La bataille de Kobane fait couler beaucoup d’encre, mais on entend/lit/voit moins d’infos concernant les manifestations kurdes en Turquie. Et pourtant, c’est un fait, une partie de la population kurde du pays descend tous les jours depuis presque une semaine dans les rues d’Ankara, Istanbul et ailleurs afin de réclamer un geste du gouvernement en faveur des Peshmergas combattant de l’autre côté de la frontière.
Peine perdue! Non seulement le président nouvellement élu – Erdogan – mais aussi son premier ministre (qui était le chef de la diplomatie dans le précédent gouvernement); n’ont aucune envie de traverser la frontière, mais en plus les manifestations ont fait plus de trente morts uniquement côté kurde. Et Erdogan a promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer les fauteurs de troubles…
Si, vu de l’extérieur, l’État a l’air de gérer la crise; à y regarder de plus près on se doute que le président fait face à une crise majeure; la première de son quinquennat, mais certainement pas la dernière.
Petit rappel, la population kurde en Turquie est estimée à un peu plus de 13 millions de personnes ce qui représente environ 20% de la population totale. Ce n’est pas rien. Surtout que le PKK – Parti des travailleurs du Kurdistan, parti nationaliste kurde en lutte contre le régime turc depuis des décennies et en pourparlers de paix avec Ankara depuis fin 2012 – vient d’en rajouter une couche en rappelant une partie de ses troupes en Turquie; retirées du territoire turc après les cessez le feu de mars 2013 et déployées dans les monts Kandil (dont l’extrême nord de l’Irak).
Le chef emprisonné du PKK (Abdullah Öcalan) a averti récemment que la chute de Kobané signifierait la fin des pourparlers du paix et a intimé aux autorités turques de faire des gestes pour le sauver avant le 15 octobre.Et si la situation n’était pas assez tendue, le chef du Parti Démocratique Populaire – Kemal Kiliçdaroglu – ajoute un peu plus à la confusion ambiante en taxant le gouvernement de collusion avec Daech et en fustigeant son inaction à Kobane. La réponse du premier ministre (Ahmet Davutoğlu) ne s’est pas fait attendre, il a qualifié l’opposant de traitre et lui a intimé l’ordre de se taire. Sur les allégations concernant Daech, il répond ceci: « Personne ne peut prouver l’affirmation selon laquelle ISIL a reçu de l’aide [de la Turquie]. Il ne convient pas au leader du principal parti d’opposition d’accuser l’Etat sans avoir aucune preuve «
Le 9 octobre Kılıçdaroğlu a suggéré que le gouvernement devrait renouveler le mandat parlementaire autorisant l’armée turque à se mobiliser en Syrie, en précisant que ce serait dans le seul but de sauver la ville frontalière de Kobane des djihadistes: « Limitons l’opération terrestre de notre armée à l’objectif de sauver Kobane et conduire ISIL à partir de là. Laissons définitivement tomber l’article qui permet à des soldats étrangers de stationnés dans notre pays. Au lieu de cela, nous pourrions ajouter une formule qui dit que nous pourrions fournir une coopération pour des frappes aériennes »
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«La Turquie doit impérativement nous aider, pour éviter un massacre»
Le chef du principal parti kurde de Syrie appelle à l’aide pour sauver la ville de Kobané encerclée par les djihadistesMalgré les annonces de sa chute imminente, la ville kurde de Kobané, en Syrie, à moins de cinq kilomètres de la frontière turque, résiste. Les Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde syrienne, combattent les djihadistes de l’Etat islamique (EI) avec les forces du désespoir. L’enjeu est de taille: pour l’EI, il s’agit de conquérir une enclave qui rompt la continuité du territoire qu’il contrôle le long de la frontière avec la Turquie; les combattants kurdes veulent de leur côté conserver la troisième ville kurde de Syrie et surtout sauver leur peau, car ils sont encerclés par l’EI et les forces turques leur interdisent tout repli. La lutte est inégale, a expliqué le leader kurde Salih Muslim,coprésident du Parti de l’union démocratique (PYD), qui chapeaute les brigades armées YPG, lors d’un entretien téléphonique pour Le Temps.
Le Temps: Les djihadistes progressent-ils encore vers le centre de Kobané?
Salih Muslim: Les dernières frappes de la coalition, cet après-midi, les ont ralentis, pour l’instant. Nos combattants ont beau lutter de manière acharnée, sans les frappes de la coalition, ils seraient déjà tombés. Nos armes légères, kalachnikovs et roquettes antichars de faible puissance, ne peuvent rien contre des chars Abraham, de fabrication américaine, et des fusils mitrailleurs sophistiqués. Nous avons besoin d’aide et de matériel.
– Que peut la coalition?
– Il faut qu’elle lance plus de raids aériens, notamment sur les positions des djihadistes dans les collines qui surplombent Kobané et d’où les djihadistes nous tirent dessus. Les avions de la coalition pourraient aussi couper la chaîne d’approvisionnement de l’EI en la bombardant.
– A défaut d’intervenir, la Turquie vous livre-t-elle une aide matérielle?
– J’ai rencontré des dirigeants turcs du ministère des Affaires étrangères, ils nous ont promis leur soutien il y a une dizaine de jours. Mais dans les faits, il n’y a rien ou presque. Une aide humanitaire d’urgence a été transportée dans une voiture, voilà c’est tout. Les Turcs entrouvrent leur frontière puis la verrouillent à nouveau. Hier, ils ont refusé l’entrée à trois de nos blessés qui sont morts à quelques mètres de la frontière. Les 10 000 civils assiégés à Kobané risquent un massacre que la Turquie peut éviter, en laissant passer l’aide militaire pour nos combattants.
– Le gouvernement turc tient-il
un double langage?– En paroles, il a promis qu’il ne laisserait pas tomber Kobané. Mais les actes traduisent autre chose: la méfiance qu’il entretient à l’égard des Kurdes et du PYD. Il nous considère comme un ennemi, alors que nous ne voulons pas interférer dans les affaires turques.
– Pourriez-vous rejoindre les rangs de la coalition?
– Nous sommes prêts à le faire. D’ailleurs, des discussions ont lieu sur le plan militaire. Nos combattants sont fiables, ils contrôlent des régions entières et ont mis en échec l’EI, ils pourraient devenir le principal allié de la coalition au sein du territoire syrien.
La bataille de Kobane fait couler beaucoup d’encre, mais on entend/lit/voit moins d’infos concernant les manifestations kurdes en Turquie. Et pourtant, c’est un fait, une partie de la population kurde du pays descend tous les jours depuis presque une semaine dans les rues d’Ankara, Istanbul et ailleurs afin de réclamer un geste du gouvernement en faveur des Peshmergas combattant de l’autre côté de la frontière.
Peine perdue! Non seulement le président nouvellement élu – Erdogan – mais aussi son premier ministre (qui était le chef de la diplomatie dans le précédent gouvernement); n’ont aucune envie de traverser la frontière, mais en plus les manifestations ont fait plus de trente morts uniquement côté kurde. Et Erdogan a promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer les fauteurs de troubles…
Si, vu de l’extérieur, l’État a l’air de gérer la crise; à y regarder de plus près on se doute que…
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