orthodoxes. Non-orthodoxes selon les Allemands qui ont intenté cette action. Le jugement ne sera pas rendu avant la mi 2015 pensent les spécialistes, mais ce qui est important, c’est que le processus de contestation est lancé et qu’il ne va pas dans le sens du renforcement des positions de Draghi, il va tout à fait dans le sens contraire. Il le mine.

Le lancement des auditions va avoir à notre avis de multiples implications sur les marges de manœuvres que Draghi a tenté de s’octroyer. Il veut aller plus loin dans la transgression des règles imposées à la BCE ; il est contesté par Weidmann et Schauble sur les achats de titres privés, alors que ses décisions antérieures se trouvent mises en examen. Voilà qui n’apparait pas devoir faciliter sa tâche et celle de ses collègues inflationnistes.

Les critiques Allemandes, nous semble-t-il, vont prendre un nouveau retentissement et trouver une chambre d’écho. Les partisans de l’orthodoxie monétaire et les opposants aux ponctions occultes sur  l’épargne des détenteurs d’euro, les Weidmann et les Sinn,  vont se retrouver sur le devant de la scène,  avec des auditoires pour les écouter. Ils vont avoir beau jeu démonter tous les subterfuges utilisés par Draghi pour tourner les interdictions et même tricher avec l’esprit des textes.

Un fait nouveau est intervenu en 2013, c’est la constitution d’un parti sur la droite de la CDU, parti anti-euro fondé par des professeurs et intellectuels, l’AfD, Alternative fur Deutschland. Ce parti a failli entrer au Bundestag de peu, il a fait plus de 7% aux élections Européennes et réalisé de beaux scores, jusque 12% aux régionales. Pour un parti tout jeune, qui vient de faire son apparition  sur la scène politique, c’est un beau succès. Il s’élargit et profite de la Grande Coalition qui fait glisser la majorité de Merkel vers la gauche pour occuper l’espace ainsi libéré sur la droite. Les critiques des opposants à Draghi et à ses dérives vont maintenant avoir des relais dans le pays et compliquer la tâche de Merkel. Tâche qui consistait à faire semblant de s’opposer aux transgressions de la BCE tout en les tolérant, le double jeu va devenir plus délicat.

Déjà on dénonce en Allemagne les tricheries de Draghi, on fait valoir et on démontre que ses dernières initiatives ont pour but de truquer la situation des banques en les allégeant de crédits privés dans la perspective de la future Union Bancaire. Draghi se servirait du bilan de la BCE pour alléger le bilan des banques privées, il accélérerait la conversion de la BCE  vers une Agence de bail-out, en une Agence de sauvetage. 

BRUNO BERTEZ Le Vendredi 3 Octobre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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