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Fils de Labo

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©Nicolas Pinet

Le philosophe, codirecteur du Département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins, spécialiste des questions liées à la bioéthique et au transhumanisme, Dominique Folscheid vient de publier un essai percutant qui tombe à point nommé.

Made in labo, sous-titré De la procréation artificielle au transhumanisme, est arrivé dans les librairies pile au moment où le Premier ministre Édouard Philippe annonçait devant l’Assemblée Nationale sa volonté d’aller vers « l’extension de la PMA aux couples de même sexe ». C’était mi-juin, et au même moment le ministre de la santé Agnès Buzyn surenchérissait en affirmant que la PMA pour les lesbiennes serait « remboursée ». Elle indiquait aussi que la PMA ne « nuisait à personne » mais que la « GPA ne figure pas dans la loi de bioéthique car elle peut nuire au corps de la femme ».

Au pays du mensonge permanent

Il ne paraîtrait guère sérieux, après les mensonges progressistes de l’époque de LMPT au sujet de la PMA, d’accorder le bénéfice du doute à Buzyn et à Macron. Ce dernier est favorable à la PMA pour les femmes seules ou en couple, ce qu’il disait au magazine Causette en 2017. La PMA engendrera mécaniquement la GPA, ce dont Made in labo ne doute pas. Il sera pourtant répété que la PMA ne conduira pas à la GPA : l’habitus du progressisme, c’est Tintin au Pays des soviets. La venue de la GPA sera donc précédée d’un mensonge, gros d’une « dérive anthropologique » tendant à « révolutionner » le propre de l’humanité : une « fabrication » non charnelle, hors altérité donc, de bébés, et de même pour leur éducation dans un cadre identitaire sexué uniforme. L’obsession parallèle du progressisme pour la théorie du genre où les sexes ne seraient que des constructions culturelles s’éclaire. Ces prétendues avancées sociétales sont en réalité d’immenses reculs civilisationnels. La fin de l’humain que nous étions est le cœur du sujet, et de Made in labo. De quoi être effrayé, même si Folscheid semble penser en conclusion que nous serons capables de limiter les prétentions de l’artificialisation de la naissance et du transhumanisme. Il n’empêche : au fond, l’obsession progressiste quasi sectaire de l’engendrement sans la sexualité est un outil de guerre contre « la transmission par la filiation », l’une des sources de toute civilisation.

Les récentes générations d’enfants européens ont connu des insultes diverses à la mode dans les cours de récréation : « fils de collabo », « sale race », « blanco », « sale blanc », insultes maintenant en langues exogènes et constitutionnellement non républicaines en contexte scolaire. Demain sera peut-être le temps des « fils de labo ! » rasant les murs dans les écoles. Ils remercieront alors ce président Macron, si jeune et si moderne, si ouvert concernant les sexualités, un président dont les manuels scolaires vanteront une vision progressiste digne d’un Jack Lang ou d’un Pierre Bergé. Puis ils baisseront la tête avant la tonte des cheveux ou tenteront d’échapper aux crachats en se demandant comment leurs deux pères sont parvenus à les concevoir, malgré les explications alambiquées des manuels de SVT. Ils noteront la question sur un bout de papier pour ne pas oublier de la poser après l’école, si les parents 1, 2, 1 bis, 2 bis, 1 ter, 2 ter… sont revenus du moment festif LGBTQIIAA++ quotidien. Nous sommes entrés dans l’ère de la reproduction de l’identité progressiste en laboratoire. Un peu comme à Auschwitz ou dans la Kolyma autrefois ? 

Matthieu Baumier

MADE IN LABO Dominique Folscheid Éd. du Cerf 512 p. – 24 €

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