Au V.I.T.R.I.O.L.

đŸŽ„ EsthĂ©tique publicitaire : Jean Eustache et la fin du cinĂ©ma d’auteur

đŸŽžïž Du rĂ©el brut Ă  l’image calibrĂ©e

Jean Eustache, cinĂ©aste radical et pudique, auteur de La Maman et la Putain, est souvent perçu comme l’ultime reprĂ©sentant d’un cinĂ©ma d’auteur authentique, viscĂ©ral, presque suicidaire.

Son Ɠuvre n’était pas une fiction : c’était une confession filmĂ©e, un miroir sale tendu Ă  la sociĂ©tĂ© post-soixante-huitarde. Il filmait non pas pour sĂ©duire, mais pour dĂ©chirer l’image, montrer la parole nue, le dĂ©sir informe, la rupture ontologique entre l’homme et le monde.

Aujourd’hui, ce cinĂ©ma-lĂ  a disparu. Et ce qui l’a remplacĂ©, c’est l’esthĂ©tique publicitaire.

đŸ“ș La pub a gagnĂ© : le film comme produit fini

Regardez une bande-annonce contemporaine :

  • LumiĂšres froides mais lisses,
  • Musiques Ă©motionnelles sans aspĂ©ritĂ©,
  • Narration en 3 actes avec twist final,
  • Acteurs propres, voix off en ASMR,
  • Image Instagrammable.

Le cinéma a été absorbé par la logique publicitaire : il ne raconte plus, il séduit. Il ne dérange plus, il attire.

L’objectif n’est plus la vĂ©ritĂ© du rĂ©el, mais la valeur de partage, le potentiel de viralitĂ©.


🧠 Du cinĂ©ma comme langage au cinĂ©ma comme packaging

Le cinĂ©ma d’auteur visait la forme singuliĂšre : celle qui dĂ©range, qui blesse, qui Ă©chappe.
Aujourd’hui, les films sont pensĂ©s comme des formats universels, adaptables Ă  tous les marchĂ©s (Chine, USA, festivals).
L’auteur devient showrunner, chief content officer, curateur d’émotions.

Il ne signe plus un film, il valide une stratégie narrative.


☠ Eustache est mort, et avec lui la possibilitĂ© du dĂ©sordre

Jean Eustache n’était pas seulement un cinĂ©aste :
il Ă©tait un dĂ©railleur du rĂ©el. Il refusait le confort du montage propre, le plan promo, l’émotion prĂ©-mĂąchĂ©e.
Il a filmĂ© la parole brute, l’amour malade, l’intellectuel vaincu, Ă  contre-courant de la sociĂ©tĂ© du spectacle.

Aujourd’hui, cette parole est inaudible. Elle ne vend pas. Elle ne se stream pas. Elle n’est pas marketable.


🎬 Conclusion : Une Ă©poque qui ne supporte plus l’imperfection

Le cinĂ©ma d’auteur est mort non pas par censure, mais par standardisation affective et visuelle.
Le spectateur ne veut plus penser : il veut consommer une émotion, joliment emballée.
La pub a triomphé. Le plan a été remplacé par le plan de communication.

Et Jean Eustache, aujourd’hui, ne tournerait plus de film.

AspectCinĂ©ma d’auteur (ex : Eustache)EsthĂ©tique publicitaire
Rapport Ă  l’imageGrain, flou, rĂ©el non retouchĂ©Image lisse, color grading uniforme
TemporalitéLongueurs, silences, erranceRythme rapide, absence de temps mort
ObjectifTroubler, interroger, dérangerPlaire, vendre, formater
StructureFragmentaire, anti-narratif3 actes, climax, émotion facile
Public viséSpectateur actif, élitisteConsommateur global, algorithme


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