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Les Clefs pour Comprendre du Mercredi 15 Octobre 2014: L’Allemagne dernier bastion, dernier espoir Par Bruno Bertez

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Les Clefs pour Comprendre du Mercredi 15 Octobre 2014: L’Allemagne dernier bastion, dernier espoir Par Bruno Bertez

L’Allemagne, sans même le savoir est le dernier rempart contre la servitude qui découlera de la « libération » de la monnaie et de la finance.

L’inflexion économique Allemande dans le sens négatif, si elle est confirmée, va dans le sens de la thèse que j’ai avancée il y a peu, la thèse d’une nouvelle phase, d’une nouvelle étape du processus de crise. Le fait que la conjoncture Américaine soit plutôt meilleure permet de valider la thèse qui a été ébauchée par les organismes internationaux, FMI et OCDE, selon laquelle tout irait bien s’il n’y avait pas le mal Européen. C’est la thèse, vous l’avez remarqué, qui a été reprise ces derniers jours, comme par hasard.

Cette thèse permet de mettre la pression sur l’Europe bien sûr et sur les pays du bloc Allemand. Elle est parfaitement, clairement, et peu discrètement popularisée par les journaux Britanniques comme le FT et The Telegraph.

Les anglo-saxons n’ont de cesse de stigmatiser la résistance Allemande. Pour eux, tant qu’il y aura un défenseur de l’orthodoxie bancaire et d’une économie de production, il n’y aura pas de sortie de crise.

Dans leur conception, une sortie de crise n’est possible que si on va jusqu’au bout dans le « soft », c’est à dire dans l’autonomisation des signes financiers, monétaires, quasi-monétaires et money-like. C’est à dire tant que l’on sera dans le ringard, l’archaïque de l’ancrage. La modernité de la finance, de la monnaie, doivent être comparées à l’évolution dans le domaine des arts: peu à peu on a libéré! Libéré, c’est le grand mot, on a libéré de la contrainte de la représentation du réel. Libéré de la contrainte de n’être que l’expression, que le reflet. Libéré du fil à la patte qui lie au réel.

Ce que nous essayons de faire passer est fondamental, les évolutions de l’art préfigurent les évolutions du monde dit « réel ». L’art s’est affranchi, au lieu d’être prisonnier de la représentation, il s’en est d’abord éloigné, il l’a déconstruit, puis puis il l’a rejetée. Ce qui fait que l’œuvre d’art n’est plus devenue que ce qu’elle est, le geste du peintre par exemple et il n’y a plus rien à comprendre que le peintre lui-même. Le Maître ce n’est plus la nature, ce n’est plus le travail de transformation, non le Maître c’est le Projet, le Désir, la Volonté du peintre.

L’analogie ne vous rappelle rien? C’est exactement le processus de la libération de la monnaie, de la libération des assets: ils perdent le lien avec le réel, on les détache, pour qu’ils puissent devenir pure créature/création des Banquiers Centraux, d’abord, puis de la finance ensuite. Le grand cri des Anglo-saxons, promoteurs de cette modernité, promoteurs de la monnaie d’abord « Fiat », puis ensuite « serve » c’est « libérez les assets ». Libérez la « valeur » de la « richesse » réelle. Cachez ces liens avec le fondamental que nous ne serions voir. Les liens avec le fondamental empêchent de tromper en rond. Ils empêchent de passer à une phase nouvelle, celle dont nous abordons la transition.

Le Bloc Allemand est la statue du commandeur de la survivance du réel, c’est le point d’ancrage du souvenir du fait qu’avant, c’était autrement, il y avait du figuratif, de la production, du travail, de l’effort. Tant qu’il subsistera un exemplaire, un exemple, un vestige de cet avant, on ne pourra pas libérer entièrement. Or la prochaine phase, celle de la ratification définitive de la financiarisation ou financialisation, c’est à dire de la dictature de l’ordre suprême de la finance, passe obligatoirement par cette libération! On a besoin que la dernière contrainte tombe. Que tout devienne circulaire, que tout se morde la queue, que tout flotte. Parce que si tout est circulaire, si tout se mord la queue, alors il n’y a plus de référent extérieur et c’est gagné, il n’y a plus que l’offre, la demande, les désirs que l’on peut « propagander » et manipuler à l’infini. C’est le pouvoir absolu de la finance et de ses grands prêtres. il n’y a plus rien, rien que le pouvoir des Maîtres puisqu’ils ont réussi à évacuer celui de la nature, de la rareté, ils ont définitivement remplacé le travail et la valeur d’usage et la valeur d’échange par la pure valeur « désirs », « désirs » qu’ils contrôlent.

Tous ceux qui refusent la modernité, qui propagent la thèse de l’éternel retour, des cycles, bref tous ceux qui ne croient pas que dorénavant ce n’est plus comme avant, tous ceux-là, sont les complices objectifs des Maîtres. Ils empêchent de voir en quoi et comment ce n’est plus comme avant. Nous ne sommes pas à la veille de la Grande Réconciliation, non nous sommes à la veille de l’envol de la Sphère Financière, de son autonomisation, sa libération des lois de la pesanteur.

Le combat qui est engagé est un combat formidable et la résistance des Allemands, si ils restent prisonniers de l’euro et de l’UE, n’est que dernier sursaut: Peu de gens en Allemagne voient clairement les enjeux, bien peu ont la capacité de voir le sens des affrontements. Bien peu voient les finalités, ils en restent aux tactiques. Ils ne sont même pas encore parvenus à décoder les stratégies de leurs adversaires. Les concessions qu’ils ont faites depuis 2012 ne plaident pas en faveur de leur clairvoyance, ils n’ont pas compris le gradualisme de leurs adversaires, ils n’ont pas compris que l’on met le doigt, puis le bras, puis le corps et que finalement la tête également y passe.

La Cour Européenne saisie par les plaignants Allemands qui avait saisi la Cour Constitutionnelle commence à se pencher sur la conformité du « coûte que coûte » de Draghi de 2012. Notre pronostic est que la décision, quand elle viendra sera une sorte de compromis, en forme d’hommage du vice à la vertu. Draghi va gagner avec une petite tape sur la main pour lui dire de mettre les formes. Cette victoire ouvrira la porte, si ce n’est déjà fait entre temps, à la mesure clef, celle qui est tant attendue par les anglo-saxons, les achats de titres souverains, les vrais Quantitative Easing Européens.

La mise en place de QE en Europe est le préalable absolu à la recapitalisation des Banques mondiales. Elles ont besoin de près de 1 trillion!

BRUNO BERTEZ Le Mercredi 15 Octobre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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