
Autrefois, le bistrot de quartier faisait office de mairie officieuse, dâagence pour lâemploi improvisĂ©e, de confessionnal laĂŻque et de salle de théùtre permanent. CâĂ©tait le royaume du âptit noirâ, brĂ»lant, Ăąpre, servi par un patron Ă la moustache en bataille et accompagnĂ© dâun âalors, ça roule mon gars ?â. Le cafĂ© nâĂ©tait pas une boisson : câĂ©tait un rite social.
Aujourdâhui, ce rite sâest dissous dans une mousse de lait tiĂšde au goĂ»t standardisĂ©. La French Touch du zinc est remplacĂ©e par la global touch des coffee shops : mĂȘmes fauteuils pseudo-vintage, mĂȘmes playlists âchillâ en arriĂšre-fond, mĂȘmes serveurs digital natives qui Ă©crivent ton prĂ©nom de travers sur un gobelet en carton recyclable. RĂ©sultat : la convivialitĂ© est morte, le cafĂ© est devenu une data transaction. On y vient moins pour discuter que pour afficher son MacBook et consommer du WiFi sous la bĂ©nĂ©diction de lâĂ©conomie de plateforme.
Le âworking class heroâ dâhier, qui sâoffrait un petit noir avant de retourner Ă lâusine ou au chantier, a Ă©tĂ© remplacĂ© par le digital nomad qui commande un pumpkin spice latte Ă 6,90 âŹ. La dolce vita façon bistrot dâantan â le parfum du cafĂ© serrĂ©, la partie de belote, le zinc patinĂ© par les gĂ©nĂ©rations â est renvoyĂ©e au musĂ©e du folklore, tandis que la ville, gentrifiĂ©e et ubĂ©risĂ©e, ne respire plus que lâodeur aseptisĂ©e du cappuccino.
Le cafĂ© est devenu le symbole dâun capitalisme de la convivialitĂ© dĂ©voyĂ©e : on a remplacĂ© le temps long de la conversation par le temps court de lâinstant Instagrammable. On a troquĂ© le goĂ»t rugueux du robusta contre le confort fade du lattĂ© mondialiste. On a perdu le bistrot, mais on a gagné⊠une chaĂźne de plus, un logo de plus, une illusion de chaleur humaine.
En somme, le petit noir avait de lâamertume et du sens. Le cappuccino globalisĂ© nâa plus que de la mousse.

Voici une sélection de citations « équitables » et amÚres comme un petit noir, pour illustrer sur le Coffee Shop du pauvre et la perte de sens de la french touch :
â Citations « aux couleurs Ă©quitables »
- « Le cafĂ© du monde globalisĂ© a le goĂ»t uniforme de la mousse, mais il a perdu lâodeur du zinc. »
- « Dans le bistrot, on refaisait le monde ; dans le coffee shop, on scrolle un feed. »
- « Un expresso au comptoir, câĂ©tait un rituel ; un latte venti, câest une facture. »
- « Starbucks nâa pas seulement avalĂ© le cappuccino, il a avalĂ© la convivialitĂ©. »
- « Le cafĂ© dâhier Ă©tait un prĂ©texte Ă la rencontre ; celui dâaujourdâhui est un abonnement Ă lâennui connectĂ©. »
- « Le goĂ»t du cafĂ© sâest standardisĂ© comme un logiciel ; il nâest plus terroir, il est algorithme. »
- « Gentrifier un cafĂ©, câest mettre un code-barres sur lâodeur du matin. »
- « Le petit noir Ă©tait populaire, il devient Ă©litiste dĂšs quâon y ajoute du Wi-Fi gratuit. »
- « Uberise ton café, et tu enterres le zinc. »
- « Dolce Vita ? Non : Dolce Data. Le sucre est dans lâĂ©cran, pas dans la tasse. »

âđ¶ Voici une playlist âCafĂ© Amerâ, mĂ©lange de nostalgie bistrot, de rĂ©volte sociale et de douce ironie urbaine :
đ” La French Touch du zinc (bistrot dâantan)
- Jacques Brel â Au Suivant (le cafĂ© existentiel, brut, rugueux)
- Serge Gainsbourg â Des Laids Des Laids (la poĂ©sie crade des troquets)
- Renaud â Hexagone (cafĂ© du peuple, colĂšre au comptoir)
- LĂ©o FerrĂ© â La MĂ©moire et la Mer (un cafĂ© noir en guise de mĂ©taphysique)
- Edith Piaf â Milord (la chaleur humaine autour dâune table)
đ” CafĂ© amer â gentrification et Starbucks Nation
- Noir DĂ©sir â Le Vent Nous Portera (le nomadisme mondialisĂ©)
- Alain Bashung â La Nuit Je Mens (le goĂ»t amer du mensonge urbain)
- The Smiths â Heaven Knows Iâm Miserable Now (lâennui des coffee shops standardisĂ©s)
- Radiohead â No Surprises (le monde aseptisĂ©, latte en main)
- Blur â Coffee & TV (lâabsurde quotidien globalisĂ©)
đ” Uber-City â Le monde des applis et du WiFi
- LCD Soundsystem â New York, I Love You But Youâre Bringing Me Down
- The Clash â Lost in the Supermarket (prĂ©curseur de lâhyperconsommation mondialisĂ©e)
- Talking Heads â Once in a Lifetime (errance des digital nomads)
- Arctic Monkeys â Fake Tales of San Francisco (hipsterisation Ă la sauce cafĂ©)
- Daft Punk â Digital Love (French touch version WiFi)
đ” Final shot dâespresso â Working Class Hero numĂ©rique
- John Lennon â Working Class Hero (lâamertume sociale)
- Patti Smith â Free Money (illusions de prospĂ©ritĂ©)
- Leonard Cohen â The Future (le goĂ»t de fin du monde dans une tasse)
- Joy Division â Atmosphere (ambiance glacĂ©e des cafĂ©s sans Ăąmes)
- Tom Waits â Coffee Blues (le vrai cafĂ©, celui qui gratte)

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Catégories :Conservateur Punk, Consommation, Douce France













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