QE 4 imminent aux Etats-Unis? L’arrêt de l’assouplissement sérieusement mis en doute. Il sera peut-être indispensable de proroger les politiques monétaires non conventionnelles.
Eric Vanraes. Le responsable des taux de E.I.Sturdza à Genève est très sceptique sur la qualité de la reprise économique.
Le responsable des taux de E.I. Sturdza Investment Funds à Genève est méfiant. Il l’était déjà il y a un an, avec raison. Son analyse du discours des banquiers centraux américains et des «chiffres derrière les chiffres» l’incite à des conclusions différentes de celles que l’on lit ou entend ailleurs. Le premier élément qui a éveillé son attention est la contradiction entre la perception des marchés actions et obligataires. Cette impression est confirmée par le discours venant des Etats-Unis. John Williams, de la Réserve fédérale de San Francisco, évoquait récemment à mots à peine couverts la possibilité d’un QE4. Plus surprenant encore sont les déclarations de James Bullard de la Fed de Saint-Louis, un faucon convaincu qui demandait, il y a un mois le relèvement des taux dès le premier trimestre 2015, et qui estime aujourd’hui que la Fed devrait envisager de retarder la fin des achats d’actifs prévue à la prochaine réunion du FOMC.
La croissance américaine est loin d’être aussi vigoureuse qu’hommes politiques, banques centrales, secteur financier et médias ne le prétendent. Le taux de chômage a officiellement chuté de 12% à 6% depuis 2009. Une victoire apparente qui ne résiste pas à l’examen d’un indicateur infiniment plus fiable: le taux de participation au marché du travail. Qui a dégringolé de 66 à 62,5% sur la même période….
Interview: Nicolette de joncaire/ AGEFI SUISSE 22/10/14
- Quels sont les éléments qui ont éveillé votre curiosité?
Le premier est une contradiction entre la perception des marchés actions et celle des marchés obligataires, jusqu’à la récente correction, selon le principe du verre à moitié plein (côté actions) et à moitié vide (côté obligations). Bien évidemment tendances macroéconomiques et mouvements des marchés ne sont pas corrélés mais l’impression de hiatus est confirmée par le discours des banquiers centraux qui font le pont entre les deux. Or, ce discours est plus intrigant, voire plus alarmiste, que l’image lénifiante d’Etats-Unis en pleine croissance que véhiculent les médias et les politiques ne peut le laisser croire. J’avais déjà relevé, il y a peu, les commentaires de John Williams de la Réserve fédérale de San Francisco, évoquant à mots à peine couverts la possibilité d’un QE4. Plus surprenant encore sont les déclarations de James Bullard de la Fed de Saint-Louis. Voilà un faucon convaincu, qui demandait, il y a un mois, un relèvement des taux dès le premier trimestre 2015 et qui estime aujourd’hui que la Fed devrait envisager de retarder la fin des achats d’actifs prévue à la prochaine réunion du FOMC.
- John Bullard évoquait une peur de la contamination de la déflation européenne. Est-ce un alibi?
A mon sens oui. La croissance américaine est loin d’être aussi vigoureuse qu’hommes politiques, banques centrales, secteur financier et médias ne le prétendent. Prenez l’exemple du taux de chômage. Il a officiellement chuté de 12% à 6% depuis 2009. Une victoire apparente qui ne résiste pas à l’examen d’un indicateur infiniment plus fiable et parlant: le taux de participation au marché du travail. Qui lui a dégringolé de 66 à 62,5% sur la même période. Ce qui signifie que 14 millions de personnes sont sorties du marché du travail sans être comptabilisées dans les statistiques de chômage. Comme nous en avions parlé l’année dernière, si le taux de chômage américain était calculé aux normes européennes, il dépasserait probablement 10% voir 11% – contrairement au chiffre officiel de 6%. Ce qui explique l’extrême prudence de Janet Yellen et de ses déclarations sur les inégalités.
- D’autres chiffres tendent pourtant à soutenir l’idée d’une croissance américaine forte. Les ventes d’automobiles par exemple.
Ils sont effectivement forts. Tombés de 16 millions de véhicules en 2007 à 9 millions en 2009, ils sont remontés à leur niveau pré-crise. Ce dont on parle moins, ce sont des conditions de ces ventes: leasing sur sept ans, à taux pratiquement nul, et sans aucun apport en cash de la part de l’acheteur. On ne s’inquiète même plus de savoir si ce dernier a un emploi. Des conditions qui ne sont pas sans rappeler celles qui ont précédé la crise des subprimes.
- A propos de subprimes, le marché de l’immobilier parait se porter nettement mieux
Là encore, mieux vaut faire attention aux effets d’optique. Nos correspondants aux Etats-Unis nous disent que les courtiers en immobilier multiplient les achats ce qui fait grimper le volume des transactions. Mais les ventes aux particuliers de l’immobilier résidentiel resteraient faibles. Je n’ai pas encore les chiffres qui substantifient cette affirmation mais devrais les obtenir rapidement.
- Pourquoi des indicateurs si trompeurs et pourquoi le discours officiel est-il si réducteur?
Parce que la croissance des Etats-Unis est actuellement basée sur la confiance des consommateurs qui est, pour l’instant excellente. Deux tiers de la hausse du PIB est redevable à la consommation domestique. Si les consommateurs américains perdent confiance et cessent d’acheter dans un réflexe d’autoprotection, l’édifice de reprise patiemment construit par la Fed s’écroulerait en quelques jours. Il est essentiel que les ménages américains continuent de croire à la reprise tout autant qu’il risque d’être indispensable de continuer à la stimuler à coup de politiques monétaires accommodantes.
source AGEFI SUISSE 22/10/14
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