Parmi les penseurs européens de la fin du XXᵉ siècle, Guillaume Faye (1949-2019) reste l’un des plus iconoclastes et controversés. Ancien militant de la Nouvelle Droite, passé par le GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), il s’est peu à peu détaché de ses camarades pour proposer une vision radicale et inclassable : l’archéofuturisme.

Une rupture avec le conservatisme classique

Faye critiquait violemment les droites « nostalgiques » et passéistes. Pour lui, le retour pur et simple au passé était une illusion stérile. À l’inverse, il affirmait la nécessité de combiner :

• Les racines archaïques (identité, héritage, valeurs ancestrales)
• La modernité technologique (science, conquêtes spatiales, transhumanisme)

Ainsi naît l’archéofuturisme : une synthèse entre les structures sociétales « ancestrales » et la rupture scientifique et technologique la plus extrême.

Une vision radicale du futur

Faye annonce un effondrement inévitable des sociétés occidentales (« le choc du XXIᵉ siècle »), causé par :

• Le déracinement culturel.
• L’immigration massive.
• La crise écologique et énergétique.
• La fragilité du modèle techno-financier globalisé.

Mais contrairement aux collapsologues qui s’enferment dans la déploration, Faye voit dans ce chaos une opportunité : refonder une civilisation nouvelle, à la fois plus dure, plus hiérarchisée, et technologiquement avancée.

L’archéofuturisme : le retour des castes technologiques

Dans son ouvrage L’Archéofuturisme (1998), Faye imagine une société post-chaos, organisée selon des logiques tribales, guerrières et élitaires, tout en exploitant les avancées les plus radicales :

• Génétique, biotechnologies, IA.
• Colonisation spatiale.
• Hiérarchies sociales fondées sur le mérite et l’identité.

Il oppose ce modèle à la société « soft » actuelle, qu’il juge molle, nivelée, et condamnée à la disparition.

Une pensée prophétique (et dangereuse ?)

Certains voient en Faye un visionnaire, lucide sur la fragilité de la modernité libérale et consumériste. D’autres dénoncent un penseur potentiellement dangereux, dont la vision peut justifier autoritarisme et exclusion.

Ce qui est certain : Faye a anticipé la montée des tensions identitaires, la crise du progrès linéaire, et l’attrait croissant pour des récits « alternatifs » face à la société techno-marchande.

Héritage et actualité

Aujourd’hui, l’archéofuturisme inspire certains cercles identitaires européens, des communautés survivalistes, ou même des techno-élites fascinées par le transhumanisme.
Il a aussi trouvé des échos inattendus chez des entrepreneurs libertariens ou techno-souverainistes (seasteading, colonisation martienne, IA radicale).

En un sens, Guillaume Faye est devenu le théoricien involontaire d’une droite du futur, obsédée par le chaos comme matrice de renaissance.

Conclusion

Guillaume Faye ne proposait pas seulement un retour aux racines : il offrait un scénario post-apocalyptique mêlant tribalisme, guerre, et haute technologie.

Qu’on le voie comme un prophète ou un alchimiste dangereux, il reste l’un des rares penseurs à avoir osé penser ensemble l’archaïsme et le futur, la survie et la conquête, la terre et les étoiles.

🔮 Le pôle futuriste est apollinien…

🌞 1. Apollinien : l’ordre, la mesure, l’architecture du monde

Le pôle futuriste est apollinien :

Il veut façonner le monde par la raison, l’ingénierie, la souveraineté technologique.

Il dessine un projet rationnel, presque mathématique, où l’homme impose sa forme à la matière.

⚙️ L’Apollinien, c’est SpaceX, c’est la smart city, c’est l’IA maîtrisée comme un outil du pouvoir humain.

🍷 2. Dionysiaque : l’énergie, le vertige, le romantisme technologique

Mais ce même pôle futuriste est aussi dionysiaque :

• Il mobilise une énergie brute, une ivresse collective.
• Il promet l’infini, l’au-delà, la transgression.

🔥 Le Dionysiaque, c’est Musk rêvant de Mars, les transhumanistes parlant d’immortalité, les data centers comme cathédrales d’électricité.

🌍 3. L’archaïsme : racines et verticalité

l’archaïsme aussi est double.

• Dionysiaque, parce qu’il plonge ses racines dans la terre, le sang, les mythes immémoriaux.
• Apollinien, parce qu’il préserve un ordre, une sagesse, une stabilité ancestrale.

⛰️ L’archaïsme, c’est la pierre contre le code, le rite contre l’algorithme — mais avec la même recherche d’un ordre supérieur.

🌀 4. Une tension créatrice

Cette dualité Apollinien / Dionysiaque (concept nietzschéen) structure à la fois :

• le futurisme (l’ordre rationnel et l’ivresse techno),
• et l’archaïsme (la fidélité tellurique et la sagesse ancienne).

👉 L’histoire à venir sera l’affrontement – ou la fusion – de ces deux pôles.

🏁 Conclusion : L’avenir sera hybride

un paradoxe :
➡️ Le futur n’est pas “pur futur”.
➡️ Il est une recombinaison de l’ancien et du nouveau, de l’Apollinien et du Dionysiaque.

🎭 C’est ce mélange qui fera naître l’archéofuturisme, ou qui précipitera le chaos.

📝 Note : Apollinien / Dionysiaque et archéofuturisme

Le couple conceptuel Apollinien / Dionysiaque vient de Friedrich Nietzsche (La Naissance de la tragédie, 1872).

• Apollinien = la forme, l’ordre, la clarté, la mesure, la rationalité (Apollon, dieu du Soleil et des arts).
• Dionysiaque = le chaos, l’énergie brute, l’ivresse, l’instinct (Dionysos, dieu du vin et des excès).

🎭 Nietzsche montre que la culture grecque antique s’est construite sur la tension créatrice entre ces deux pôles.

📖 Guillaume Faye et l’archéofuturisme

L’essayiste Guillaume Faye a repris cette grille pour son concept d’archéofuturisme :
👉 fusion de la technologie la plus avancée (futurisme) et de valeurs archaïques (racines, hiérarchie, ordre).

• Futurisme apollinien : bâtir un monde rationnel, souverain, structuré.
• Futurisme dionysiaque : l’énergie, le romantisme technologique, le vertige d’un avenir démesuré.
• Archaïsme dionysiaque : la fidélité aux forces telluriques, aux mythes, à la Terre.
• Archaïsme apollinien : la sagesse, la mesure et la permanence de l’ordre humain.

🎯 Pourquoi c’est important ?

Cette lecture sert aujourd’hui à analyser le XXIᵉ siècle :

• Nos sociétés avancent vers un futur ultra-technique (IA, conquête spatiale, transhumanisme)…
• … mais cherchent aussi des repères immémoriaux (racines, rites, identités).

➡️ Le défi de l’archéofuturisme est de tenir les deux pôles sans sombrer :

• trop d’Apollon = rigidité froide ;
• trop de Dionysos = chaos incontrôlable.

🗣️ Citations marquantes de Guillaume Faye

« Le futur sera archaïque ou ne sera pas. »
👉 Résume l’idée centrale de l’archéofuturisme : le futur ne sera pas un prolongement linéaire, mais une renaissance brutale des structures anciennes.

« La modernité est un leurre mortel qui se paiera par l’effondrement. »
👉 Critique frontale de l’illusion progressiste et consumériste.

« Le choc, la crise, le chaos : voilà les moteurs véritables de l’histoire. »
👉 Vision cyclique et tragique de l’histoire, inspirée du catastrophisme.

« L’archéofuturisme est un pari sur la réconciliation entre technologie extrême et identité enracinée. »
👉 Sa synthèse finale : la technique n’est pas opposée à l’archaïsme, mais doit en devenir l’alliée.