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La reddition de Tsipras, un tournant pour l’Europe Par Bruno Bertez

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La reddition de Tsipras, un tournant pour l’Europe Par Bruno Bertez

Ou vous acceptez toutes nos conditions, ou bien vous quittez l’euro.

Voici en résumé l’ultimatum lancé aux Grecs.

Nous sommes dans le « tout ou rien », dans le « ou bien c’est noir ou bien c’est blanc ».

Si c’est bien le résumé de la situation, c’est une terrible défaite pour Tsipras, pour les Grecs, pour les eurosceptiques, pour Hollande et les peuples des pays du Sud. C’est une grande victoire pour la classe des kleptos qui, cette fois, ce n’est pas fréquent, avait objectivement intérêt commun avec les pays du Nord.  D’ailleurs les cours boursiers des banques montent fortement.

Après des années de flou, placée devant un  choix  entre la solidarité et la mise au pas, l’Europe choisit de mater les récalcitrants.

Pour la France, c’est une humiliation discrète, car peu de Français avaient compris ce qui était en jeu. Et ce ne sont pas les usurpateurs qui se présentent comme l’opposition qui allaient faire un effort pour éclairer le débat et montrer les enjeux. Ils sont restés bien planqués à l’arrière.
Depuis le début de la construction Européenne, la classe politique Française vit sur un mythe : il est possible d’infléchir la position Allemande, de la rendre plus compatible avec la nature profonde des pays du Sud et celle de la France.

Tout au long de la crise, on a louvoyé, tergiversé, enfumé, on a navigué dans le brouillard et maintenu les illusions. On a même, par le biais de la BCE introduit indirectement un peu de mutualisation et de solidarité. Mais la question Grecque était de toute autre importance car elle donnait à voir franchement les choix, finis les enfumages, il fallait choisir entre la solidarité ou le rapport de forces. A la faveur de la situation grecque, Hollande a tenté de saisir l’opportunité de faire pencher la balance du côté de la solidarité, il a fait alliance avec le faible, il a perdu -semble-t-il- et ceci est dramatique pour l’avenir.

Si les choses aboutissent comme il est dit ce lundi matin, Tsipras va boire la coupe jusqu’à la lie, c’est même plus que la lie, c’est la cigüe du suicide.

La liste des mesures présentées à Tsipras est draconienne. Comme le dit cyniquement Alex Stubb ministre Finlandais des Finances, « ce qui est demandé est bien plus dur (harsch) que ce qui était demandé avant le Référendum ». En clair, les Grecs et Tsipras sont punis pour avoir osé se rebeller.

Les conditions du programme d’aide

Les mesures d’économie et de réformes préconisées par la zone euro

Ils sont osé se rebeller, , mais cette rébellion est secondaire en regard de leur incohérence et leur inconséquence. Depuis le début, l’équipe de Syriza fait la preuve de son incompétence. Elle n’a pas compris qu’elle n’avait qu’une arme, l’arme atomique qui consiste à avoir le courage d’aller jusqu’au bout. Elle a négligé le fait que le peuple voulait tout et son contraire, c’est à dire contester Bruxelles, mais rester dans l’euro et recevoir des aides. Elle n’a pas compris, ce que pourtant nous avons vu dès le premier jour, que la BCE allait passer le nœud coulant autour du cou des banques et les asphyxier en favorisant une ruée sur les dépôts bancaires. La seule mesure à prendre avant d’engager le bras de fer était de déclarer un bank-holiday. Déclarer un bank- holiday, c’était piéger l’argent en Grèce, ne pas se mettre dans les mains de la BCE et surtout montrer que l’on était disposé à payer le prix pour aller jusqu’au bout. De toutes façons, pour Syriza depuis le premier jour, c’est tout ou rien. Il était évident qu’en cas de défaite ils seraient balayés, mis aux poubelles de l’histoire.

La dissuasion du faible au fort ne peut que reposer sur la démonstration par le faible qu’il est prêt à aller jusqu’au bout, qu’il est prêt à tout sacrifier au nom d’un principe supérieur. La seule dissuasion du faible au fort c’est, il faut oser le dire, le terrorisme. Il suffit d’avoir le courage, la clairvoyance de se reporter aux heures glorieuses de la Résistance dans les années 40.

Il fallait créer un véritable état d’esprit de combat et de sacrifice chez les Grecs et non pas cette veulerie de consommation médiocre à laquelle on a assisté. La ruée et la menace sur les banques a libéré les comportements les plus veules des Grecs, ils se sont précipités pour acheter, consommer, tricher bref, profiter de la situation. Achats de bijoux, de voitures, d’équipement ménager, de vêtements, une véritable fièvre, une débauche. Dans une situation qui aurait réclamé le sacrifice, ce que l’on a libéré ce sont les bas instincts. Ces gens n’étaient pas mûrs pour un combat, quel qu’il soit.

Nous avons le triste pressentiment, complété par notre expérience, qu’il en va de même en Espagne, en Italie et bien sûr en France. Fondamentalement, la masse est Pétainiste. Et ce n’est pas un mince paradoxe que de voir le Front National, héritier des Pétainistes, se présenter comme le parti de la résistance, de l’exit, et Marine le Pen comme Madame Frexit ! L’histoire a de ces mystifications ! Ce que veulent tous les politiciens, c’est attraper les mouches que vous êtes avec du vinaigre pour monter, eux, et leurs amis, sur le podium.

BRUNO BERTEZ Le 13/7/15

illustrations et mise en page by THE WOLF

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