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Donald Trump et Maurice Allais : ensemble contre le libre-échange ! Comment le pseudo-libre-échange permet d’asservir l’Occident !

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À l’occasion du Brexit puis de l’élection de Donald Trump, les élites européennes ont saturé l’espace médiatique d’éloges du libre-échange comme preuve de l’ouverture des esprits. Que n’a-t-on entendu, dans le prurit quotidien que la presse subventionnée nous a servi, sur la méchanceté d’un repli sur soi et sur les grands progrès intellectuels permis par le développement du libre-échange.

Bizarrement, ces affirmations passent d’autant moins bien qu’elles sont contredites par la simple expérience quotidienne de chacun. Plus l’Occident pratique le libre-échange, moins il s’enrichit et moins les esprits semblent ouverts. Jamais les menaces pesant sur les libertés n’ont été aussi fortes et jamais la liberté d’expression n’a subi autant de pressions dans nos pays (qu’on songe au récent délit d’entrave numérique, à la loi sur le renseignement et aux bétonnages lui-même des médias à l’occasion du Brexit).

C’est une étude de l’INSEE parue hier qui permet de comprendre l’envers du décor idyllique que les beaux esprits nous présente en Occident. Il méritait un petit déchiffrage.

Libre-échange ou pas?

Premier point: rappelons que ce qu’on appelle couramment le libre-échange dans le monde n’est en réalité qu’un fake de cette doctrine économique.

D’abord, le libre-échange contemporain porte sur la libre circulation des marchandises, mais pas des personnes. C’est pour cette raison que le libre-échange crée des délocalisations et un processus de désindustrialisation en Europe du Sud. Faute de pouvoir faire venir une main-d’oeuvre bon marché pour produire bon marché face aux concurrents, les pays soumis au “libre-échange” délocalise leur production là où les coûts sont les moins élevés.

Les esprits les plus perfides diront d’ailleurs que le libre échange tel qu’il est conçu aujourd’hui est le faux nez ou le nom d’emprunt d’un système économique mondial consistant à attacher les ouvriers à une terre et à porter au coeur de celle-ci les usines qui ont fait, il y a cent ans, notre prospérité.

Ensuite, le libre-échange contemporain est profondément asymétrique. C’est notamment le cas dans nos relations avec la Chine, à laquelle nous avons ouvert grandes les portes de l’OMC sans véritable contrepartie sur son marché intérieur.

Structurellement, l’Occident a donc rebaptisé “libre échange” un système fondé sur une délocalisation progressive de son activité industrielle dans des pays où la main-d’oeuvre est abondante, peu chère et peu exigeante.

La logique économique du pseudo-libre-échange

En lisant l’étude de l’INSEE citée plus haut, on trouve notamment ce texte qui résume bien la situation:

En 2015, les ménages ont dépensé 84 milliards d’euros pour leur budget « apparence physique », soit 3 000 euros en moyenne par ménage. Depuis 1960, ces achats ont augmenté en valeur de 5,9 % par an en moyenne ; ils ont progressé moins vite que la consommation totale (+ 7,2 %). La part de ces dépenses dans le budget total des ménages s’est ainsi réduite de moitié, passant de 14,1 % en 1960 à 7,3 % en 2015.

On trouve aussi ce graphique qui donne la clé du libre-échange:

Depuis 1960, la part des vêtements et des chaussures dans la dépense des ménages s’est effondrée. En revanche, les soins et biens personnels ont vu leur part dans la dépense des ménages, fortement augmenter.

Telle est la logique de ce que l’on a appelé le libre-échange: diminuer fortement le coût des biens de consommation en Occident, pour créer une forme d’abondance qui abuse le consommateur.

Le coût social du libre-échange

Si l’ouverture des frontières à la Chine (et à d’autres) a permis de baisser sévèrement le prix d’un certain nombre de biens de grande consommation (comme les vêtements), elle a eu une impact direct pour les emplois peu qualifiés: leur utilité a fortement diminué depuis 1960, puisque la production de textile, par exemple, est désormais concentrée hors de nos frontières.

Ainsi, sans le dire, l’Occident a échangé un sentiment d’abondance contre un chômage de masse et contre une raréfaction des emplois industriels peu qualifiés. Pour caricaturer la situation, l’Occident (et la France en particulier) ont opté pour une population qui travaille peu et achète pas cher des produits étrangers, plutôt que pour une population sans chômage mais avec des produits à coûts élevés.

On ne le redira donc jamais assez, mais ce qu’on appelle injustement le libre-échange est d’abord une stratégie de transfert industriel vers des pays qui permettent de baisser les prix des biens de consommation sur nos marchés, ce qui évite de relever les salaires dans nos pays.

En quoi le pseudo-libre-échange est une stratégie de la servitude

Un graphique amusant consisterait à croiser la courbe des dépenses en vêtements avec celle des dépenses de protection sociale. On pourrait vérifier de façon transparente que la baisse des prix sur nos marchés permise par le libre-échange a créé une dépendance sociale forte dans nos pays. Pour accompagner le choc des délocalisations industrielles qui précarise nos pays, les gouvernements occidentaux ont déployé une stratégie sociale visant à faire endosser aux classes moyennes le coût social du chômage de masse. C’est pourquoi l’essentiel de l’augmentation colossale des dépenses publiques depuis cinquante ans est essentiellement dû à la protection sociale.

Ce que n’ont pas avoué les gouvernements occidentaux, c’est évidemment l’intention initiale qui a présidé à cette stratégie séculaire. Lorsque l’Occident a décidé de s’ouvrir à la Chine, il était alors certain pour tous les décideurs que la Chine deviendrait une sorte de grande zone industrielle en périphérie de l’Occident où se concentreraient toutes les usines polluantes et tous les problèmes sociaux dont nous ne voulions plus sur notre sol. Il était aussi certain que le mouvement qui commençait obligerait nos économies à muter pour préserver leur richesse.

Le pari discret était celui d’une mutation technologique accélérée qui nous permettrait de compenser la perte de l’industrie manufacturière que nous acceptions. Et, transitoirement, il était tout aussi évident que se créerait en Occident un nouveau Lumpen prolétariat transitoire, dont il fallait acheter la docilité par une politique sociale financée par les classes moyennes.

Pourquoi un raté français dans la mutation macro-économique

Le problème spécifique à la France est celui de son incapacité à assurer dans de bonnes conditions sa mutation macro-économique. On l’a vu avec le Minitel. La France avait toutes les armes nécessaires pour atteindre les frontières technologiques les plus évoluées, sauf une: le contexte permettant l’industrialisation mondialisée de ses inventions.

Le même phénomène s’est produit avec Dailymotion. Dans la pratique, le carcan économique qui sclérose la France et que le gouvernement profond ne souhaite pas réformer pour défendre ses rentes bloque notre mutation.

On mesure à quel point le destin français ressemble de plus en plus à celui du Titanic. On fait la fête, on invente chaque jour une nouvelle règlementation, une nouvelle protection pour des salariés, en leur donnant l’illusion que le pays peut éternellement supporter plus de coûts sans se réformer. Et un jour, on comprendra que le vrai prix du jean’s chinois à 10 euros dans nos hypermarchés est celui d’une paupérisation globale du pays.

http://www.entreprise.news/comment-le-pseudo-libre-echange-permet-dasservir-loccident/

À Davos, c’est le bouquet ! Qui aurait pu imaginer qu’un jour, un président chinois communiste capitaliste serait le seul à défendre, avec les multinationales, le libre-échange mondialiste et l’ouverture au monde ?

Hypocrite et grand défenseur des seuls intérêts économiques chinois, Lui Xi Jinping s’écrie : « Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, de technologie et de produits est impossible et serait à rebours de l’Histoire. » Il est à noter qu’il n’y a pas plus nationaliste que les Chinois pour défendre leurs entreprises et leur marché intérieur. La Chine et les pays émergents souhaitent que ce jeu de dupes depuis 40 ans continue, que les Européens, Allemands inclus à terme, se retrouvent « cocufiés » et au chômage.

Le modèle de la théorie des coûts comparés de Ricardo, décrit en 1817 dans son ouvrage On the Principles of Political Economy, repose sur une hypothèse essentielle, à savoir que la structure des coûts comparatifs dans les divers pays reste invariable au cours du temps. Or, il n’en est ainsi que dans le cas des ressources naturelles. Ainsi, par rapport à l’Europe occidentale, les pays producteurs de pétrole disposent d’un avantage comparatif qui restera le même dans un avenir prévisible. De même, les produits tropicaux ont un avantage comparatif qui ne saurait disparaître.

Par contre, dans le domaine industriel, aucun avantage comparatif ne saurait être considéré comme permanent. Chaque pays aspire légitimement à rendre ses industries plus efficaces, et il est souhaitable qu’il puisse y réussir. Il résulte de là que l’arrêt de certaines activités dans un pays développé, en raison des désavantages relatifs d’aujourd’hui, pourra se révéler demain complètement stupide, dès lors que ces désavantages relatifs disparaîtront.

Il faudrait alors rétablir ces industries, mais entre-temps on aura perdu le savoir-faire.Paul Bairoch, professeur à l’université de Genève, a montré que la croissance économique dans la période 1870-1940 fut largement liée au protectionnisme. Paul Bairoch a publié, en 1994, une étude sur les Mythes et paradoxes de l’histoire économique. Il écrit : « On aurait du mal à trouver des exemples de faits en contradiction plus flagrante avec la théorie dominante qui veut que le protectionnisme ait un impact négatif, tout au moins dans l’histoire économique du XIXe siècle. Le protectionnisme a toujours coïncidé dans le temps avec l’industrialisation et le développement économique, s’il n’en est pas à l’origine. »

Les « nouveaux pays industrialisés » d’Asie démontrent également l’importance du protectionnisme. Une étude, publiée par l’université Harvard, souligne qu’il peut, tout autant que le libre-échange, générer une forte croissance économique. Ainsi, alors que le discours dominant du journalisme économique proclame depuis deux décennies que le protectionnisme est le mal absolu, les travaux scientifiques les plus récents aboutissent à un résultat inverse. Il y a donc discordance entre les discours économiques médiatiques et le discours scientifique.

Les seuls et uniques gagnants de la mondialisation, ce sont bien la Chine, les multinationales et les pays émergents ; les seuls perdants, les peuples européens et les Américains.

http://www.bvoltaire.fr/marcrousset/chine-multinationales-pays-emergents-seuls-gagnants-libre-echange,308096?mc_cid=60846967d6&mc_eid=b338f8bb5e

Donald Trump et Maurice Allais : ensemble contre le libre-échange !

Mylène Troszczynski Boulevard Voltaire 

Ford, pris à partie depuis des mois par Donald Trump, a renoncé à son projet de nouvelle usine mexicaine de 1,6 milliard de dollars pour investir dans le Michigan. Les libre-échangistes viennent de subir leur première défaite et le nouveau président américain vient de marquer son premier point.

C’est vrai, le libre-échange intégral n’est pas forcément intelligent. Ainsi, Maurice Allais qui, avant de décrocher son prix Nobel d’économie, avait été major de l’École polytechnique, faisait l’analyse suivante.

Pour lui, la crise actuelle avait deux origines : le libre-échangisme et l’organisation financière internationale. « Parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l’actuelle crise : l’organisation du commerce mondial, qu’il faut réformer profondément, et prioritairement à l’autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire. »

Maurice Allais distinguait deux formes de protectionnisme : « Il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire.

C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. »

Loin d’avoir créé la crise de 1929, le protectionnisme en avait, selon lui, limité les dégâts : « Le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. »

Notre prix Nobel d’économie nous avait averti : « Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services. »

Aucune limite n’a été posée ni au libre-échange ni à l’endettement. Nous voyons les résultats. La part de notre industrie qui représentait 24 % du PIB, il y a trente ans, est aujourd’hui inférieure à 11 %. Le chômage réel est supérieur à 7 millions de personnes. Le commerce extérieur est lourdement déficitaire. Et notre dette dépasse les 2.170 milliards d’euros.

Que n’a-t-on écouté notre prix Nobel ?

http://www.bvoltaire.fr/mylenetroszczynski/donald-trump-et-maurice-allais-ensemble-contre-le-libre-echange,305551?mc_cid=5881521d08&mc_eid=b338f8bb5e

EN BANDE SON : 

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