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La Nuit du Chasseur-Manson est mort : était-il Charlie ? Un Monstre sacré chasse l’autre ! (Avec Note du Lupus actualisée au 23/11/17 )

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NOTE DU LUPUS

Hommage du vice à la vertu et vice versa

Pratique classique et constante  du messianisme qu’il soit politique ou ici religieux : le sacrifice de  quelques-uns doit permettre de sauver les âmes de tous les autres…La purification par le sang en quelque sorte sur fond de repentance public et publicisé si possible et seul capable d’exorciser le mal qui est en chacun de nous…L’Amérique bien ou mal pensante  à la fois castratrice et libératrice n’échappe bien évidement pas à ce schéma fascination /répulsion pour les meurtres/exécution  de masse, elle y puise et y renouvelle en permanence sa narrative des super héros venu sauver le monde là ou d’autres empilent les images pieuses destinées à sanctifier et à purifier un monde ayant basculé du côté de la force obscure…. Polanski-Manson unis  TRAGIQUEMENT jusqu’au bout dans la mort :  l’un chasse ses démons intérieurs pour en faire des films qu’il veut vivants et intemporels, l’autre chasse des pseudos démons extérieurs pour en faire des morts dont il se repait à satiété…

Polanski-Manson à la vie, à la mort unis dans le maelstrom de leurs pulsions… Mais la repentance ne passera pas par eux, leur  sacrifice expiatoire n’aura pas lieu et les voilà condamnés tous deux à errer comme deux âmes faisant leur peine, prisonniers de leur propre existence : l’un à croupir au fond de sa prison à réciter des psaumes versus rock and roll au versant satanique en mal d’un public ignoré et ignorant de son talent, l’autre à hurler du fond de sa prison doré des versets sataniques aux accents bibliques et qu’il voudrait faire œuvre au noir cinématographique pour d’accéder ainsi à la table de Dieu aprés avoir été convié à celle du Diable…Alléluia mes frères ! Frère Manson n’est plus, mais Frère Polanski ne renaitra pas pour autant à la vie….

Epilogue provisoire :

Comme dans toutes les affaires de ce type il est souvent difficile d’en connaitre les véritables instigateurs et commanditaires…L’affaire Polanski/Manson n’ échappe pas à la règle…

Si l’on écarte d’office la piste du mari jaloux voulant se venger de sa femme jugée trop volage, reste la piste d’une vengeance destinée à faire payer Polanski pour son film Rosemary Baby…Film dont l’approche non conformisme des cercles occultes et sataniques aurait fortement déplu au Fight Club de l’ époque,   Polanski s’affranchissant un peu à leur gout trop promptement de certaines règles hollywoodiennes alors en vigueur, au pays de l’Oncle Sam on égratigne pas la religion et la charia de la bien pensance sans en sortir égratigné soi-même…vivons heureux vivons caché… L’égratignure peut d’ailleurs  vous être fatale : Le cœur de Kubrick l’appris à ses dépens après son Eye wide shut, Lennon  le paya de sa vie en 1980 pour avoir pensé en 1966 être plus populaire que Jésus Christ…Ironie du sort l’ancien Beatles fut  abattu devant le Dakota Building à New York où il résidait et qui en 1967 avait été le lieu du tournage de—je vous le donne en mille—Rose Mary’s Baby….La boucle est bouclée, l’honneur et le déshonneur sont saufs, le Cercle est protégé…The Show must go on… Que tout le monde repose en paix ….et en guerre….!


Un Monstre sacré chasse l’autre !

Sur les hauteurs de Bel Air, le quartier résidentiel de Los Angeles, situé juste en face de Benedict Canyon, 10050 Cielo Drive. Construite pour Michèle Morgan en 1940, cette maison au style rustique fut habitée par Cary Grant puis par Melcher, mais celui-ci vient de déménager. Les nouveaux locataires s’appellent Roman Polanski et Sharon Tate, sa femme, étoile montante du cinéma hollywoodien (elle a joué dans La Vallée des poupées et Le Bal des vampires). Manson se fait éconduire par Sharok Atami, le photographe du couple, qui refuse de lui donner la nouvelle adresse de Melcher, tandis que Sharon Tate, qui se prélasse au bord de la piscine, croise, mais de loin, le regard de Charlie. A cet instant, la demeure de Cielo Drive devient pour Manson le symbole de cette Amérique matérialiste et radieuse qu’il vomit, le lieu de l’establishment qu’il rend responsable de ses années de prison et d’exclusion. «Well, I hear that Laurel Canyon is full of famous stars/But I hate them worse than lepers, and I’ll kill them in their cars»: dernière strophe de «Revolution Blues», chanson décrivant la cavale de Manson, écrite par Neil Young en 1974.

Car le fond de l’air des sixties est satanique, le tout-Hollywood se passionne pour l’occultisme, et en plein milieu du procès Manson, en 1971, des prédicateurs baptistes tentent de prouver qu’en écoutant «Stairway To Heaven», le titre de Led Zeppelin, on entend distinctement «Pour toi, mon doux Satan».

 Loser égocentrique, cruel, mégalomane et morbide, Manson passe pourtant pour un chaman christique – il a 33 ans en 1967 – capable de faire des miracles et d’affranchir ses ouailles de la réalité matérielle. D’ailleurs, un doute a longtemps plané sur l’aura magique de cet homme capable de téléguider un carnage à distance. Après tout, le massacre de Sharon Tate et de ses invités s’est déroulé sans celui qui, à quelques miles de la demeure maudite, lança ses furies pour une mission sanguinaire qui allait traumatiser l’Amérique et mettre un terme symbolique au rêve fleuri chanté par Scott McKenzie – «If you’re going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair…»

«Charlie m’a emmenée faire une promenade. Et comme on marchait, j’ai trébuché, j’ai failli tomber. Il ne m’a pas touchée. Il a tendu la main, il a avancé son bras sous mon coude. Sans me toucher, mais aussitôt, je me suis redressée, je ne suis pas tombée. Il m’a empêché de tomber sans même me toucher. Il m’a dit: «Tu n’as pas besoin de tomber. La chute n’existe pas. Tu ne peux pas tomber.» Celle qui, ce soir-là, n’a pas chuté, c’est Susan Atkins, dite Sadie Mae Glutz, disciple de la première heure, ex-danseuse topless qui, à 17 ans, fut la maîtresse d’Anton Szandor LaVey, ancien forain, conseiller occulte de Polanski sur le tournage de Rosemary’s Baby et fondateur en 1966 d’une secte luciférienne, The Church of Satan.

«Look, bitch, I don’t care a thing about you. You’re going to die and there’s nothing you can do about it», lancera Atkins à Sharon Tate avant de la poignarder sauvagement et de se lécher les doigts avec son sang.

Susan Atkins avouera aux membres du grand jury son indifférence face aux suppliques de Sharon Tate, qu’elle a même songé à éventrer afin d’extraire et de dévorer l’enfant qu’elle portait

A peine arrivé à Los Angeles, Roman Polanski, sous sédatifs, est soumis aux interrogatoires de la police: «Les meurtres n’avaient pas sitôt été découverts que les médias se branchèrent sur les pires ragots de Hollywood et commencèrent à produire toutes sortes d’allusions à des orgies, des parties de drogue, et des pratiques de magie noire. Hollywood n’est pas seulement la communauté la plus malveillante du monde, c’en est aussi l’une des plus inquiètes. Il fallait donc trouver au plus vite une explication permettant de faire indiscutablement porter aux victimes la responsabilité de ce qui leur était arrivé, ainsi, et seulement ainsi, les autres se sentiraient à l’abri. Sharon et ceux qui étaient morts avec elle étaient responsables de leur propre mort parce qu’ils avaient sombré dans des pratiques répréhensibles et avaient de mauvaises fréquentations – voilà ce qu’il convenait de prouver.» (Roman par Polanski).

Très vite, la machine herméneutique et paranoïaque des médias américains s’emballe. Dans les colonnes de Newsweek, se souvient Polanski, un article («Une fascinante énigme») relaie les rumeurs les plus folles du moment: «Certains soupçonnent le groupe de s’être amusé à des pratiques de magie noire ce soir-là et ils évoquent la figure d’un Jamaïcain versé dans le vaudou qui serait récemment entré dans l’organisation de trafic de drogue de Frykowski. Ce genre de rituel pourrait expliquer le capuchon qui recouvrait la tête de Sebring et la corde qui le liait à Tate. Il y a même un groupe d’amis pour penser que les meurtres ont résulté d’une parodie d’exécution rituelle qui aurait dégénéré sous l’effet impitoyable des hallucinogènes.» Au même moment, le magazine Time renchérit et accumule les détails fantaisistes et sordides: «C’était un milieu aussi macabre que tout ce que Polanski a pu décrire dans son exploration cinématographique des recoins les plus sombres et les plus mélancoliques de la nature humaine […]. Sebring était vêtu des seuls restes déchirés d’un boxer-short. Un des seins de Miss Tate avait été tranché… elle avait une marque en forme de X sur le ventre.»

«On aurait dit un ange»

Au nom d’un machiavélisme sans doute idiot, Manson a mélangé toutes les cartes de l’époque, empruntant au vocabulaire de la free press la signature de ses crimes. Les meurtres d’août 1969, à cause de leur sauvagerie et de leur gratuité apparente, à cause des signes épars et contradictoires qu’ils émirent, firent de Manson un poison révélateur, la métastase d’un mouvement contre-culturel à bout de souffle dont la Famille a précipité la fin. Certes, la violence a recouvert l’ensemble des années 1960 et le Flower Power d’un vernis rouge sang (les assassinats politiques, le concert tragique des Stones à Altamont, la guerre du Vietnam, la répression sanglante conduite par l’administration de Nixon), mais en deux nuits fatidiques, toute cette violence, cette opacité d’un monde devenu indéchiffrable, voire sulfureux, s’est cristallisée en une concoction grotesque et effrayante: la politique, le sexe, le satanisme, les Black Panthers, les remugles racistes de l’Amérique white trash, le rock, la protestation et la révolution anti-establishment – Jerry Rubin, fondateur du Youth International Party et activiste star des sixties avec Abbie Hoffman, ne fut-il pas l’un des principaux soutiens de Manson? Et le massacre des «pigs», la réalisation catastrophe et dépolitisée du manifeste révolutionnaire des Weathermen?

Car pour Manson, comme pour la free press de l’époque, les porcs (pigs) sont les Blancs de l’ordre établi. «Nous devons créer le chaos et organiser la désintégration de l’ordre du Cochon (pig order)» pouvait-on lire sur une invitation lancée par les Weathermen pour le Conseil de guerre national de Noël 1969, à Flint dans le Michigan. Pour Bernardine Dohrn, membre du Weather Underground et leader de l’American anti-Vietnam War Radical Organization, Charles Manson a «vraiment compris l’inanité de l’Amérique blanche». 

En deux nuits fatidiques, toute cette violence, cette opacité d’un monde devenu indéchiffrable, voire sulfureux, s’est cristallisée en une concoction grotesque et effrayante

Pourtant, «on aurait dit un ange», écrivit de Manson Susan Atkins dans Child of Satan, Child of God, titre des mémoires qu’elle publia en 1978, quatre ans après sa reconversion aux Born Again Christians en prison et raccourci impeccable de cette Amérique bi-face, Marilyn et Manson, tournée vers Dieu et tentée par le diable. La Famille, telle une hydre à plusieurs têtes, fut-elle victime d’un phénomène de possession collective ou du devenir follement prosaïque d’une bande de paumés tombés sous le joug doctrinaire d’un imprécateur dément?

«Avant les meurtres, a écrit Polanski, je n’avais jamais songé que les hippies pouvaient représenter un danger. Au contraire, je voyais en eux un phénomène qui nous avait tous influencés et avait modifié notre vision de la vie. J’avais vu aussi dans leur mouvement une preuve supplémentaire de la richesse de l’Amérique […]. La mort de Sharon est la seule ligne de partage qui ait réellement compté dans ma vie.» Un avant et un après donc, dans la vie de Polanski bien sûr, mais aussi et surtout dans l’histoire maudite des sixties.

Manson est mort : était-il Charlie ?

By Nicolas Gauthierwww.bvoltaire.com novembre 20, 2017

Charles Manson est mort en prison. Charles Manson ? Une histoire américaine. Comme si le cerveau de la tuerie ayant entraîné la mort de Sharon Tate (madame Roman Polanski, à l’époque), à la fin des années soixante, ne pouvait qu’être américain, ce pays dont on dit qu’il est directement passé de la barbarie à la décadence sans avoir jamais connu la civilisation. D’ailleurs, Manson est là-bas devenu une sorte d’icône de la pop culture, ayant même eu les honneurs d’une série télévisée, Aquarius, retraçant son itinéraire d’enfant raté.

Charles Manson, donc, ou la face noire du Summer of Love californien de 1967. Cheveux longs et croix gammée gravée sur le front le jour de son procès, comme une sorte de nazhippie. Flower Power ou Love and Hate ? Rappelez-vous, les mots tatoués sur les phalanges de Robert Mitchum, le pasteur puritain psychopathe de La Nuit du chasseur, le film traumatisant de Charles Laughton. C’est tout cela à la fois, les USA. Pudibonderie et débauche. On noie le Vietnam sous le napalm en chantant des cantiques. JFK, la main sur le cœur, Monsieur Propre, jeune et en bonne santé, doublé d’un mari modèle ; alors qu’il est fils de mafieux, malade, gavé de médicaments antidouleur et queutard invétéré.

On prête serment sur la Bible, mais l’église sataniste d’Anton Lavey a pignon sur rue ; Anton Lavey, tiens, le conseiller occulte de Roman Polanski sur son Rosemary’s Baby. Œuvre “maudite”, tournée à New York, au Dakota Hotel, là où un certain John Lennon qui se croyait plus populaire que le Christ, sera assassiné le 8 décembre 1980. Et puis Hollywood, bien sûr, ce miroir aux alouettes que les tenants de l’ordre moral surnomment Babylone. On dit qu’il s’en passe de belles, à Beverly Hills ou Laurel Canyon. Parties fines, débauches d’alcool et de drogues, pratiques occultes et jus de mandragore : à côté, Harvey Weinstein est un enfant de chœur. Il y a surtout les rumeurs entourant les morts violentes de ces figures dionysiaques. James Dean et Jayne Mansfield, retrouvés concassés dans leurs voitures. Pactes faustiens ayant mal tourné ? On le dit, on le répète, on finit par y croire. Même Marilyn Monroe, sa mort étrange, ses fréquentations troubles, son mal de vivre, sa désespérance, ça se murmure aussi. Hollywood ou le manoir hanté…

Celui qui a bien compris et synthétisé le truc est un certain Brian Hugh Warner, plus connu sous le nom de scène de… Marilyn Manson. Il est élevé à la dure, dans une famille de chrétiens fondamentalistes. Jack, le grand-père, la figure tutélaire, père la vertu, mais totalement travelo tendance zoophile, n’est pas pour rien dans la genèse du grand méchant rocker et de sa propension à effrayer les parents de ses jeunes fans.

D’ailleurs, Charles Manson est un musicien raté. Persuadé qu’il aurait pu avoir, lui aussi, son étoile sur le Walk of Fame : ayant réussi à s’incruster dans l’entourage de Dennis Wilson (des Beach Boys), il enregistre même quelques chansons, parvient à en caser une à l’ami Dennis, qui lui ferme bientôt sa porte, passablement effrayé par l’aura du gourou et de sa « famille ». Bref, Charles Manson veut être de ces beautiful people. Avoir sa part du rêve américain, comme il l’a vu au cinéma.

Il est aussi enfant de son époque. L’amour libre, les trips au LSD, la libération des sens. « Fais ce que tu veux », le mot d’ordre du mage Aleister Crowley, repris par Anton LaVey, par ailleurs proche d’Ayn Rand, la papesse du mouvement libertarien. La gauche américaine exulte ; la nôtre aussi, avec quelques années de retard, comme souvent. Aux USA, la gueule de bois est sévère et immédiate. Ici, ça prendra du temps, comme toujours. D’une certaine manière, les Américains ont eu Manson, nous avons eu le Bataclan. Le choc en retour des illusions hédonistes et multiculturalistes.

Charles Manson était-il Charlie ? À sa façon, oui.

http://www.bvoltaire.com/manson-mort-etait-charlie/?mc_cid=1327c203cd&mc_eid=b338f8bb5e

EN BANDE SON :

 

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