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Douce France : Après l’imposture En Marche, en finir avec la Vè République

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La fin de la Vè République est devenue inéluctable. Elle est probablement la seule leçon durable à retenir des élections législatives, qui voient le triomphe absolu d’un parti extraordinairement minoritaire.

C’est évidemment la grande imposture d’un régime fantoche que de proclamer la victoire triomphale d’un parti ultra-minoritaire. Cette aberrante dérive ne se produit ni en Turquie, ni en Russie, ni dans une dictature larvée que les élites parisiennes adorent mépriser. Elle se produit dans notre République, qui n’est plus que l’ombre d’un régime démocratique.

Pour ceux qui en douteraient, quelques graphiques simples permettent d’illustrer un propos de bon sens, mais devenu « dissident » par une étrange hystérie collective.

Petite histoire des battus de la Vè République

Commençons par dresser une petite histoire des battus aux législatives, au premier tour, de la Vè République, pour comparer leur score à celui d’En Marche.

En 1981, la droite parlementaire (UDF et RPR) avait obtenu près de 30% des inscrits au premier tour. En 1993, le parti socialiste et les divers gauche (sans les écologistes) ont décroché la timbale du résultat le pire pour des battus: à peine 13% des inscrits. Depuis cette date, les battus ont oscillé entre 14,5 et 20% des inscrits.

Il a fallu attendre En Marche pour qu’un… vainqueur fasse à peine mieux, au premier tour, que le Parti Socialiste battu en 1993.

C’est au fond la dimension christique d’Emmanuel Macron qui apparaît: les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers.

Malgré tout un nombre de sièges historiques

Malgré ce score minable, En Marche bénéficie d’une projection de sièges sans égal depuis les débuts de la Vè République. Là aussi, une petite comparaison historique illustre parfaitement le dysfonctionnement majeur du régime, qui permet à des ultra-minoritaires dans l’opinion d’obtenir une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale.

Comme on le voit, avec des scores supérieurs à ceux d’En Marche en terme de représentativité réelle, les battus des années précédentes n’ont jamais dépassé les 250 sièges à l’Assemblée, et ont obtenu d’ordinaire moins de 200 sièges.

Avec une représentativité effective auprès des inscrits inférieure de 30% à celle de la droite parlementaire en 1997, En Marche obtiendra le double de sièges. Cherchez l’erreur!

Un coefficient multiplicateur record pour En Marche

Si l’on cherche à étudier le coefficient multiplicateur des institutions (autrement dit le rapport entre le nombre de voix obtenues au premier tour et le nombre de sièges), on s’paerçoit là aussi qu’En Marche atteint des records historiques, dignes de la multiplication des petits pains par le Christ.

D’ordinaire, il y a un rapport de 5 à 12 entre le taux d’inscrits obtenus au premier tour et le nombre de sièges décrochés à l’Assemblée Nationale. Ainsi, en 1981, les 30% d’inscrits obtenus par l’UDF et le RPR au premier tour se sont transformés en 150 sièges.

En Marche décroche le taux de conversion record de 32: 1 % de suffrages obtenus parmi les inscrits donne droit à 32 sièges à l’Assemblée Nationale.

C’est évidemment extravagant, et sans commune mesure avec la réalité politique de l’opinion.

La Vè République atteint ses limites

Il faut être aveugle (ou pratiquer la politique à l’ancienne comme semblent le faire Castaner, Griveaux et Mahjoubi) pour ne pas reconnaître que la probable écrasante majorité qu’En Marche décrochera au second tour défie les lois de la démocratie.

Un régime institutionnel qui permet à un parti doté d’un score de battu de détenir sans partage tous les pouvoirs devient une mauvaise caricature du Léviathan. Il ne s’agit pas seulement ici de théoriser sur ce qu’est une bonne gouvernance. Il s’agit de prévenir sur les dérives inévitables qui guettent un pouvoir exécutif sans contre-pouvoir.

Sur ce point, l’entêtement des porte-paroles d’En Marche à nier les dangers que cette situation représente est déjà suspect. Si notre Président jupitérien est réellement attaché à l’intérêt général, il ne peut pas contester l’existence d’un danger, renforcé par les atteintes à la liberté de la presse qui se multiplient depuis plusieurs semaines.

Les ferments d’une crise de régime

Paradoxalement, la victoire d’Emmanuel Macron porte donc les ferments d’une profonde crise de régime. Celle d’une République qui voulait sortir du régime parlementaire et qui mourra, soixante ans plus tard, par l’excès inverse: celui d’une hyper-présidentialisation.

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http://eric-verhaeghe.entreprise.news/2017/06/12/apres-limposture-en-marche-en-finir-avec-la-ve-republique/

C’est un score de perdant! Le mouvement En Marche décrochera une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale (sans doute près de 450 sièges sur 577) avec seulement 15% des inscrits au premier tour, soit moins de 8 millions de voix. Une majorité parlementaire sans légitimité démocratique se prépare. Une leçon s’impose: la Vè République n’a plus de raison d’être.

Les résultats ne sont pas encore complètement tombés, mais une certitude est acquise: En Marche disposera d’une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale avec environ 7 millions de voix au premier tour. C’est historiquement le score le plus bas qu’une majorité a obtenu dans une législative.

En Marche a moins de voix que l’UMP en 2012

Rappelons rapidement le score de l’UMP au premier tour des législatives perdues de 2012: 7 millions de voix (contre près de 7,6 millions pour le parti socialiste sans compter ses alliés). En 2017, le parti majoritaire réalise donc un score qui l’aurait placé en deuxième ou troisième place en 2012.

Ce chiffre résume bien la situation: En Marche va remporter l’élection avec un score de perdant.

Une rupture consommée entre le peuple et les élites

Malgré les délires des journalistes subventionnés sur la grande victoire macronienne, la défaite de la démocratie est consommée. Jamais on aura mesuré un tel écart entre l’expression populaire et la réalité politique.

La situation est d’ailleurs confondante. D’un côté, un discours lunaire est tenu sur le triomphe jupitérien. De l’autre côté, les chiffres sont têtus: En Marche ne représente qu’une fraction infime de l’opinion et ne disposera pas de la légitimité pour entamer des réformes de structure.

Le risque auquel Emmanuel Macron est confronté

Le pouvoir exécutif ne peut l’ignorer. Sa majorité sera construite sur un trompe-l’oeil. Certes, les institutions fonctionneront sur une légalité parfaite: grâce au scrutin majoritaire uninominal, Emmanuel Macron disposera d’une majorité écrasante. Mais, politiquement, le pays n’a pas tranché en sa faveur.

Le risque guette, donc, d’une rupture en profondeur du même ordre que ce que la Chili a connu avec Allende: le pays institutionnel a consommé son divorce avec le pays réel.

Plus que jamais, changer le régime

Une seule réalité s’impose donc: changer ce régime, qui fabrique des majorités d’apparat, sans impact effectif sur la réalité.

Les législatives de 2012
http://eric-verhaeghe.entreprise.news/2017/06/11/en-marche-gagne-avec-un-score-de-perdant/

EN BANDE SON : 

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