Marchés Financiers et Boursiers Actions

La grippe a dopé les labos pharmaceutiques…

 La grippe A ou H1N1 est une aubaine pour les labos pharmaceutiques, du moins s’ils sont présents dans les vaccins. Mais l’effet dopant ne devrait être que temporaire et ne règle bien sûr pas tous les problèmes du secteur.

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Première pandémie du siècle

En avril dernier, la grippe porcine faisait son apparition au Mexique, puis aux Etats-Unis. Devenue grippe A ou H1N1, elle s’est propagée au monde entier. Car contrairement à la grippe aviaire apparue en 1997, la grippe A s’est transmise entre les êtres humains (vu que, d’un point de vue biologique, nous sommes très proches du cochon….). L’Organisation mondiale de la santé s’en est donc inquiétée et a déclaré l’état de pandémie en juin. Par la même occasion, elle a appelé les grands labos à produire au plus vite un vaccin. Les divers gouvernements se sont alors empressés de commander, afin de vacciner leur population.

Secteur porteur mais concentré

Jusqu’ici, les vaccins ne représentent que 2 à 3% des ventes pharmaceutiques mondiales. Mais ces ventes connaissent des taux de croissance à deux chiffres, grâce à divers vecteurs : des maladies traditionnelles (grippe saisonnière, méningite, pneumocoque), mais aussi les menaces bio-terroristes, la peur des pandémies grippales, les maladies neuro-dégénératives (Alzheimer…), ou encore le cancer (Merck et GlaxoSmithKline proposent déjà un vaccin contre le cancer du col de l’utérus). De plus, les vaccins et leur rôle préventif intéressent les Etats, soucieux de lutter contre la hausse des dépenses de santé. Le segment d’activité est donc très attractif pour les grands labos, en quête de nouvelles sources de revenus. Mais il y a peu d’élus.

 Seuls cinq producteurs se partagent près de 90% du marché : GlaxoSmithKline, Novartis, Sanofi-Aventis, Merck et Pfizer (via Wyeth). Car les barrières à l’entrée sont dissuasives : les coûts fixes de recherche et de production sont très lourds, les processus de production sont très pointus (fabrication à partir d’organismes vivants), et les contraintes réglementaires et contrôles sanitaires sont très stricts. Des barrières qui mettent ainsi les acteurs concernés bien davantage à l’abri des génériques que pour les simples médicaments chimiques.

Le podium

GlaxoSmithKline

Le Britannique sera le labo qui profitera le plus de la grippe A. Au troisième trimestre, les ventes de son antiviral Relenza (concurrent du Tamiflu de Roche) ont été multipliées par 15. Pour son vaccin avec adjuvant Pandemrix, il a enregistré à travers le monde des commandes pour 440 millions de doses. Pour son vaccin sans adjuvant, ses commandes aux Etats-Unis ont atteint 7,6 millions de doses. Pour les deux vaccins conjugués, il table pour le quatrième trimestre sur un chiffre d’affaires de 1,7 milliard de dollars. Cerise sur le gâteau, il fabrique aussi des masques de protection (marque Actiprotect).

Novartis

Le Suisse occupe la seconde place. Il attend au quatrième trimestre pour ses vaccins Fluvirin H1N1 (sans adjuvant, pour les Etats-Unis) et Focetria (avec adjuvant, pour l’Europe) un chiffre d’affaires compris entre 400 et 700 millions de dollars. Un troisième vaccin, le Celtura (avec adjuvant), qui utilise la culture cellulaire, et non la traditionnelle culture des oeufs, est en cours d’homologation.

Sanofi-Aventis

Médaille de bronze pour le Français qui escompte au quatrième trimestre pour ses vaccins Panenza (sans adjuvant) et Humenza (avec adjuvant) des ventes de 500 millions de dollars.

Le peloton

AstraZeneca

L’Anglais profite aussi de la pandémie, via MedImmune, société américaine rachetée en 2007, dont le vaccin, administré par spray nasal, a permis au troisième trimestre des ventes pour 152 millions de dollars. Au total, le groupe a un contrat de 453 millions de dollars avec le gouvernement américain.

Roche

Le suisse ne produit pas de vaccins mais profite de grosses commandes de son antiviral Tamiflu, dont les ventes au 3e trimestre ont été multi-pliées par 10.

Merck  et Pfizer

Peu ou pas présents dans le domaine de la grippe saisonnière, les deux Américains n’étaient pas les mieux placés. En outre, ils concentrent actuellement leurs efforts sur l’intégration de récentes acquisitions (Wyeth pour Pfizer, Schering-Plough pour Merck).

Abbott

L’Américain prend pied sur le marché des vaccins, grâce au rachat de la division pharma de Solvay mais pour l’instant uniquement pour la grippe saisonnière. Des études sont en cours pour la grippe A.

Phénomène temporaire

Certes, la tendance favorable dont bénéficient les laboratoires au 4e trimestre grâce à la grippe A pourrait se poursuivre début 2010. Mais cette importante manne financière devrait néanmoins n’être que temporaire. Même s’il est probable que de nouvelles maladies virales apparaîtront et nécessiteront des vaccins, l’actuelle pandémie est exceptionnelle. Il serait inapproprié de considérer que les actuelles rentrées d’argent seront récurrentes et d’en déduire une revalorisation durable des actions concernées. D’autant que les labos ont d’autres efforts à consentir, pour compenser les prochaines pertes de brevets de nombreux médicaments à succès.

EN COMPLEMENT : Retour en grâce des valeurs pharma –

La crise boursière a montré que le secteur de la santé était capable de résistance. Les investisseurs l’ont compris et lui retrouvent toutes les qualités requises pour qu’il soit à nouveau admis comme un complément utile dans leur portefeuille. A bon droit car le potentiel du secteur est réel.

 La crise a du bon ?

A posteriori, la crise boursière aura peut-être une bonne chose pour les actions du secteur de la santé (on dit aussi « secteur pharma »). Pourquoi ? Parce qu’elle a mis en avant les points positifs de ce secteur. Un secteur qui pourtant a connu sept (sic) années de vaches maigres lorsqu’on compare ses performances à celles de l’indice boursier général. Mais l’an dernier, le secteur de la santé n’a perdu « que » 9% alors que l’indice boursier mondial a perdu, lui, quelque 40%. Cette année par contre le secteur n’a pas réussi à regagner plus de 5% environ alors que les Bourses mondiales ont récupéré, elles, quelque 25%. Un problème ? Non, une opportunité. Lorsqu’on compare les cours boursiers de ces valeurs à leur potentiel bénéficiaire, on constate que plusieurs d’entre elles sont bon marché. C’est la raison pour laquelle investir dans une sicav spécialisée  paraît être une bonne opération – à l’intérieur d’un portefeuille diversifié bien entendu. Et à la condition que ce soit pour le long terme (sept ans ou plus).

INDICE PHARMA MONDIAL (en gras) ET INDICE BOURSIER MONDIAL (base 100)

Les  actions du secteur de la santé offrent une résistance à la crise boursière supérieure à la moyenne. Mais, revers de la médaille, elles n’ont pas participé au rally qui a précédé.

Côté négatif

Ces dernières années, l’industrie pharmaceutique a beaucoup souffert de la désaffection des investisseurs, lesquels ne voyaient que ses côtés négatifs. Notamment le fait que les brevets sur les fameux blockbusters, ces spécialités pharmaceutiques qui rapportaient des milliards, allaient tomber dans le domaine public. Les médicaments génériques, tout aussi efficaces mais nettement meilleur marché, ont de fait entraîné une forte baisse des ventes des spécialités originales, ce qui a exercé une forte pression sur les bénéfices des entreprises du secteur. Ajoutez-y une réglementation toujours plus stricte, quelques tests cliniques aux échecs spectaculaires, la difficulté croissante de mettre au point de nouvelles molécules et vous obtenez le faisceau des raisons pour lesquelles les investisseurs faisaient la fine bouche.

… et atouts

Bien que la crise boursière de l’an dernier n’ait épargné aucun secteur, celui de la santé a tout de même fait montre de ses qualités défensives. Beaucoup d’entreprises pharmaceutiques présentent des bilans sains, génèrent toujours beaucoup de cash, offrent des perspectives bénéficiaires relativement stables et aisées à prévoir parce que peu sensibles à la conjoncture.
Il faut aussi compter avec certains facteurs positifs (pour le secteur) comme le vieillissement de la population, l’explosion de maladies comme le diabète ou le sida, le développement de nouveaux marchés dans les pays émergents. Tous facteurs qui vont dans le bon sens pour le chiffre d’affaires du secteur.
Enfin, le secteur de la santé a lui aussi serré la vis des coûts (Novartis), éliminé ou revendu certaines activités (AstraZeneca), procédé à des rachats de produits ou de filiales, entamé des collaborations entre sociétés classiques du secteur ou avec des acteurs de la biotechnologie, souvent dans le but d’obtenir la masse critique nécessaire pour pouvoir continuer à investir dans la recherche, de plus en plus coûteuse.
Le processus est d’ailleurs toujours en cours comme en témoigne la vente récente de la division pharma de Solvay au groupe américain Abbott Labs. Ce n’est jamais que la troisième grosse reprise de l’année puisqu’avant cela Pfizer, le n° 1 mondial, a repris Wyeth et Merck a fait main basse sur Schering-Plough.

 Sicav ou tracker ?

Les sicav pharma qui investissent à l’échelon mondial sont intéressantes : elles misent surtout sur les géants comme les américains Johnson & Johnson, Pfizer et Amgen (jusqu’à 60% de leur portefeuille), suivis par les suisses Roche et Novartis (10%). Dans cette catégorie, Fidelity Global HealthCare A ( LU0114720955) présente l’avantage d’offrir des performances régulières. Vous pouvez acheter en diversification.
Au rayon des trackers, Euronext en propose cinq qui, tous, misent sur les entreprises européennes uniquement. Seule iShares DJ STOXX 600 Health Care Swap propose des performances intéressantes, et ce tracker n’investit qu’en produits dérivés, pas en actions, ce qui rend tout jugement problématique, notamment quant à la fiabilité des émetteurs de ces produits. Préférez donc la sicav de Fidelity.

source tpv oct-dec09

4 réponses »

  1. Il n’y a pas que les labos pharmaceutiques qui profitent de la crise, il y a même bien mieux !
    Sperian Protection, n’1 de la protection individuelle a très bien marché depuis les 1eres annonces sur la grippe A.
    A l’époque de la grippe aviaire il y avait aussi Delta plus group qui réagissait bien mais elle n’est plus très liquide maintenant et ne réagit plus beaucoup.
    A l’étranger il doit probablement y avoir d’autres titres du même genre mais ce n’est pas forcement vers les labos qu’il est le plus intéressant de se tourner.

  2. SVP, pourrions-nous faire des échanges entre nous, C’est à dire utiliser votre blogue afin de diffuser des informations Pertinentes nous concernant.

    Merci à vous

    • Si c’est de l’info pertinente dans le domaine des biotechs succeptible d’intéresser le plus grand nombre…pourquoi pas…si c’est de la promotion publicitaire qui ne dit pas son nom je n’en vois pas ll’intéret en ce lieux !!! 🙂

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