Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

Traite des Blancs – Le nouveau credo des entreprises : ne recruter qu’en dernier recours (Avec Note du Lupus)

Publicités

NOTE DU LUPUS

Voici la preuve par l’absurde que le capitalisme entrepreneurial n’existe plus et que les petits patrons d’hier sont venus gonfler le prolétariat d’aujourd’hui. Pas plus que les marchés libres purs et durs ne sont une réalité, tout comme la souveraineté est devenue une illusion savamment entretenue,  l’on parle là donc d’un capitalisme de dinosaures ayant peu peu disparu à l’exception notoire de l’Allemagne portée par son ordo liberalisme mercantiliste. L’entrepreneur, le self mad man de légende, est d’abord passé par la case familiale pour se fondre progressivement  dans un marché désormais coopté par des Managers au service d’actionnaires métacosmopolites et d’horizons diverses et variés.

Avec la financiarisation de l’économie, l’entreprise d’hier s’est donc muée en star up d’aujourd’hui dont l’intérêt productif se mesure à une idée, à un cours de bourse et à sa capacité à rafler la mise de la dette au travers de fonds spéculatifs spécialisés dans le risque. Autrement dit ce ne sont ni l’offre, ni la demande qui sont au cœur du projet d’entreprise mais la communication autour du projet permettant d’attirer les investisseurs. La notoriété, le goodwill important mieux que la qualité intrinsèque ou l’utilité réelle du produit. L’objectif final de l’entrepreneur 2.0 étant la valorisation maximale en bourse et la revente rapide de son bébé à un groupe multinational. L’entreprise est un produit jetable à obsolescence rapide tout comme le salarié devenu avec le temps une variable d’ajustement coûteuse et donc propice à toutes les manipulations et programmation neuro lunguistiques.

La sous traitance règne en maîtresse et après la traite des noirs c’est au tour des blancs d’en faire les frais.

La sous-traitance, l’ubérisation , a le même rôle pour l’entreprise privée que l’association  pour la fonction publique :  un moyen habile de contourner et d’annihiler à travail équivalent les statuts plus avantageux des salaries les mieux protégés, un moyen aussi pour la multinationale de diluer de la même façon qu’avec le subprime immobilier naguère,  le risque,  la responsabilité  sur le maillon faible que représente le sous traitant. On notera aussi au passage que le statut d’autoentrepreneur est le moyen juridique dont s’est dotée la France pour « casser » les professions libérales et artisanales au profit de chaines si possible franchisées ou l’autoentrepreneur, souvent ancien artisan lui-même,  apparaît alors comme le free lance corvéable à merci par les dits consortiums franchisés.

Ainsi va la mondialisation…et son idéologie le mondialisme.

Jamais auparavant les entreprises américaines n’avaient fait autant d’efforts pour employer le moins de personnel possible. La vague d’externalisations des emplois vers la Chine que l’on a observée au cours des dernières décennies est devenue un phénomène national (mondial ?). Toutes sortes d’entreprises américaines de presque tous les secteurs privilégient désormais le recours à la sous-traitance. 

Les employés  qui remplissent les entrepôts de la chaîne de supermarchés Wal-Mart Stores sont des salariés fournis par l’entreprise de logistique Schneider National. Celle-ci fait elle-même appel à des agences de travail temporaire pour sa main d’oeuvre. L’année dernière, Pfizer a fait appel à des sous-traitants pour effectuer la majorité de ses essais cliniques de médicaments. Virgin se targue d’avoir le meilleur revenu par employé de toutes les compagnies aériennes américaines. Et pour cause : les tâches de livraison des bagages, d’entretien, les réservations, la restauration et d’autres, ont été confiées à des sous-traitants. Même Alphabet, la maison-mère de Google, qui s’enorgueillit d’avoir été classée par le magazine Fortune comme le meilleur endroit où travailler sur 7 des 10 dernières années, fait travailler autant d’employés à temps plein que de freelances et de sous-traitants.

Le recrutement n’est plus que le dernier recours

Steven Berkenfeld, un banquier d’affaires qui a passé sa carrière à évaluer les stratégies d’entreprise, affirme que les entreprises de toutes formes et de toutes tailles suivent de plus en plus ce raisonnement lorsqu’elles étudient une tâche à effectuer : « Puis-je l’automatiser ? Sinon, puis-je l’externaliser ? Autrement, puis-je la confier à un indépendant ou à un freelance ? » Le recrutement n’est plus que le dernier recours.

Selon des estimations, entre 3 % et 14 % de la population active américaine, soit jusqu’à 20 millions de personnes, travailleraient en tant que sous-traitants. Selon une étude universitaire qui a employé une définition très restrictive de la sous-traitance, 2 % des actifs américains étaient sous-traitants en 2015, contre 0,6 % en 2005.

Mais dans les grandes entreprises, la proportion de travailleurs provenant d’autres sociétés peut atteindre 20 %, voire 50 % dans certains cas. Dans les secteurs du pétrole, du gaz et des produits pharmaceutiques, ils sont parfois deux fois plus nombreux que les propres employés des firmes qui les font travailler.

Tous bénéfices pour les entreprises, et des inégalités accrues pour les salariés

Ce changement modifie radicalement la relation entre entreprises et travailleurs. Grâce à la sous-traitance, les entreprises se dotent d’une plus grande flexibilité, et elles peuvent réduire leurs effectifs, leur masse salariales, et les coûts associés aux avantages offerts au personnel. De l’autre côté, la sous-traitance implique une dégradation de la sécurité de l’emploi pour les travailleurs. De même, elle atténue les opportunités de promotion. Il est difficile de se faire récompenser pour la qualité de son travail, quand les responsables qui sont en charge de son contrôle n’ont pas le même employeur.

Les entreprises profitent des réductions de coûts liées à la limitation de leurs propres effectifs, et de la flexibilité que cette main d’oeuvre réduite leur confère lorsqu’il s’agit de s’adapter à de nouveaux projets, ou à une demande déclinante pour leurs produits.

Pour les travailleurs, les changements entraînent souvent une baisse de salaire et compliquent la réponse à la simple question « Où travaillez-vous ? Selon certains économistes, la sous-traitance favorise les inégalités de revenus entre les professionnels qui font le même travail.

La sous-traitance va s’imposer comme une norme

Et le pire resterait à venir, puisque selon des projections que la firme Accenture a réalisées l’année dernière, certaines grandes entreprises pourraient décider à terme de supprimer totalement leurs effectifs propres, à part les quelques employés les plus essentiels. Selon Accenture, 1 des plus grandes entreprises du monde sur 2000 n’aura plus « aucun employé à plein temps en dehors des membres du comité de direction d’ici 10 ans ». Accenture sait de quoi elle parle : elle est elle-même l’une des plus grosses firmes de sous-traitance du monde…

Et « comme de nombreux concurrentes, elle fait valoir aux chefs d’entreprise l’idée que le cœur de métier de leur entreprise est plus réduit qu’ils ne le pensent », écrit le Wall Street Journal.

Peu d’entreprises, de consultants en entreprise ou d’économistes s’attendent à ce que la tendance à la sous-traitance s’inverse, précise-t-il. Transférer des tâches non essentielles permet à une entreprise de consacrer plus de temps et d’énergie à ce qu’elle fait de mieux, c’est à dire peaufiner son produit final. Exit les tâches chronophages et coûteuses de planification, d’embauches et de licenciements.

EN BANDE SON :

Quitter la version mobile