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Deus ex machina (Avec Note du LUPUS)

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Préambule du LUPUS

Deux articles, deux façons de vivre ou de subir/dominer la technologie  

Accaparé par les uns au détriment des autres le numérique tout comme la finance sont au cœur des rapports de domination dans une société qui se voudrait post moderne c’est-à-dire douée de la capacité d’un dépassement de la violence des rapports de classe. Quiconque a mis les pieds dans une entreprise open space sait pourtant qu’il n’en est rien et que les rapports inter salaries s’ils sont moins hiérarchisés en apparence que par le passé le sont tout autant dans la hiérarchisation des savoirs et de leur accès segmenté en fonction d’un organigramme précis et dupliqué au sein même de l’outil informatique.  Quant à l’Etat si c’est le premier à dénoncer les méfaits sur le cerveau du citoyen et de ses enfants d’une exposition trop importante aux écrans, c’est le dernier à prendre en considération que ce même cerveau ne saurait avoir la plasticité nécessaire pour se mettre au diapason du rythme de l’évolution technologique. Il faut voir là bien évidement la marque de la volonté de puissance  de la technostructure étatique envers le citoyen qui se voit ainsi dépossédé d’une partie et de son être , et de son avoir !

Au-delà de ces considérations contextuelles ou de préjugés il me semble important de souligner deux choses :

LE LUPUS

C’est aussi à cela qu’on reconnaît nos sociétés données pour « avancées » : on y disserte à perte de vue sur des droits de l’homme devenus religion nouvelle tandis que, parallèlement, la part réservée à l’humain n’en finit plus de se rétrécir, telle une peau de chagrin. En attendant d’être définitivement évacuée, telle une donnée inutile, dans l’équation de la modernité triomphante ? C’est à croire.

Ainsi, Jacques Toubon, Défenseur des droits, s’alarme-t-il, dans un rapport présenté ce jeudi, d’une dématérialisation « à marche forcée » de nos services publics, lesquels sont censés passer au tout-Internet à l’horizon 2022. Quid des « réfractaires », comme dirait Emmanuel Macron ? On ne sait pas trop bien, si ce n’est qu’ils représentent une partie non négligeable de la population.

Ainsi faut-il tenir compte de ces 541 communes classées en « zone blanche », c’est-à-dire privées de toute connexion, mais surtout des 19 % de Français ne possédant pas d’ordinateur, vieillards souvent, pauvres également, sans oublier ceux qui vivent dans la rue ou en prison – soit près d’une personne sur cinq, ce qui n’est pas rien. Quant à nos compatriotes connectés, la félicité informatique est encore loin, entre sites officiels qui n’en finissent plus de planter, documents administratifs à scanner et à envoyer, mais dont le poids en octets dépasse les capacités du site en question ; d’ailleurs, c’est bien, d’avoir un ordinateur, mais de plus, il faut un scanner, ce qui, évidemment, n’est pas donné à tout le monde. Et quant à demander une assistance en ligne, trouver un être humain au bout du fil relève généralement de la quête du Graal…

Quand l’ancien ministre évoque la « fracture numérique », il est donc plus proche de la réalité que de la seule figure de style. Parmi les mesures qu’il préconise, celle-ci retient l’attention, demandant que l’usager ne puisse être tenu pour « responsable » vis-à-vis de l’administration en cas de problème technique. Ce qui est bien le moins et devrait couler de source ; ce qui n’était manifestement pas le cas jusque-là.

Quand Jacques Toubon a été intronisé Défenseur des droits par François Hollande, le 17 juillet 2014, il assurait vouloir « déclarer la guerre à l’injustice, promouvoir les droits, faire connaître ceux qui existent, en imaginer de nouveaux ». Fort bien : Miss France n’aurait pas mieux dit. Mais, en attendant de mettre en œuvre ces vastes chantiers, il serait peut-être plus opportun que les droits existants ne soient pas piétinés par ceux qui sont censés les faire respecter ; nos gouvernants au premier chef, à cause desquels de plus en plus de Français se retrouvent désormais relégués dans ce que ces mêmes gouvernants surnomment, aujourd’hui, les « territoires », comme s’il s’agissait de réserves pour espèces en voie d’extinction.

Cette déshumanisation du monde dans lequel les rapports se désincarnent à grande vitesse, Georges Bernanos la sentait déjà venir, avec son essai prophétique, La France contre les robots, écrit lors de son exil brésilien en 1944, avant d’être réactualisé à sa parution en France, trois ans plus tard : « Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l’hitlérisme, que le monde moderne n’en poursuivrait pas moins son évolution vers ce dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes. » Et le même d’annoncer l’avènement de cette « machine à penser qu’ils attendent, qu’ils exigent, qui va venir ». L’intelligence artificielle, donc. Prédiction que vint encore affiner Günther Anders, le premier mari de la philosophe Hannah Arendt, en 1964 : « À partir de ce jour-là, nous n’aurons plus d’existence que celle de pièces mécaniques ou de matériaux nécessaires à la machine : en tant qu’êtres humains, nous serons alors liquidés. »

Voilà qui paraît bien en prendre le chemin.

http://www.bvoltaire.fr/deshumanisation-du-monde-jacques-toubon-denonce-la-fracture-numerique/

La véritable tâche de l’éducation est d’enseigner aux enfants à bien vivre dans un monde en mutation. Les parents qui veulent imposer des limites au temps que leurs enfants consacrent aux téléphones mobiles, aux ordinateurs et aux autres appareils numériques menacent de compromettre l’avenir des jeunes, estime Jordan Shapiro, professeur de philosophie à la Temple University de Philadelphie, auteur du livre  « The New Childhood: Raising Kids to Thrive in a Connected World ».  
Selon l’auteur, les restrictions que les parents veulent imposer à l’emploi du temps numérique de leurs enfants sont problématiques. Ceux et celles qui s’inquiètent de la vie numérique des jeunes ne devraient pas avoir peur, mais devraient plutôt se comporter de manière proactive, estime Shapiro.De nombreux parents connaissent finalement moins la technologie que leurs enfants. Ils laissent souvent leur peur de l’inconnu et la nostalgie de leur propre enfance faire obstacle aux intérêts de leurs enfants. Pour les parents, les jeux vidéo, les médiaux sociaux et autres outils numériques sont toujours perçus comme une perte de temps. Toutefois, les téléphones portables et les jeux vidéo sont non seulement les jouets des enfants d’aujourd’hui, mais ils sont également des outils qu’ils continueront à utiliser tout au long de leur vie.

Paradoxe

« Il me semble que nous sommes ici face à un paradoxe fondamental. Le jeu numérique est le meilleur moyen de préparer les enfants à ce qui les attend. Comment puis-je savoir cela ? Parce que le jeu a toujours été le meilleur moyen de préparer les enfants à l’avenir. La science est claire à ce sujet : les enfants acquièrent des compétences sociales et émotionnelles essentielles grâce au jeu », explique Shapiro.

Pour l’auteur, ces activités enseignent aux enfants l’auto-régulation, les compétences de la fonction exécutive et bien plus encore. Cependant, beaucoup de personnes pensent erronément que l’acte de jouer est une chose neutre et qu’il existe un jeu pur. « Ce n’est pas vrai. Il n’est pas possible de séparer le jeu du contexte ou de l’esprit d’une époque donnée. »

Jordan Shapiro rappelle que bon nombre d’éléments considérés comme des composantes sacrées de l’expérience de l’enfance tels que le bac à sable, le dîner de famille ou l’ours en peluche ont été développés à l’ère industrielle afin de préparer les enfants aux compétences nécessaires des réalités économiques et technologiques du 20ème siècle.

« Les enfants ne doivent pas seulement jouer. Il doivent également jouer avec des jouets et des jeux adaptés au contexte dans lequel ils vivent. Les enfants d’aujourd’hui vivent dans un monde connecté. Ils ont donc besoin de jeux connectés. Ils doivent participer à des activités qui les préparent à naviguer facilement dans un monde en réseau. C’est ce que font déjà les jeux vidéo. Si les parents, les enseignants et les tuteurs s’impliquent, s’ils commencent à jouer à des jeux vidéo avec leurs enfants, alors je suis certain que tout se passera bien », ajoute le philosophe.

Lorsque la technologie est bannie, les enfants sont coupés de leurs amiset ne sont en outre pas autorisés à découvrir comme cette même technologie peut être utilisée, ce qui est pourtant fondamental pour leurs carrières. Par ailleurs, une interdiction mènera à une utilisation secrète des appareils.

Créativité

Shapiro ne pense pas qu’il s’agit uniquement d’un problème lié aux jeux vidéo. « Si vous observez l’histoire, vous trouverez des exemples d’adultes qui se plaignent de la manière dont les enfants jouent. Jouer est frivole et l’oisiveté est considérée comme un péché. Il s’agit d’anciennes valeurs puritaines. »

Cette manière de penser obsolète est encore d’actualité de nos jours, explique l’auteur. On le voit surtout dans les écoles où les enfants n’ont que 20 ou 30 minutes de récréation par jour. « Même au niveau universitaire, les bourses qui ne génèrent pas un retour sur investissement direct sont souvent critiquées pour leur manque de pertinence. Bien entendu, il s’agit surtout des arts, des sciences humaines, de la musique, de la poésie, voire de la physique théorique, toute une série de sujets qui poussent à jouer avec les idées. »

Les recherches montrent que la plupart des compétences professionnelles peuvent être acquises très rapidement. Cependant, la pensée critique ludique dans une éducation artistique est ce qui conduit véritablement au succès. « C’est ce qui permet aux personnes de transférer des compétences et des connaissances d’une vocation à l’autre », explique encore l’auteur.

Selon Shapiro, les écrans d’ordinateur ne disparaîtront pas. Les adultes doivent apprendre aux enfants à travailler avec cette réalité de manière optimale. Les parents qui limitent le temps que leurs enfants passent devant un écran risquent de compromettre l’avenir des jeunes.

EN BANDE SON : 

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