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Politique Friction du Lundi 23 Mars 2015 : Le vote Front National, un vote utile Par Bruno Bertez

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Politique Friction du Lundi 23 Mars 2015 : Le vote Front National, un vote utile Par Bruno Bertez

Nous aurions même tendance à dire que c’est le seul vote utile. Il a été très difficile dimanche soir de se faire une idée exacte des résultats du scrutin départemental français. Ces résultats ont été présentés de telle façon qu’ils étaient ininterprétables. Passons sur la présentation de Valls, dont on savait dès le départ qu’elle allait être biaisée, passons sur la présentation de Sarkozy, triturée elle aussi de telle manière qu’elle l’avantage, mais relevons la présentation des chaînes de télé sensées être objectives sinon indépendantes.  Nous sommes restés toute la soirée devant le poste et nous n’avons jamais réussi à connaître le score individuel de chaque parti dans son identité. Impossible de connaître le score de l’UMP seul, le score de l’UDI seul. Quant au score de Bayrou et de son MODEM, nous le cherchons encore, mais il est vrai que compte-tenu de son caractère infinitésimal, même Bayrou lui-même doit être à sa recherche.  A gauche, les choses étaient tout aussi ambiguës. Au véritable score du PS qui se situe autour de 21%, on agrégeait,  selon les cas, des divers Gauche, des écolos, bref tout ce que l’on pouvait récupérer.

Il est évident qu’il y avait convergence objective entre la Droite et la Gauche, dites républicaines, pour proposer aux Français une présentation qui fasse ressortir un échec relatif du Front National. Il fallait qu’il ne soit pas le premier parti de France, malgré ses 26% obtenus sous sa seule bannière. Pour ce faire donc, on a flanqué l’UMP de l’UDI, très contente de ne pas paraître seule avec un score aussi dérisoire et le MODEM  dont on connaît la sévérité récurrente à l’égard de l’UMP et de son leader. Bref, on a mélangé les choux et les carottes, ou plus exactement les navets, afin d’influencer les perceptions. De fait, dans un premier temps, les lepénistes sont tombés dans le piège. Ils ont cru eux-mêmes qu’ils avaient réussi une performance décevante.  Il suffisait de regarder les visages des militants et surtout d’écouter soigneusement Marine pour voir que, derrière son sourire pincé, il y avait du dépit. La réalité est que, sur la base des sondages à peu près indépendants, sur la base des marges d’erreur afférentes à ce genre d’exercice, le Front National est à peu près au niveau où on l’attendait. Il ne faut pas oublier que les scores du Front National dans les sondages sont toujours corrigés en vertu de clés mathématiques historiques, ce qui donne une certaine marge de latitude…

Les sondeurs et l’establishment avaient tout intérêt à gonfler un peu les prévisions concernant le Front National et aller chercher plutôt du côté des fourchettes hautes que vers le milieu des mêmes fourchettes. N’oubliez pas que, aussi bien Sarkozy que Valls s’étaient engagés personnellement à peser sur le score du Front National. Il est évident que peser  sur le score du front National, c’est essayer de faire en sorte qu’il réalise moins que ce que les sondages prédisaient, d’où la nécessité à chaque fois, dans les sondages, de pointer vers le haut, et dans les résultats, à l’inverse, de pointer vers le bas. La mission n’était guère brillante mais elle a été partiellement réussie en termes de propagande, sinon en termes psychologiques, le moral des dirigeants du FN et des militants proches en a, comme nous l’avons dit, pris un coup en début de soirée. Cela est d’autant plus net que le Front National manque de grands débateurs et a une présence quelquefois falote, sinon ridicule, dans les émissions télévisuelles.

Nous voulons faire justice des affirmations de Sarkozy. Dans son intervention, il s’est glorifié du score de 36% de l’UMP et de ses alliés agrégés à ses rivaux, ceci est de bonne guerre, mais il est allé plus loin. Il est allé jusqu’à proposer une analyse du scrutin et à poser quelques petits cailloux blancs sur le chemin du second tour. S’agissant de l’analyse du scrutin, il a souligné fort justement, et il a été l’un des rares, que le Front National avait commis une erreur tactique en soutenant Tsipras et Syriza. Il a eu beau jeu de montrer que le parti de la droite nationale s’était solidarisé d’un parti d’extrême gauche, ce qui faisait ressortir une contraction majeure ; il a eu beau jeu de rappeler la situation lamentable de Tsipras, lequel, après avoir promis monts et merveilles au peuple grec, est en train de se renier et de mendier quelques milliards pour rembourser le FMI. L’exemple de Syriza est répulsif et Sarkozy a eu raison de l’agiter devant les électeurs du Front National. Cela donne effectivement à réfléchir. Si voter pour un parti extrême n’apporte que de l’humiliation, comme c’est le cas actuellement en Grèce, alors peut-être qu’il vaut mieux voter utile et voter Sarkozy, n’est-ce pas ?

Et c’est là où, évidemment, il faut aller un peu plus loin. C’est la raison pour laquelle nous soutenons que le vote Front National, pour ceux qui sont contre l’austérité, pour ceux qui sont pour la dignité, pour ceux qui sont pour que la France retrouve une liberté de manœuvre et se préoccupe de la situation de ses citoyens, il n’y a qu’une solution : le vote Front National.

Nous avons développé en son temps, c’est-à-dire après les élections européennes, la stratégie que nous pressentions devoir être mise en place par les élites européennes et l’UMPS. C’est exactement cette stratégie qui a été appliquée. Les eurocrates et l’UMPS, l’Allemagne et les pays du Nord, ont tremblé devant le score des partis anti-européens aux élections européennes.  En conséquence, sans le dire, et même en disant le contraire, ils ont accepté que l’on mette fin à l’austérité et que l’on retarde les échéances de rééquilibrage des pays du Sud et de la France. Ce n’est pas un hasard si l’on a donné de l’air à l’Espagne. Ce n’est pas un hasard si l’on a autorisé la poursuite de la dérive italienne pourtant catastrophique. Ce n’est pas un hasard si encore, et précisément il y a quelques jours, on a accepté que la France repousse de deux ans ses objectifs de rééquilibrage budgétaire des  3% fatidiques. S’il n’y avait pas eu d’élections un peu partout en Europe en 2015, s’il n’y avait pas eu la menace des partis extrémistes anti-européens, croyez bien que jamais la Commission, jamais les pays du Nord, et jamais les eurocrates et europhiles n’auraient accepté que l’on ralentisse le rythme du redressement budgétaire.

Les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir puisque, comme vous avez pu le lire à la Une des journaux depuis quelques semaines, les indicateurs économiques se redressent. L’austérité étant interrompue, il est facile en effet d’obtenir, d’abord une amélioration du sentiment des agents économiques, une amélioration du climat des affaires et, bien entendu, un petit regain dans les enquêtes de conjoncture. C’est ce qui était prévisible, c’est ce que nous avions prévu, et c’est ce qui se produit actuellement.

Si vous avez suivi notre raisonnement, vous admettez alors que c’est grâce au vote anti-européen de mai dernier que les autorités européennes ont mis de l’eau dans leur vin et ont accepté de desserrer le carcan qu’elles avaient placé autour des peuples du Sud et de la France.

C’est une véritable comédie qui s’est jouée entretemps. La pièce s’articulait autour des Actes suivants :

– Acte I : on dit que rien ne change et que l’on maintient le cap.

– Acte II : on laisse les différents pays réorienter leur politique économique dans un sens légèrement plus stimulant.

– Acte III : on fait semblant de protester, mais on ne prend aucune sanction.

– Acte IV : on finit par consentir en disant qu’en échange des délais accordés, il faudra faire des réformes à moyen terme, c’est-à-dire dans deux ou trois ans.

Si vous analysez le scénario de la pièce qui nous a été jouée, vous voyez qu’il correspond en résumé à ceci : les mesures de rééquilibrage sont abandonnées, une politique plus favorable à la croissance est tolérée. En échange, les gouvernements concernés réfléchissent à diverses réformes qui ne paraissent pas vraiment liées aux exigences européennes, voire même à des réformes de simple bon sens qu’il aurait fallu pratiquer dans  tous les cas.

Si vous ajoutez à cela, une petite pincée de Draghi qui, comme par hasard, décide de se lancer dans le fameux Quantitative Easing tant réclamé par les marchés, vous avez un dispositif quasi complet. On arrête l’austérité fiscale, on redouble de laxisme monétaire. Le tour est joué, on a réussi à créer une ambiance différente pour aborder ces menaçantes échéances électorales de 2015.

A qui doit-on l’amélioration des économies européennes, à qui doit-on le desserrement de l’étau de la rigueur ? A tous ceux qui ont voté Podemos, Front National, Syriza, et autres. Ces partis n’ont nulle vocation et nulle capacité à gérer, mais ils ont pour fonction, dans le Système, d’incarner la résistance. C’est ce que les élites européennes ont parfaitement compris car ils savent que cette résistance, si elle est mal gérée, peut déboucher sur la révolte.

Il est évident que la presse n’a aucun intérêt et aucune envie de faire son travail et d’expliquer tout cela. D’ailleurs, si on en juge par l’attitude de certains commentateurs, on ne peut même pas dire qu’ils sont aux ordres, ils les devancent. Jamais les médias français n’auront mieux que dimanche soir 22 mars, mieux mérité leur qualificatif de passe-plats.

Facultatif :

NOTE : Voici les résultats tels qu’ils sont publiés par le Ministère de l’Intérieur sur le site officiel.

Tous les gouvernements offrent une présentation tronquée des résultats des élections, afin, soit de gonfler leurs propres chiffres, soit de minorer ceux des autres. Dimanche soir, cette pratique a été portée à son comble, car il s’agissait, par une sorte de commun accord entre la droite et la gauche de faire croire à un résultat décevant pour le Front National.

Hélas, on ne peut tricher avec les étiquettes officielles. Si les étiquettes politiques existent, si les partis politiques ont un nom et une identité, alors il convient de les utiliser pour présenter les résultats. Bien entendu, lorsqu’il y’a fusion préalable, il est évident que les résultats de deux formations peuvent être agrégés. Cependant, il n’y a nul lieu de faire disparaître l’une des composantes si chaque formation a une identité, une organisation et un programme, il est évident que ceci correspond à quelque chose, à savoir que cette formation existe et est différente de celles qui lui sont voisines. Sinon, pourquoi se fatiguer à rendre plus complexes les choses.  

Le Front National est bien le 1er parti de France et de loin.

Binôme du Parti Socialiste : 2.703.751 voix 6,36% des inscrits 13,34% des exprimés.

Binôme Union de la Gauche : 1.661.516 voix, 3,91% des inscrits, 8,2% des exprimés.

Binôme du Parti Radical de Gauche : 63.372 voix, 0,15% des inscrits ; 0,31% des exprimés.

Binôme Divers Gauche : 1.380.175 voix, 3,25% des inscrits, 6,81% des exprimés. 

Binôme d’Europe Ecologie les Verts : 411.031 voix, 0,97% des inscrits, 2,03% des exprimés. 

Binôme du MODEM : 72.410 voix, 0,17% des inscrits, 0,36% des exprimés. 

Binôme Union du Centre : 58.985 voix, 0,14% des inscrits, 0,29% des exprimés. 

Binôme UMP : 1.320.854 voix, 3,11% des inscrits, 6,51% des exprimés.

Binôme Union de la Droite : 4.246.149 voix, 9,99% des inscrits, 20,94% des exprimés.

Binôme UDI : 262.904 voix, 0,62% des inscrits, 1,3% des exprimés. 

Binôme Debout la France : 81.705 voix, 0,19% des inscrits, 0,40% des exprimés.

Binôme Extrême-Droite : 13.382 voix, 0,03% des inscrits, 0,07% des exprimés. 

Enfin, voici le Front National tout seul :

5.108.066 voix, 12,02% des inscrits, 25,19% des exprimés. 

Voici donc les chiffres non-agrégés, ce sont les seuls à prendre en considération pour savoir qui est le premier parti de France.

Passons maintenant à la légitimité.

Nous soutenons que cette légitimité est réduite à sa plus simple expression. En effet, sur 42.489.590 électeurs,  il y a eu 21.318.283 votants, soit 50,17%. Symétriquement, il y a 21.171.307 abstentions, soit 49,83% des inscrits. Mais attention, parmi ceux qui sont comptés comme votants, il y a eu 688.746 votes blancs et 346.212 votes nuls. Il est évident que seuls 20.274.325 suffrages correspondent à des suffrages exprimés. Ceci représente 47,72% des inscrits. C’est le chiffre significatif pour juger de la légitimité du scrutin.

BRUNO BERTEZ Le Lundi 23 Mars 2015 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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