« Le buzz, ce n’est pas moi qui le crée, ce sont les journalistes. Lorsque j’écris deux lignes sur le visage de Greta Thunberg sur un texte de 15 000 signes, on ne retient que ça. Que voulez-vous que j’y fasse ? » 

Voilà. Michel Onfray est dans l’île avec toute une réputation qui l’accompagne : un homme qui sait jouer avec les médias, qui critique le système tout en sachant parfaitement y trouver sa place.

« Nous sommes dans une décadence généralisée », assène Michel Onfray en conférence de presse à sa descente de l’avion. « Nous sommes dans une déperdition de valeurs et je ne vois pas de valeurs alternatives. Et ce déclin date du 15ème siècle, dès le début de la Renaissance. A partir du moment où on a eu besoin de la raison, la foi a commencé à se déliter et il n’y a plus de support spirituel aux valeurs ».

Et la politique, dans ce contexte, est elle aussi en pleine décadence, 

« quand on a un chef de l’Etat qui dit tout et le contraire de tout » mais surtout quand on vit « sous l’empire maastrichtien qui organise un capitalisme libéral, conçu par des hypertechniciens qui ne sont pas élus mais nommés. Un chef de l’Etat n’a pas les coudées franches et il n’y a jamais eu autant de pauvres pendant que les riches n’ont jamais été aussi riches et aussi peu nombreux. C’est la paupérisation que décrivait Marx ».

« Il n’y a pas d’espoir collectif »

Alors, qui détient les solutions dans cette société sombre ? 

« Il n’y a pas d’espoir collectif, lâche celui dont le chien s’appelle Diogène, du nom du philosophe cynique de la Grèce antique. Il n’y a que des espoirs individuels. Vous pouvez sauver votre vie, avoir une vie droite, élégante, sauver autour de vous les gens que vous croiserez. Je ne vois pas comment on peut se sauver alors qu’on a fabriqué des générations d’illettrés à l’école. L’école républicaine m’a sauvé, moi le fils d’ouvrier agricole, aujourd’hui ce n’est plus le cas ».

Le collectif désenchante donc Michel Onfray, qui se définit tout de même comme 

« un homme de gauche qui mène une vie de gauche. Ça veut dire partager, donner, ne pas thésauriser, ne pas tenir l’argent pour l’horizon indépassable. Je suis pour que les gens soient cohérents : si tous les gens de gauche avaient une vie de gauche, ce serait formidable, si tous les chrétiens avaient une vie de chrétiens, ce serait formidable, si tous les écologistes avaient une vie écologiste, ce serait formidable. J’ai travaillé pendant des années bénévolement et gratuitement, je continue de le faire, je fais ma part. Je crois à l’Education populaire, j’ai donné l’exemple, qu’avez-vous fait, vous ? » lance-t-il à ceux qui le critiquent.

Donc puisque « la cellule de base d’aujourd’hui c’est l’individu », Michel Onfray diffuse sa pensée par les moyens disponibles : 

« Je fais de la guérilla, j’écris des livres, je vais où on m’invite et parfois où on ne m’invite pas. J’ai créé une webtélé où je suis indépendant. Et puis je viens vous voir. Si je pense que ce que je dis peut être entendu à La Réunion, je viens ».

L’outre-mer, justement, qu’en pense-t-il ? 

« Je suis un anti-jacobinisme, contre la centralisation et pour des pouvoirs donnés aux provinces. Alors on peut revendiquer un pouvoir réunionnais. Mais le risque, c’est de revenir à un pouvoir jacobin avec un Roi de La Réunion ».

David Chassagne

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